Le développement de la méthanisation constitue en effet un axe structurant en matière de transition énergétique. De quoi faire du biogaz un nouvel « or vert » ? La méthanisation permet donc d’obtenir du gaz à partir de la biomasse, qu’il s’agisse de cultures dédiées, de résidus agricoles ou de déchets agroalimentaires. La méthanisation s’inscrit alors dans une logique d’économie circulaire et contribue, en s’appuyant sur une ressource locale, à l’indépendance énergétique des territoires.
Le principal intérêt du biogaz réside dans son bilan carbone, globalement meilleur que celui des énergies fossiles lorsqu’il est évalué tout au long du cycle de vie. Ainsi, selon l’expertise, pour chaque mégawattheure de biométhane produit, injecté et consommé, une économie de 0,2 tonne de CO2 est réalisée par rapport au gaz fossile. Ce bilan est positif quel que soit le substrat utilisé (cultures dédiées ou résidus agricoles). Par ailleurs, lorsque le biogaz est issu d’une agriculture durable, limitant au maximum l’usage de pesticides et d’engrais chimiques, préservant sur le long terme la renouvelabilité des ressources en biomasse, la biodiversité est préservée, voire améliorée. Les résidus de méthanisation, lorsqu’ils présentent une qualité agronomique et sanitaire suffisante, peuvent également retourner à la terre et l’enrichir en nutriments. La boucle est alors bouclée…
Le développement du biogaz peut constituer un complément de revenus intéressant pour les agriculteurs. Reste le coût des installations, à amortir, qui ne doit pas les conduire à un surinvestissement délétère à long terme… Car le coût de production constitue l’un des principaux reproches formulés à l’encontre de la méthanisation.
Le second reproche réside dans la capacité de mobilisation d’un gisement de biomasse suffisant pour alimenter dans la durée les méthaniseurs, sans rentrer en compétition avec des cultures alimentaires. Une question qui pourrait devenir sensible à terme, le changement climatique affectant les rendements agricoles. Néanmoins, le progrès technologique combiné à une stratégie globale de sobriété énergétique pourrait permettre de soutenir le « verdissement » de notre mix énergétique et faire d’une méthanisation durable un élément-clef de la transition écologique.
Aujourd’hui, la production du biogaz coûte cher, mais un changement d’échelle devrait permettre d’en améliorer progressivement les coûts de revient. Quoi qu’il en soit, les services environnementaux rendus par une agriculture durable productrice de biogaz, qu’il s’agisse de séquestration de carbone ou de préservation de la biodiversité, méritent d’être rémunérés. Ce qui constituerait une approche innovante des enjeux énergétiques, combinant climat et biodiversité…