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Prix des carburants et perfidie gouvernementale

L'incapacité de plafonner enrage les parlementaires

 

Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas honoré son engagement en matière de plafonnement des prix des carburants ? Une question que ne cessent de se poser les députés depuis l’ouverture de la session parlementaire automnale. Même les parlementaires du parti de la lampe ne lâchent pas prise, et certains accusent même le gouvernement de manquer de courage pour franchir ce pas.  Et c’est Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, qui vient encore une fois d’être épinglé par les députés sur les prix des carburants. Opposition et majorité critiquent les tergiversations du gouvernement. Même les parlementaires du PJD insistent pour que l’Exécutif fixe le seuil de la marge bénéficiaire. La fixation d’un plafond de la marge bénéficiaire des pétroliers est l’une des recommandations phares de l’enquête parlementaire sur les prix des carburants. Une position que le ministre des Affaires générales et de la gouvernance doit assumer en toute responsabilité, au lieu de jouer les intermédiaires avec les grandes sociétés.

En effet, l’enquête parlementaire souligne que la marge bénéficiaire des sociétés pétrolières a considérablement augmenté depuis la libéralisation du secteur. La différence entre les prix calculés, selon la structure ayant précédé la libéralisation et les prix adoptés après la libéralisation est de 0,96 DH/l sur le gasoil et de 0,76 DH/l sur l’essence. Les gains nets des sociétés pétrolières, selon les parlementaires, se situent entre 7 et 17 MMDH.Ce qui pousse le gouvernement à promettre de plafonner les prix. Mais des mois plus tard, M. Daoudi brandit «la menace», comme bâton magique, qui lui serait utile en cas de nécessité. Justifiant le gel du plafonnement comme  élan pour mieux sauter le cas échéant . Une manière de nous dire qu’il pourrait briguer les dispositions de la loi des prix et de la concurrence comme moyen de sévir en cas de refus des professionnels de baisser les prix. Rappelons que le texte en vigueur stipule que les prix peuvent être fixés par l’administration après consultation du Conseil de la concurrence. Cependant, il s’agit de mesures temporaires car leur application ne peut excéder six mois, durée prorogeable une seule fois. «Je ne veux pas perdre une année. Après la période de plafonnement, les opérateurs auront la possibilité d’augmenter les prix», souligne le responsable gouvernemental qui espère parvenir à un accord consensuel et «durable» avec les opérateurs.

Un argument du ministre qui ne semble pas convaincre les parlementaires qui réclament le renforcement des règles de la concurrence. Un conseil qui, après une longue période d’inertie reprend son activation qui va lui permettre de renforcer le contrôle sur les prix. Ce conseil, désormais présidé par Driss El Guerraoui, est très attendu pour analyser et maîtriser la situation de la concurrence du marché des hydrocarbures et contrôler les pratiques anticoncurrentielles, ainsi que les opérations de concentration et de monopole.  Cette entité pourrait en effet orienter le monde des affaires vers ce qui constitue un abus de position dominante, afin d’assurer le respect des exigences légales, une fois celles-ci correctement mises en œuvre. S’agissant du secteur des hydrocarbures, l’OCDE souligne que le fait que la fixation des prix relève du seul marché, en l’absence d’un régulateur, est de nature à favoriser l’apparition de pratiques frauduleuses telles que les ententes sur les prix.

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