EnergieEnergies Renouvelables

Plan solaire Maroc

De l’électricité verte pour la France

Le forum de l’Union pour la Méditerranée, tenu à Marseille entre institutions financières et investisseurs du secteur privé de la région, imprime un nouveau dynamisme à cet ensemble. Ce rendez-vous aux allures de foire à «projets bancables» a fait la part belle aux différentes propositions marocaines soumises à l’appréciation de potentiels investisseurs des deux rives de la Méditerranée dont la plus en vue est le projet du Plan solaire Maroc (PSM).

A ce jour, le Royaume a présenté à l’Union pour la Méditerranée (UPM) 36 projets dont 20 de production. Une forte délégation d’institutionnels et d’hommes d’affaires marocains a fait le déplacement à Marseille. A cette occasion, un accord de création d’une unité de production électrique (solaire et/ou éolienne) a été signé entre l’ONE et l’Etat français. Cet accord permettra à la France de récupérer les électrons verts du Maroc, donc d’un pays de la rive sud de la Méditerranée, pour réduire ses émissions
de gaz à effet de serre, conformément au titre de l’article 9 du paquet énergie-climat européen. De toute évidence, ce rapprochement participe à rendre bancables les projets capitalistiques retenus dans le cadre des accords de l’UPM. Ces derniers prévoient de faire appel aux concessionnels multilatéraux (Banque mondiale, Banque européenne d’investissement) et bilatéraux (AFD, KFW) pour réduire le coût d’investissement ou encore recourir aux crédits carbone.
Par ailleurs, techniquement, l’existence de l’interconnexion électrique avec l’Espagne facilitera les échanges entre le Maroc et l’Europe de manière générale. De plus, du point de vue réglementaire, la loi marocaine permet l’exportation des électrons verts.
D’ailleurs, un projet pilote pour tester la faisabilité économique et juridique de leur exportation vers l’Europe est en cours d’expérimentation. Sur un plan industriel, la création d’un parc dédié, notamment le Kyoto Parc de Nador, pour accueillir les investissements en énergie propre, procède de la volonté des pouvoirs publics de donner de la consistance au Plan solaire national.
De toute évidence, les plates-formes à même de favoriser les échanges dans les énergies, notamment l’électricité, entre les rives nord et sud de la Méditerranée se multiplient chaque jour davantage. La plus en vue est sans conteste le réseau sousmarin Transgreen, censé acheminer vers l’Europe l’électricité qui sera produite par l’énergie solaire du Sahara. Ce projet vise à créer un large consortium d’entreprises pour répondre à l’objectif fixé par ce plan. Il s’agit de créer des capacités additionnelles de production d’électricité, essentiellement solaires, dans les pays méditerranéens pour une puissance totale de 20 gigawatts d’ici 2020 dont 5 seraient destinées à alimenter l’Europe. A ce titre le projet Transgreen, initié par la France et présenté à la réunion des ministres de l’Energie des 43 pays de l’Union le 25 mai dernier au Caire (Egypte), est pertinent. A noter que Transgreen fait également écho au projet Desertec. S’inscrivant également dans la philosophie global du plan solaire méditerranéen, le but de ce projet est de créer d’ici 2050 un vaste réseau d’installations de production d’énergie renouvelable. L’objectif de l’Union européenne est entre autres de répondre à 15% de la demande de consommation d’électricité en Europe mais aussi aux besoins croissants des populations du Maghreb et du Moyen-Orient en énergie et en eau (usines de désalinisation fonctionnant à l’énergie solaire).
En rejoignant le projet Transgreen le Maroc est sur la voie de devenir exportateur d’électricité vers l’Europe, conformément à ses ambitions dans le cadre du plan solaire. Cette adhésion, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du plan solaire méditerranéen, permettra à l’Office national d’électricité (ONE) de «réduire sa dépendance énergétique et mettre le cap sur l’exportation.
Sous le titre «Le Maroc, futur vendeur d’électricité à l’Europe. Ceci dit que l’ensoleillement des centrales solaires du pays offrent un rendement de 20 à 30 % supérieur à celles installées en Espagne. Une production bon marché revendue aux opérateurs, en moyenne 40 centimes en Europe, contre 7 à 10 centimes au Maroc.
Imposé par le ministre français de l’Energie, Jean-Louis Borloo, celui-ci prévoit que les électrons verts importés comptent dans les objectifs d’énergies renouvelables en Europe. Pour ce qui est de la transposition, en cours de négociation, elle pourrait se traduire par des tarifs européens de rachat solaire à l’importation».
Fort d’un littoral très exposé au vent, le Maroc prévoit l’installation de 2.000 mégawatts de capacités éoliennes d’ici à 2020. Et profitant d’un taux d’ensoleillement 30 % supérieur à celui de l’Espagne, il prévoit le même développement dans le solaire. «A l’achèvement de ces programmes, la part des énergies renouvelables dans la puissance électrique globale installée atteindra 42 %», a soutenu Mme Amina Benkhadra, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, à l’occasion de la signature
d’accords de coopération de l’ONE avec le gestionnaire de transport français RTE et Transgreen, l’initiative de réseaux méditerranéens.
Le plan solaire méditerranéen est l’un des chantiers prioritaires de l’Union pour la Méditerranée (UPM), qui connaît «un coup d’accélérateur tout à fait inattendu au Maroc, en passe de devenir un nouvel eldorado pour la jeune industrie de l’électricité solaire».
Grâce au développement massif de l’éolien et du solaire, le Maroc, qui importe actuellement 18 % de son électricité d’Espagne, se voit déjà exporter ses électrons verts vers l’Europe d’ici 2020.

A.S

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