Appel pour une stratégie efficiente
Le secteur de la pêche au Maroc est en quête d’une véritable stratégie qui puisse répondre de mieux en mieux aux espérances des opérateurs dans le secteur. En 2007, il a été retenu une batteries de points pour la relance et le développement de la pêche de nos jours à l’horizon 2020 baptisée « Halieutis ». Qu’en est-il aujourd’hui de l’étude des lieux et qu’est-ce qu’il y a de concret sur le terrain?
Halieutis est une stratégie intégrée, ambitieuse et globale. Elaborée conformément aux orientations stratégiques de Sa Majesté le Roi, elle vise la mise à niveau et la modernisation des différents segments du secteur de la pêche ainsi que l’amélioration de sa compétitivité et de sa performance. Elle ambitionne de valoriser de façon pérenne la richesse halieutique marocaine et de tripler le PIB du secteur d’ici 2020 pour en faire un véritable moteur de croissance pour l’économie marocaine. Elle vise ainsi à augmenter le nombre des emplois directs à 115.000 contre 61.650 actuellement et à accroître la valeur des exportations des produits de la mer à plus de 3,1 milliards de dollars contre 1,2 milliard en 2007.
Le Plan «Halieutis» prévoit la concrétisation d’un certain nombre de projets phares de transformation et de valorisation des produits de la mer, avec à leur tête la création de trois pôles de compétitivité, à savoir Tanger, Agadir, et Laâyoune-Dakhla, devant mobiliser des investissements de 9 milliards de DH.
La nouvelle stratégie halieutique procède d’une vision sectorielle prospective et intégrée. Elle s’appuie sur trois principaux axes déclinés sous forme de projets, à savoir l’exploitation durable des ressources et la promotion d’une pêche responsable impliquant les pêcheurs considérés également comme acteurs majeurs de développement du secteur, le développement d’une pêche performante et de qualité, et le renforcement de la compétitivité à même de conquérir de nouveaux parts de marché tant au niveau national qu’international.
Il convient donc de parler également de la place qu’occupe l’aquaculture, ce secteur qui renferme aussi une part de l’industrie poissonneuse avec toute une activité d’élevage et de culture d’organismes aquatiques tels que les poissons, les crustacés, les mollusques et les végétaux marins et qui se veut se faire distinguer comme industrie de substitution s’y afférente. Mais pour y parvenir il faudrait s’assurer la mise en oeuvre d’axes stratégiques en halieutique. Il a été retenu depuis 2007 trois axes qui se déclinent en 16 projets : quatre projets concernent la durabilité, quatre projets portent sur la performance, trois projets relatifs à la compétitivité et cinq projets transversaux concernant les actions prévues pour l’encadrement du secteur.
En outre, Halieutis a mis l’accent sur un volet important, à savoir la gouvernance du secteur· Ainsi, sur le plan institutionnel, elle a prévu la mise en place d’une gouvernance publique forte et mobilisatrice pour moderniser le secteur halieutique. Objectif ultime pour mettre en place un système de gouvernance sectorielle capable d’engendrer le transfert de pouvoir graduel aux régions et au secteur privé. En parallèle, un travail d’organisation du secteur est lancé à travers l’organisation de la représentation
professionnelle et l’encouragement de l’inter-profession. Ce faisant, le secteur de la pêche bénéficiera certainement d’une synergie des efforts et d’une bonne gouvernance à la fois nationale, régionale et locale, de nature à fédérer tous les opérateurs autour des décisions majeures bénéfiques pour la gestion et le développement du secteur. C’est encore autour de cette question que les efforts doivent converger pour ressortir le secteur de cette léthargie qui le paralyse sinon sa remontée serait d’une facture désagrégeante.
Le système de gouvernance sectorielle vise la mise en place d’un dialogue transparent et efficace entre le gouvernement et les professionnels du secteur de la pêche.
Deux conventions de partenariat ont été signées entre les départements ministériels concernés et plusieurs acteurs institutionnels portant sur la promotion des activités de pêche et le développement des infrastructures y afférentes. Certains opérateurs lorgnent l’opération de vision laconique et non concertante. Chose qui ne pourrait se produire dans l’immédiat sans un coup de soupape structurant.
Il convient donc de dire que la première convention concernant le contrat de performance de l’Office national des pêches (ONP) au titre de la période 2009-2012 n’est pas mise encore à exécution. Pour ce qui est de la deuxième convention, celle-ci porte sur la concession des ports de pêche en faveur de l’ONP. Sur ce terrain, le constat prédit le contraire, il est qualifié de latence administrative imposée par un nombre croissant d’intervenants. A travers cette mesure les opérateurs manifestent leur mécontentement quant au nombre de guichets qui interviennent dans le secteur.
Allant de Marsa- Maroc à l’Agence nationale pour l’exploitation des ports qui à nos jours ne font pas l’unanimité des professionnels.
Halieutis est tombé donc à point nommé dans sa deuxième édition. Un salon, attendu en janvier prochain dans la ville d’Agadir, qui compte relever le dilemme par le discernement des problèmes qui se manifestent et répondre par une force structurante à l’anarchie qui sévit dans le secteur, devenue apparente dans l’exploitation, la régulation et la commercialisation du poisson au Maroc. C’est un tournant décisif et historique qui va permettre au domaine d’atteindre son niveau de croisière par un développement soutenu et une gouvernance intégrée.
Principalement orientée vers les marchés de l’U.E et du Japon, l’industrie de valorisation des produits du poisson assure 50% des exportations agroalimentaires et 12% des exportations totales du Maroc.
L’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne semble rentrer dans une phase où notre pays est tenu de faire revaloriser sa richesse. On a aussi lorgner de l’autre côté de l’océan un autre marché qui n’est pas aussi simple ,ce sont les Etats-Unis. Ces derniers offrent certes de nouvelles perspectives d’exportation à leur destination et de nouvelles opportunités d’investissement dans le secteur. Ils s’y prêtent à venir investir mais le revers serait peut-être qu’une exploitation extensive et démesurée pourrait nous faire culbuter sur la rareté du poisson dans l’avenir.
Compte tenu de ce lapsus, notre politique doit être menée par une stratégie efficiente. Il ne nous suffit pas de convoiter d’autres destinées mais aussi avoir le sens et la capacité de les contourner et mieux les cerner. L’industrie du poisson est de nos jours pratiquement structurée et même consolidée par la mise au point de technologies de pointe, cela est apparent dans la pratique que se font des armateurs européens et autres. D’où une mise à niveau et l’incessant appel pour la mise en valeur de nos équipements, qui sont, malheureusement, loin d’être compétitifs. Un accompagnement technologique est désormais impératif, si nous comptons sérieusement répondre aux assauts d’embarquements massifs de poissons qui se font sur notre littoral.
A ce terme, notre flotte avec ses 447 navires hauturiers et ses 2459 unités de pêche côtière, n’offre pas l’assurance de parvenir aux besoins. Cette flotte qui est loin d’être au point, en matière de technologie, faiblement équipée et construite en majorité localement ne peut se tenir à l’abri des contraintes. L’activité en pêche hauturère, par exemple, se voit aujourd’hui obliger de pratiquer une flotte congélatrice moderne, exploitant des navires en acier de conception et de construction récente : chalutiers céphalopodiers, chalutiers crevettiers, etc.
Dans le cadre de la mise en oeuvre des orientations gouvernementales et internationales pour une nouvelle gouvernance halieutique, une approche nationale de gestion et d’exploitation durable des ressources halieutiques doit être conçue et mise en oeuvre par l’ensemble des professionnels.
Cette approche doit viser la consolidation d’une politique de pêche responsable garante d’une exploitation durable et de l’écosystème marin. Elle devra aussi permettre de renforcer la position du Maroc en tant que pays à vocation halieuindustrielle et pays pourvoyeur du marché mondial en produits de qualité à forte valeur marchande.
La pêche des petits pélagiques au moyen de navires type 1000 tjb et 3 000 cv n’est pas en reste, elle doit y figurer dans toute stratégie. Cette pêche commence d’ores et déjà à connaître un développement important au Maroc, elle est caractérisée par la capacité de fournir du travail. C’est un secteur en quête d’investissements, parce qu’il occupe une frange importante de la main-d’oeuvre. Composé de chalutiers côtiers de fond, Palangriers en bois, etc. Il peut, par le fait de sa modernisation, apporter du plus.
Avoisiné par la pêche artisanale, jusqu’ici pratiquée par des barques de moins de 2 tjb pour la pêche fraîche, celle-ci continue à opérer dans le littoral et se limite à cibler la pêche des algues, du corail, des coquillages et des échinodermes. C’est une pêche à côté de madragues, qui s’activent aux thonidés (principalement le thon rouge) à côté des industries de la conserve, de la semi-conserve, de la congélation à terre, du conditionnement du poisson frais, de la farine, huile de poisson et traitement des algues marines.
Halieutis donc est bel et bien un plan de grandes espérances, une stratégie de grandes ambitions avec une feuille de route bien tracée pour le développement et la modernisation du secteur de la pêche au Maroc. L’objectif ultime est de faire de ce secteur un moteur de croissance pour l’économie marocaine.
M.Oulberj
Les principaux stocks poissonniers
Les principaux stocks de poissons exploités par la flotte nationale sont composés de petits pélagiques: sardine, maquereau, chninchard, anchois et sardinelle; et grands pélagiques: thon rouge, melva, bonite et espadon et d’autres espèces crustacés comme les crevettes rose et royale, langoustine, langouste, homard, crabe et cigale. Céphalopodes comme poulpe, calamar et seiche et poissons blancs dont le merlu, daurade, pageot, sole, loup, grondin, ombrine, requins, raies, etc.
Pour améliorer les conditions de vie et de travail des marins pêcheurs, valoriser leurs captures et doter les sites d’infrastructures d’accueil nécessaires, le département des pêches maritimes a mis en place un programme de construction de 42 points de débarquement aménagés et villages de pêcheurs. Le nombre de sites de pêche à partir desquels opère la pêche artisanale est estimé à 150 sites dont 73 en Méditerranée.
On s’attend toujours à ce qu’une politique d’orientation stratégique mette en valeur une politique de pêche responsable, en mesure d’assurer une exploitation durable des ressources et de leur écosystème marin. On a cette ambition qui malheureusement ne se manifeste qu’en circonstances laconiques. L’optimisation de la production, la maximisation des retombées socio-économiques, et la consolidation de la politique de proximité, se sont des impératifs insistant pour atteindre les objectifs assignés à ces axes, qu’un ensemble d’actions ont été programmées pour être mises en oeuvre depuis 2007 déjà et qui restent sans actions distincte . Toutefois, ces actions sont accompagnées de contraintes auxquelles les pouvoirs publics doivent apporter le punch dans la perspective des objectifs fixés et pour mieux asseoir les rails sur lesquelles pourrait démarrer la motrice du secteur.
Liste des ports
Méditerranée: Nador, Ras Kebdan, Al Hoceima, Jebha, M’Diq et Tanger.
Atlantique: Assilah, Larache, Mehdia/Kénitra, Mohammedia, Casablanca, El Jadida, Jorf Lasfar, Safi, Essaouira, Agadir, Sidi Ifni, Tan Tan, Tarfaya, Laayoune, Boujdour et Dakhla.
Villages de pêcheurs fonctionnels: Cala Iris, Sidi Hssain, Souira Kédima et Imessouane