Environnement

Résultats Clés de la COP16 des Nations Unies sur la Biodiversité

La 16ème Conférence des Parties (COP16) sur la biodiversité s’est tenue entre le 21 octobre et le 1er novembre 2024 à Cali, en Colombie. Cet événement a marqué la seizième réunion de la Conférence des Parties (COP) à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) et elle fait suite au Cadre Mondial de Biodiversité (CMB) « l’Accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre 2022, qui a établi le cadre pour l’action internationale face à la crise de la biodiversité*. La conférence vise à évaluer les progrès réalisés par les pays dans la mise en œuvre des engagements définis dans le cadre de cet accord, qui inclut la protection d’au moins 30% des terres et des océans de la planète d’ici 2030. Elle vise également à établir un cadre de suivi des efforts en matière de biodiversité des pays similaire aux mécanismes utilisés dans les accords climatiques comme l’Accord de Paris [1].

Un développement notable lors de la COP16 est l’établissement d’un organe permanent pour garantir que les peuples autochtones et les communautés locales aient une voix formelle dans les négociations sur la biodiversité. Ce développement est crucial, car ces groupes sont souvent les plus efficaces en tant que gardiens de la biodiversité [2]. L’engagement inclut l’orientation d’au moins 50% des fonds levés par le biais du Fonds de Cali vers des activités bénéficiant à ces communautés [3].

Bien que 119 pays aient soumis des objectifs nationaux alignés avec le CMB, seuls 44 ont mis à jour leurs Stratégies et Plans d’Action Nationaux pour la Biodiversité (SPANB) à la fin de la conférence. Cela souligne un écart significatif dans les plans d’action nécessaires pour inverser la perte de biodiversité d’ici 2030 [4].
Le CMB vise à protéger 30% des terres et des zones marines du monde d’ici cette échéance ; cependant, les protections actuelles se situent juste au-dessus de 17% pour les terres et de 8% pour les zones marines [3].

Malgré des promesses totalisant 163 millions de dollars pour soutenir le Fonds CMB, cela reste largement insuffisant par rapport aux 200 milliards de dollars estimés nécessaires chaque année pour s’attaquer efficacement à la crise de la biodiversité. L’absence d’engagements financiers contraignants demeure un problème critique. De nombreux pays en développement ont exprimé des préoccupations concernant un
financement insuffisant pour mettre en œuvre efficacement leurs plans de biodiversité [4].

Une forte emphase a été mise sur l’interconnexion entre le changement climatique et la perte de biodiversité lors de la COP16. Les délégués ont reconnu que des solutions efficaces doivent aborder simultanément les deux crises. Le sommet a facilité des discussions sur l’alignement des efforts
internationaux dans ces deux domaines critiques [4].

La COP16 a mis en évidence à la fois des avancées et des obstacles significatifs dans les efforts mondiaux de conservation de la biodiversité. L’établissement de nouveaux mécanismes de financement et le renforcement de la représentation des communautés autochtones sont des réalisations notables.
Cependant, les manques de financement persistants et les progrès lents sur des plans d’action concrets en matière de biodiversité soulignent le besoin urgent d’un engagement et d’une collaboration accrus entre les nations. Alors que les discussions se poursuivent au-delà de la COP16, l’accent restera mis sur la transformation des promesses en actions impactantes qui peuvent efficacement protéger la biodiversité
de notre planète.

  • L’Accord de Kunming-Montréal (Kunming-Montreal Global Biodiversity Framework « GBF », en anglais), adopté lors de la quinzième réunion de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (COP 15), tenue du 7 au 19 décembre 2022 à Montréal, Canada [5]. Il constitut un cadre mondial pour la biodiversité, qui définit des objectifs à atteindre d’ici 2030 et au-delà pour la protection et la restauration des écosystèmes à l’échelle mondiale, en accordant une attention particulière aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires en développement. La COP15 a appelé les nationsdéveloppées à augmenter leurs flux financiers vers les pays en développement à au moins 30 milliards de dollars par an. De plus, un nouveau Fonds Mondial pour la Biodiversité a été proposé pour garantir un financement prévisible pour la mise en œuvre du GBF [6].

** La crise de la biodiversité désigne la dégradation alarmante de la biodiversité mondiale, se manifestant par la perte d’espèces (i.e., un nombre croissant d’espèces animales et végétales sont en danger d’extinction) et la dégradation des habitats par les activités humaines (telles que l’agriculture intensive, l’urbanisation, et la surexploitation des ressources). Cette perte de diversité compromet la capacité des populations à s’adapter aux changements environnementaux, rendant certaines espèces plus vulnérables aux maladies et aux conditions climatiques extrêmes. La crise de la biodiversité, souvent comparée à la crise climatique, représente une menace grave non seulement pour la nature, mais aussi pour la sécurité alimentaire, la santé humaine et la qualité de vie, nécessitant des actions à l’échelle mondiale, nationale et locale pour la conservation et la restauration des écosystèmes dégradés [7].

Références :
[1] Ministère de la Transition Écologique. (2024). COP16 Biodiversité. https://www.ecologie.gouv.fr/rendez-
vous/cop16-biodiversite

[2] France 24 (2024). COP 16 : Les Peuples Autochtones Obtiennent un Statut Renforcé dans les COP
Biodiversité.
https://www.france24.com/fr/plan%C3%A8te/20241102-cop-16-peuples-autochtones-statut-renforc%C3%A9-cop-biodiversit%C3%A9

[3] World Resources Institute. (2024). UN Biodiversity Talks Stalled, but Protecting Nature Cannot Wait.
https://www.wri.org/insights/cop16-biodiversity-summit-outcomes-next-steps

[4] International Institute for Sustainable Development (IISD). (2024). COP 16 in Cali Delivers Key Outcomes
for Nature but Questions Remain on Funding.
https://www.iisd.org/articles/statement/cop-16-cali-
delivers-key-outcomes-nature-questions-remain-funding

[5] Gouvernement du Québec. (2022, 19 décembre). Cadre Mondial de la Biodiversité de Kunming à Montréal : Québec Salue les Engagements Historiques et y Adhère Fièrement.
https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/cadre-mondial-de-la-biodiversite-de-kunming-a-montreal-quebec-salue-les-engagements-historiques-et-y-adhere-fierement-44913

[6] Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP). (2022, 19 décembre). La COP15 Se Termine Par Un Accord Historique Sur La Biodiversité. https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/la-cop15-se-termine-par-un-accord-historique-sur-la-biodiversite

[7] WWF. Destruction et Dégradation de l’Habitat : Agir Pour les Écosystèmes et Pour Notre Santé.
https://wwf.be/fr/champs-action/destruction-degradation-habitat

Par Ayat-Allah Bouramdane, Enseignante-Chercheure à l’Université Internationale de Rabat (UIR).

Tags
Montrer plus

Articles connexes

Close