Environnement
Dragage et développement durable
Les nouvelles donnes
La vocation du dragage, limitée jadis au maintien des
profondeurs nautiques dans les ports et les chenaux de navigation, s’étend aujourd’hui à tous les travaux d’interventions sur les fonds marins, que se soit pour l’aménagement et l’entretien des ouvrages, l’extraction des granulats, le rechargement des plages et des zones dégradées, etc ….
Le dragage, utilisé d’une façon intelligente, devient désormais
un instrument incontournable du développement économique et du développement durable. En Afrique, la problématique du
développement durable gagne de plus en plus une place sur le plan économique, avec l’accroissement des échanges commerciaux et avec son impact direct sur l’environnement, aggravée par les nouvelles donnes que sont les changements climatiques planétaires. L’urbanisation anarchique des dunes bordières et l’exploitation des sables des dunes et plages sont à l’origine des vulnérabilités des côtes.
Vulnérabilité des côtes
Le Maroc, avec plus de 3500 Km de côtes, n’échappe pas à
cette problématique, vu que les principales ressources de sable
surexploitées sont les plages et les dunes littorales. En effet, au cours de ces dernières années, le Maroc, pays en plein chantier, exprime des besoins de plus en plus croissants en sable compte tenu des projets et des programmes de l’Etat pour la réalisation des grands ouvrages d’infrastructures, la construction
des équipements sociaux et le lancement de nouveaux
méga-projets. La concrétisation de ces programmes, fort ambitieux, ne manquera pas de soumettre l’environnement à de fortes sollicitations. Ce qui nécessite la mise en oeuvre d’une stratégie de rationalisation des moyens et des ressources.
Les études menées il y a quelques années, prévoient une consommation de sable, à l’horizon 2010, de plus de
20 millions de m³. À cette date, les capacités actuelles
d’approvisionnement en sable, par le concassage, le sable des oueds et les opérations limitées de dragage seraient très insuffisantes
pour satisfaire les besoins. En effet, seules 7 millions de m³
seraient satisfaites et le recours au sable des plages et des dunes
littorales pour compenser le déficit en quantités de sable serait
inéluctable si aucune mesure ne serait prise d’ici là.
Dégradation du milieu littoral
L’Etat Marocain, conscient de l’ampleur de la situation et
sensible aux questions environnementales et de développement
durable, a clairement démontré sa volonté de s’attaquer avec force au problème de la dégradation du milieu littoral, en particulier à la pénurie du matériau sable, eu égard à la rareté des ressources nationales, à l’épuisement des ressources classiques d’approvisionnement (plages et cordons dunaires) et à la difficulté de régénération de ces gisements.
C’est ainsi qu’une commission interministérielle réunissant les
Départements ministériels concernés par cette problématique dont le Département de l’Equipement, a été chargée par le
Gouvernement d’étudier la question et de proposer des solutions
permettant de sauvegarder les écosystèmes littoraux, sans pour
autant pénaliser le secteur du BTP.
Mesures de protection de l’écosystème
De son côté, le Département de l’Equipement, conscient de la
problématique du sable au Maroc et du souci d’approvisionnement
des chantiers de BTP tout en prenant en compte les aspects liés à
l’environnement en général a interdit par une circulaire en date du 18 Février 1986, à ses services de délivrer les autorisations
d’extractions de sable des plages et les a incités renforcer la
surveillance du domaine public maritime. Ce Département a aussi entrepris plusieurs actions pour résoudre le problème
d’approvisionnement en sable dont notamment le lancement en 2001, d’une étude sur l’approvisionnement en sable des chantiers de bâtiment et de travaux publics compris entre Al Hoceima et El- Jadida visant la prospection de ressources alternatives à l’utilisation de sables de dunes et de plages tel que le recours aux sables de concassage ou de dragage. Citer aussi l’important travail réalisé qui a permis d’aboutir à l’adoption de la loi n° 08-01 relative à l’exploitation des carrières qui vise en particulier l’organisation de ce secteur et la protection de l’environnement.
Par ailleurs, il convient de souligner que ce Département
continue à multiplier ses actions et à renforcer sa stratégie pour
affronter les besoins de plus en plus croissants aussi bien à moyen qu’à long terme. C’est ainsi que dans l’objectif d’accompagner le développement durable du Maroc, le Département de l’Equipement se focalise actuellement sur des solutions alternatives vers le sable marin de la plateforme continentale, en cherchant la façon la plus soutenable, aux points de vue économique et écologique, pour résoudre cette problématique de pénurie de sable et faire face au
problème de surexploitation des plages et du littoral.
Une solution citoyenne
En tout état de cause, le sable de dragage est la solution
alternative citoyenne pour protéger le littoral. Les recherches
effectuées pour optimiser l’utilisation du sable de dragage dans le
béton et les pratiques industrielles ont montré que ce produit est
plus compétitif et assure des performances meilleures. Il présente
des caractéristiques intéressantes, c’est à dire conforme aux
critères d’acceptabilité pour différents usages selon les normes,
standards et recommandations diverses que les pays concernés ont édictés.
Le Maroc sera appelé dans un proche avenir à produire de
grandes quantités de sables de dragage. Il importe donc qu’il
puisse à son tour tirer le meilleur profit de cette ressource dans des conditions de sécurité toujours aussi exigeantes, en s’appuyant sur toutes les expériences réussies pour valoriser ce type de sable. Pour cela, il faut confronter les expériences étrangères, échanger les connaissances acquises, développer nos propres études pour confirmer ici ce que les résultats acquis nous montrent ailleurs.