Energie
Samir, le torchon brule entre gouvernement et syndicat
M.Rebbah se justifie par deux arguments
Appelé à répondre à une question orale posée par le groupe CDT à la Chambre des conseillers, sur une éventuelle reprise de la raffinerie de Mohammedia, M.Rebbah a été catégorique: “le gouvernement ne pourra, en aucun cas, intervenir pour sauver la Samir”. C’est au détriment des ayant droit et cause dans cette entreprise. Une telle déclaration contredisait les attentes qu’ils espéraient. Et la réponse ils l’ont obtenu officiellement du gouvernement, par le ministre de l’Energie, des Mines et du Développement durable, qui a justifié le refus du gouvernement par deux arguments. Le premier est lié à l’aspect juridique du dossier qui, aux mains de la justice, ne peut faire l’objet d’une intervention quelconque. Et le deuxième consiste dans le fait que la Samir n’est plus une propriété de l’Etat après sa privatisation, qui lui a coûté cher en terme de dettes accumulées par son patron saoudien, estimées à près de 42 milliards de dirhams auprès de la douane et des banques.
Au cours de la même séance le ministre a déclaré que “la privatisation de la Samir s’est déroulée en concertation avec les représentants des employés et les syndicats. A ce propos la CDT, représentant des salariés de la Samir, a réagi affirmant « qu’elle n’a jamais signé un accord de concertation avec qui que ce soit pour privatiser la raffinerie. Cela ne relève pas de ses droits et la loi sur la privatisation est claire en précisant que cette procédure relève exclusivement de l’Etat”, déclare , Houssine El Yamani, secrétaire général de la branche pétrolière de la CDT; réagissant par un communiqué de presse dans lequel il ne cache pas son indignation, rejetant l’existence d’un compromis avec la CDT. Rappelant que “la confédération a observé une grève de 35 jours en 1989 en opposition à la privatisation de la Samir et réussi à la supprimer de la première liste avant d’être intégrée à la liste de 1997 suite à un vote du Parlement face auquel on ne peut rien”, regrette El Yamani. Et d’ajouter que l’ancien secrétaire général de la CDT, Noubir Amaoui, “avait prévenu, fin juillet 2015, le précédent chef du gouvernement que la situation à la Samir était grave”, sauf que son interlocuteur ne partageait pas son avis. “Mais deux semaines plus tard, la production de la raffinerie s’est arrêtée”, rappelle le coordinateur du front.
Quant aux bénéfices récoltés par les employés, El Yamani a également son mot à dire: “En cas de privatisation, le personnel a le droit à 5%. Cependant, dans le cas de la Samir, les employés n’avaient la possibilité financière d’acquérir que 3%, dont une moitié a été vendue, tandis que l’autre est coincée dans la liquidation judiciaire. Les petits porteurs ont ainsi perdu leur capital”.
Si le front national est insatisfait de la réponse du gouvernement, il ne compte pas, pour autant, baisser les bras. Son coordinateur affirme qu’il y aurait “trois offres pour le rachat de la Samir qui attendent de connaître, via le gouvernement, le devenir de l’industrie du raffinage au Maroc avant de s’investir”.