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La croissance entre dette et pluviométrie
Après le passage difficile de l’année en cours, l’économie nationale est appelée à retrouver le chemin de la croissance en 2013. Sur le plan interne, et compte tenu de ce qui se passe en cette année 2012, les performances sectorielles trouveraient certainement de profonds changements. Mais cela va dépendre en premier d’une pluviométrie motrice des activités agricoles, qui restent tributaires des conditions climatiques et de la régularité des précipitations ainsi que de leur répartition sur les principales régions du Royaume. Partant des nouvelles perspectives de la conjoncture au plan international et dans l’hypothèse d’un retour à des conditions climatiques plus favorables, l’économie nationale pourrait retrouver le chemin de la croissance en 2013 avec un taux prévisionnel de 4,1%. Un taux que le gouvernement ne lésine pas sur les possibilités d’en réaliser le chiffre. Il s’y explique par les prévisionnistes qui tablent sur des conditions meilleures, permettant de retrouver les performances des années d’abondance ou du moins de s’en approcher.
Outre la pluviométrie, la reprise attendue reste également liée à la conjoncture internationale avec laquelle l’économie marocaine est étroitement liée. Dans ce contexte, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit en 2013 une croissance mondiale située autour de 4,1%, soit 0,6 point de plus qu’en 2012. En effet les marchés pertinents pour l’économie, constitués pour l’essentiel des principaux pays de la zone euro, marqueront beaucoup de lenteur dans ce mouvement de sortie de crise. Après une contraction de l’activité globale de 0,3%, les perspectives de croissance de la zone euro devraient être contenues en 2013 dans des limites ne dépassant guère 0,9%, en raison du poids de la dette et des contraintes qu’elles imposent au plan budgétaire, analyse le CMC dans son rapport. Cette lenteur de la reprise dans la zone euro aura, explique-t-on, des effets notables au niveau de l’économie marocaine via les principaux canaux de transmission : exportations, investissements internationaux, transferts des Marocains résidant à l’étranger, tourisme…
Alourdissement des charges de production. Sur le volet industriel, les performances prévisionnelles dépendent de plusieurs paramètres : coût de l’énergie, des matières premières et du travail, productivité, etc. Et c’est dans le sens de donner un coup de pouce à l’investissement, dans le secteur minier particulièrement, que le gouvernement est tenu de mettre en oeuvre un code minier réglementant le secteur. Il s’agit en fait d’une charte qui devait prendre en considération les différents opérateurs dans le secteur, sans toutefois exclure les petits acteurs dans le domaine. Parce qu’en faisant fi de la présence des opérateurs artisanaux , pourvoyeurs de moyens matériels modestes aux petits salariés, l’opération serait d’une grande futilité. Elle ne rependrait en définitif qu’aux minuscules intérêts généralement dépendant d’un marché cherchant à faire profit, sans toutefois se mettre à l’évidence que la population locale est dans le besoin d’un travail décent.
Sur chacun de ces paramètres, les hypothèses les plus plausibles permettent d’envisager des changements sensibles pouvant induire des modifications dans les configurations de l’offre. À titre d’exemple, les coûts des facteurs de production devraient, en effet, subir des hausses notables, essentiellement après celles des prix intérieurs des produits pétroliers et le renchérissement des matières premières importées.
Le Centre conclut ses prévisions par une vision contrastée sur l’année 2013. L’inflation, selon lui, pourrait ainsi repartir à la hausse tandis que la consommation des ménages devrait augmenter de 1,2 point, à 3,9% en termes réels. Le volume global de l’investissement, quant à lui, progresserait de 5,9%, ce qui doperait positivement l’apport en devises vers l’économie nationale. Enfin, le CMC table sur un contexte de reprise internationale qui se traduirait par une hausse des exportations marocaines d’environ 6,3%. Évidemment, l’impact sur la balance commerciale dépendra beaucoup de l’évolution des coûts de l’énergie et du comportement d’achat des consommateurs vis-à-vis des biens importés. Quoi qu’il en soit, l’année 2013 semble promettre une certaine reprise, même si celle-ci s’annonce contrariée…