Le développement du bassin du Sebou a, dès l’indépendance, été au centre des préoccupations des pouvoirs publics en raison de ses richesses hydriques, du potentiel important en terres irrigables dans la plaine du Gharb et de la nécessité de protéger cette dernière contre les inondations. Ce développement n’est possible qu’avec la maîtrise et la régularisation des eaux du cours principal du Sebou et de ses principaux affluents.
Ainsi, les études de planification du développement des ressources en eau du bassin du Sebou ont permis d’aboutir à un vaste programme d’aménagement hydraulique destiné à assurer l’irrigation des plaines du Gharb et du Saïss, l’alimentation en eau potable des centres urbains et des unités industrielles, la production d’énergie hydroélectrique et la protection des zones aval contre les inondations.
L’aménagement de l’Oued Sebou et de ses affluents est une œuvre de longue haleine qui se poursuit depuis près de cinq décennies d’une manière régulière. Ainsi, sont venus s’ajouter au barrage El Kansera construit sur l’Oued Beht en 1935, le barrage Idriss 1er, le complexe Allal El Fassi, le barrage de garde sur l’Oued Sebou, le barrage Sahla, le barrage Al Wahda, le barrage Sidi Chahed, le barrage Bouhouda, le barrage Asfalou, et le barrage Bab Louta, dont la capacité totale dépasse 5,7 milliards de mètre cube.
S’inscrivant dans la continuité de la mise en œuvre de cet important programme d’aménagement du bassin du Sebou, le barrage M’dez faisant partie du complexe M’dez-Aïn Timdrine et constituant la pièce maîtresse de l’aménagement du Haut Sebou, viendra renforcer les ouvrages existants. Avec une capacité de stockage de 700 Mm3, ce barrage à buts multiples permettra d’accompagner le développement économique et social de la région et d’assurer les services suivants :
• Le transfert d’eau d’irrigation pour la sauvegarde de la plaine irriguée du Saïss ;
• L’alimentation en eau potable des centres avoisinants ;
• L’amélioration du niveau de protection des zones situées à l’aval contre les inondations ;
Situé au Nord-Ouest du Maroc, le bassin de Sebou, d’une superficie d’environ 40.000 km2, est le bassin le plus important du Royaume renfermant une population totale de près de 6,2 millions d’habitants (recensement de 2004), dont 49% en milieu urbain et 51% en milieu rural. Il dispose d’une activité agricole et industrielle qui contribue de façon importante à l’économie nationale.
Le bassin, drainé par l’oued Sebou qui prend naissance dans le Moyen Atlas et parcourt environ 500 km avant de rejoindre l’océan Atlantique près de Kénitra, est marqué par un contexte géographique très diversifié :
• la partie amont renferme au Nord le massif du Rif s’élevant jusqu’à 2.450 m, et au Sud la chaîne du Moyen Atlas ;
• entre ces deux massifs, dans la région de Fès – Meknès, se situe la plaine du Saïss, et plus à l’aval, les oueds Ouergha et Beht affluents rive droite et rive gauche du Moyen Sebou ;
• la partie aval constituant le bas Sebou, renferme la grande plaine alluviale du Gharb qui s’ouvre sur la côte Atlantique.
Le climat régnant sur l’ensemble du bassin est de type méditerranéen à influence océanique. A l’intérieur du bassin le climat devient plus continental. Les précipitations annuelles moyennes sur l’ensemble du bassin du Sebou sont de 600 mm environ. Les valeurs minimales, comprises entre 400 et 550 mm sont observées sur les bassins du Haut et du Moyen Sebou. Elles sont légèrement supérieures 500 à 600 mm en bordure côtière et dépassent très largement ces valeurs en zone de relief (700 à 900 mm sur le Moyen Atlas à Ifrane, 1.000 à 1.500 mm sur les reliefs du Rif). Ce bassin draine des apports dont le volume moyen annuel est estimé à 5.600 millions de m3, représentant globalement 30% des ressources en eau de surface du Maroc.
C’est un barrage qui fait partie de l’aménagement du Haut Sebou et qui sera réalisé sur l’oued Sebou à 58 km au Sud – Est de la ville de Sefrou. D’une capacité de 700 Mm3, il permettra la sauvegarde de plaine irriguée de Sais par le transfert d’un volume annuel de 125 Mm3 et l’alimentation en eau potable des centres avoisinants aussi bien que l’amélioration du niveau de protection des zones situées à l’aval contre les inondations .
En outre, la réalisation du barrage M’dez aura comme effets induits la création de près de 400.000 jours de travail pendant les travaux et l’appel aux qualifications de la main d’œuvre locale .D’autre part il désenclavera les douars avoisinants par la déviation de la route provinciale 5016 qui permettra le développement d’un tourisme spécifiquement environnemental grâce à l’exploitation de la retenue du barrage.
Notons que l’étendue de sa retenue, le barrage M’dez va engendrer des impacts socio-économiques auxquels des solutions d’atténuation seront apportées. Ces mesures prévoient également l’indemnisation des propriétaires des terrains expropriés et le rétablissement des routes et autres infrastructures qui seront inondées.
Par Abdelaaziz Naji : Chef d’aménagement du barrage M’dez