Environnement
Complexité des décharges publiques au Maroc
6,5 millions tonnes de déchets ménagers et assimilés à traiter
De nos jours la question des déchets, particulièrement les déchets ménagers, occupe une place importante dans nos esprits. Et pas seulement, ces déchets englobent aussi tous les déchets produits ,aussi bien par un ménage ou assimilés, c’est à dire par certaines entreprises ou commerces, ou par le secteur tertiaire comme les administrations. Ainsi y inclut-on les ordures ménagères résiduelles ou issues des collectes sélectives( emballage, journaux etc…), mais aussi encombrants , les déchets verts et les déchets déposés en déchetterie.
L’organisation donc de la collecte et l’élimination de ces déchets, relève du ressort des communes. Mais devant la croissance vertigineuse de nos déchets, qui rendent la collecte difficile et même parfois impossible, les communes font recours aux solutions rapides, souvent prises à la légère , créant ainsi un dysfonctionnement dans le ramassage et le traitement des ordures, cas de la ville de Casablanca.
Dans cette ville mastodonte, les résultats d’une nette tendance vers l’amélioration de l’environnement urbain se heurtent aux questions de gestion. Une problématique que les responsables au Conseil de la ville confondent avec la couleur de leur parti politique. Dépourvus donc de moyens techniques et financiers, ils naviguent sur des bases inexpérimentales ou importées de l’extérieur, généralement colportées sur Google, n’ayant aucun rapport avec la nature de nos déchets. Et souvent, ils s’y prennent aux résultats faits sur la base de collectes sélectives des déchets moins encombrants. Empreints à des méthodes spécifiquement occidentales, où la population contribue conjointement avec les collecteurs au tri des déchets préalablement aux domiciles: nourriture périmée, vieux vêtements et appareils obsolètes… Tout est trié par la ménagère. Une méthode de type européen, surtout, qui n’a rien de similaire chez nous, ni par la nature des déchets, ni par celle des comportements.
Mais, partant des faits concrets, comment sont financées les collectes ménagères ? Si ce n’est par la population qui en a la charge de s’acquitter de cette redevance. C’est une somme de plusieurs millions Dh qui est mise à leur disposition pour donner à l’environnement de nos villes le rayonnement écologique espéré. Cette redevance, basée sur les déchets ménagers, est calculée en fonction de l’importance des services rendus, parfois même en volume des déchets ramassés.
Une fois collectés, les déchets ménagers peuvent être recycles ou valorisés après tri. Ils peuvent aussi être incinérés en valorisation énergétique. Et le cas échéant être stockés ou enfouis dans des centres de stockage des déchets.
Rappelons, à ce propos, que la Banque mondiale lance un appel pour réagir. Ainsi, de par le monde, la production annuelle- des déchets municipaux et autres déchets, pris en charge par une commune ou une collectivité territoriale- dépasse déjà les 2 milliards de tonnes par an . En raison de l’urbanisation rapide, de l’augmentation du niveau de vie et de la croissance démographique. Ce volume risque toutefois d’augmenter de 70% pour atteindre les 3,4 milliards de tonnes en 2050.
En Afrique subsaharienne par exemple, les pays devront même faire face à un triplement de la masse des déchets avec plus de 516 millions de tonnes contre 174 aujourd’hui.
Au Maroc
Notre pays, le comparant aux études faites par la Banque mondiale sur le Continent africain, c’est plus de 850.000 tonnes de déchets ménagers par an qu’il s’agisse. Une catastrophe certes, surtout pour un pays ne disposant pas d’infrastructures fiables pour gérer cet afflux.
En effet, le marché des ordures au Maroc occupe une place secondaire, jusqu’ici ignorée par l’ensemble des citoyens. Hors, c’est un marché juteux qui se manifeste par la gestion déléguée des décharges totalisant un chiffre d’affaires de 495 MDH. Dans un contexte où le volume global des déchets ménagers et assimilés atteint les 6,5 millions tonnes pour un taux de collecte de 85,2%. Seulement 10% des volumes sont recyclés alors que l’objectif de l’Etat est d’arriver à 20% en 2020. Une estimation qui semble avoir beaucoup d’avance sur la cadence des “gestionnaires” et sur la manière et le rythme poursuivis.
Devant la fragilité des pouvoirs publics et l’appréhension mitigée des moyens de contrôle, un business prend de l’ampleur et se développe loin des yeux. Un défi que les collectivités locales n’en peuvent plus relever et auquel elles sont confrontées quotidiennement. Il y va tout d’abord de la réhabilitation des décharges sauvages, et la construction de centres d’enfouissement et de valorisation (CEV), soutenus, de surcroît, par un budget dédié de 8 milliards DH, un cadre réglementaire plus contraignant pour les collectivités locales. Cependant le décollage du secteur demeure confronté à une contrainte de taille : la viabilité économique des projets.
Selon les statistiques les plus récentes du secrétariat d’État chargé du développement durable (SEED), le volume global des déchets ménagers et assimilés est de 6,5 millions de tonnes pour un taux de collecte de 85,2%. Dominé essentiellement par des filiales marocaines de groupes internationaux, le marché de gestion des décharges engrange, en effet, un chiffre d’affaires de 495 MDH dans le cadre de 19 contrats couvrant 120 communes.
Mehdi Oulberj