Plus de 50% du PIB du pays
En 1966 le gouvernement congolais nationalisa l’Union Minière du Haut Katanga sous le nom de Gécamines. En 1971, le Katanga prit le nom de Shaba (cuivre en swahli). Située au sud-est de la RDC et entièrement dans l’hémisphère australe.
La province du Katanga occupe la deuxième position parmi les provinces du pays par sa superficie (la plus grande province étant la province orientale). Carrefour important, elle est limitée par quatre provinces : le Sud-Kivu au nordest, le Maniema au nord et les deux Kasaî au nord-ouest. Le Katanga partage avec trois pays la frontière de la RDC : l’Angola au sud-ouest, la Zambie au sud et au sud-est et la Tanzanie à l’est.
C’est une province qui a deux saisons et deux types de climats y règnent. Une partie de cette région connaît un climat tropical humide avec une saison sèche et froide qui dure deux à cinq mois selon la région et l’autre partie un climat tempéré. Elle abrite la plus haute chute d’Afrique, celle de la Lofoï,
qui tombe d’une pente de 384 mètres de hauteur au saut de Kaloba en jaillissant du plateau des Kundelungu, sur la route Élisabethville-Sampwe. Tout aussi belles sont les chutes de la Lufira, qui produit de l’électricité alimentant Likasi, et celles de la Kilubi et de la Kakule près de Lubudi.
Le sous-sol recèle en grande quantité et à fleur de terre, cuivre, étain, fer, charbon, cobalt, manganèse, zinc, radium, or, diamant… Les gisements de minerais sont dus à des accidents géologiques, le cuivre se concentrant dans une fosse du sud et centre du Katanga, tandis que l’or et l’étain sont localisés plus au sud et dans le nord de la Rhodésie (Zambie actuelle).
Production de minerais
Le boom de la production de minerais a permis au Katanga de se reconstruire. Parviendra-t-il à relancer les autres filières et à financer les chantiers indispensables à son développement ? Le secteur minier, dont les principales ressources sont le cuivre et le cobalt, abondants dans le sud de la province, n’a pas vraiment souffert de ces aléas. La crise de 2008 n’est plus qu’un mauvais souvenir. La production de cuivre approche de 500 000 t en 2011. Dans le sillage du boom minier, nombre d’autres secteurs ont vu leurs activités s’envoler, en particulier le transport aérien et routier, très actif dans l’hinterland minier, les banques, le commerce d’import-export et de détail, la fourniture de produits pétroliers, les télécommunications, l’hôtellerie, ainsi que les industries et services de sous-traitance du secteur minier. Le BTP également, avec les chantiers immobiliers et routiers, ainsi que le développement des sites miniers.
En revanche, bien que la deuxième province du pays en termes de superficie (après la Province-Orientale) dispose de vastes terres fertiles et de nombreux cours d’eau, le secteur rural reste marginal. Ainsi, malgré une hausse de la production de maïs, sa principale culture, le Katanga doit importer de Zambie un tiers de sa consommation.
L’élevage bovin de ranching, fleuron du Haut-Lomami, n’a pas retrouvé ses niveaux de production des années 1980 et, dans le nord-est de la province, les éleveurs qui ont souffert des conflits des années 1998 à 2002 tentent timidement de relancer l’activité. Quant à la pêche, elle est loin de réaliser tout son potentiel. Enfin, l’industrie de transformation ne pèse pas lourd, guère plus que le tourisme, encore quasi inexistant, alors que le Katanga dispose de très nombreux atouts en la matière.
Fragilité structurelle
La province s’enorgueillit de fournir une grande part des recettes de l’État et «plus de 50% du produit intérieur brut du pays», selon Moïse Katumbi Chapwe, son gouverneur.(voir profil). Cependant, fortement dominée par les mines, l’économie provinciale est très dépendante de l’extérieur. D’où sa fragilité structurelle. Aussi les autorités provinciales cherchent-elles à en diversifier les bases, notamment en renforçant le secteur agropastoral, dans la perspective de l’après-mines Reste que, dans les années à venir, l’expansion des activités, en particulier celles des industries extractives, risque d’être freinée par le manque d’énergie, dont le déficit pourrait atteindre 2500 MWh d’ici à 2016 et par le mauvais fonctionnement du rail, géré par la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Les compagnies
minières sont sollicitées pour financer la réhabilitation des centrales hydroélectriques, de la voie ferrée et du matériel roulant de la SNCC ainsi que le transport de l’électricité, mais cela ne suffit pas. Les financements des infrastructures indispensables traînent, notamment celui de nouvelles centrales, comme celle de Busanga (sur la Luabala, près de Kolwezi, dans le cadre du partenariat sino-congolais), et celui de la remise sur rails de la SNCC, dans le cadre du projet de transport multimodal (PTM), qui exige d’importants investissements.
Parmi les autres défis à relever pour la province, la pollution liée à l’activité minière, l’exode rural et l’explosion urbaine, ainsi que le développement humain. Comment répondre aux besoins en santé, en éducation, en services de base (eau potable, assainissement, électricité…) d’une population de 10 millions d’habitants – qui classe le Katanga immédiatement après la villeprovince de Kinshasa -, alors que le budget provincial est amputé d’une partie de ses ressources ?
Les bonnes réflexions
Du côté des populations, les sujets de préoccupation ne manquent pas. Certains considèrent que le secteur minier n’a pas eu les retombées attendues en termes d’emplois et de réalisations sociales. D’autres n’ont toujours pas digéré ce qu’ils qualifient de dépeçage de la Générale des carrières et des mines (Gécamines), née en 1966 de la nationalisation de l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK). Faute de moyens pour relancer l’exploitation et moderniser son outil de production, la Gécamines a dû nouer des partenariats avec des compagnies étrangères. Transformé fin 2010 en société commerciale, l’ex fleuron minier va-t-il gagner son pari de redevenir un opérateur à part entière ?
En attendant la prochaine bataille, celle des élections provinciales, prévues en janvier 2013,les bonnes réflexions se feront autour du comment relancer une économie de développement loin des convoitises électorales. Et c’est à Moïse Katumbi Chapwe que sont braqués les regards pour venir relever le défit une fois encore.
M.Mehdi