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TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, : DE L’ÉNERGIE FOSSILE AUX RESSOURCES MINÉRALES POUR UNE INDUSTRIE VERTE
Selon les Nations Unies, le terme « changements climatiques » désigne les variations des températures et des conditions météorologiques sur le long terme. Ces variations peuvent être un phénomène naturel, mais depuis le début du XIXe siècle, elles résultent principalement de l’activité humaine, notamment de l’utilisation des combustibles fossiles (tels que le charbon, le pétrole et le gaz) qui produisent des gaz à effet de serre.
L’énergie est essentielle à la qualité de vie des habitants de la planète. L’énergie contribue au développement économique, à la réduction de la pauvreté, à l’éducation et à l’amélioration générale de la qualité de vie. Elle constitue une clé importante pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.
LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
La lutte contre le changement climatique est intimement liée à la réduction des Gaz à Effet de Serre (GES), ce dernier est identifié, par plusieurs études, comme une des principales raisons de réchauffement du globe terrestre, d’où la nécessité de réduire l’émission des GES. La figure ci-après présente l’impact de l’augmentation des émissions des GES et son impact sur la température du globe terrestre.
La flèche orange continue montre l’évolution de la température de la terre indexé à l’évolution des émissions du CO2 et la flèche pointillée montre la simulation de l’évolution de la température si nous ne réagissons pas sur les émissions du CO2. Cela montre que notre modèle économique et sociétale actuel n’est pas durable dans le sens où il induit des émissions des GES extrêmement importantes et si nous ne réagissons pas nous perturberons de manière grave le système écologique global. La limitation de ces émissions est majoritairement liée à la l’énergie.
MIX ENERGETIQUE MONDIAL
Le mix énergétique, dite aussi le bouquet énergétique, est la répartition des différentes sources d’énergies primaires (hydrocarbures, nucléaire, gaz, charbon, solaire, éolien, hydraulique, biomasse…) consommées dans une zone géographique donnée. La part des énergies primaires dans la consommation mondiale, d’un pays, d’une collectivité, d’une industrie est généralement exprimée en pourcentages.
La composition du mix énergétique est très variable elle peut évoluer fortement d’une période à l’autre. Elle dépend en effet :
• de la disponibilité des ressources exploitables sur le territoire ou de la possibilité d’en importer ;
• de l’ampleur et de la nature des besoins énergétiques à couvrir ;
• des choix politiques qui découlent du contexte historique, économique et social, démographique, environnemental et géopolitique.
Depuis la révolution industrielle, le développement des sociétés s’appuie largement sur l’usage des énergies fossiles. Dans le monde, la part cumulée du charbon, du pétrole et du gaz était en 2018 proche de 85 %, très loin devant l’hydraulique (6,8 %), les autres renouvelables (4 %) et le nucléaire (4,4 %).
L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a élaboré plusieurs scénarios de l’évolution prévisible du mix énergétique d’ici 2035 (Figure ci-après). Le scénario moyen (« New policies scenario ») met en évidence l’augmentation de la demande en énergie primaire, qui passe de 13 000 Mtep en 2011 à 17 400 en 2035. La part des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) restera largement dominante : elle passerait de 81 % en 2011 à 76 % en 2035. Les énergies renouvelables (y compris hydraulique et biomasse) seront en croissance : de 13 % en 2011 à 18 % en 2035.
Selon l’AIE, la progression des émissions de dioxyde de carbone est causée principalement par le secteur de l’énergie (figure ci-après). Avec un prix du gaz trop élevé, produire de l’électricité avec du charbon en substitution est plus rentable cela serait la cause d’un surplus des émissions mondiales de CO2. Du côté des énergies renouvelables, selon la même source, La production a affiché également une croissance historique au niveau mondial.
MIX ENERGETIQUE AU MAROC
Les politiques énergétique et climatique du Maroc ont connu des développements majeurs au cours des dernières années selon un rapport publié le 7 mai par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
L’AIE avait consacré un premier « rapport approfondi » au Maroc en 2014 et souligne dans sa nouvelle publication les efforts entrepris depuis lors pour stimuler les investissements dans les énergies renouvelables, donner accès à l’électricité à la quasi-intégralité de la population rurale et mettre fin à la plupart des subventions aux énergies fossiles. Malgré ces efforts positifs, l’AIE a rappelé que la consommation d’énergie primaire du Maroc repose encore à presque 90% sur les énergies fossiles : à 62% sur le pétrole, à 21,7% sur le charbon et à 5% sur le gaz naturel selon les dernières données de l’Agence portant sur 2017 (figure ci-après).
La production nationale d’hydrocarbures étant faible selon l’AIE, malgré quelques projets prometteurs en développement, notamment autour du permis gazier de Tendrara, le Maroc dépend très fortement des importations. La facture énergétique du Maroc liée à ces importations s’est élevée à 69,5 milliards de dirhams en 2017.
L’AIE a souligné les risques d’approvisionnement du Maroc, en particulier depuis la fermeture de sa dernière raffinerie pétrolière SAMIR. À ce titre, l’Agence appelle entre autres le gouvernement marocain à augmenter ses capacités de stockage de produits pétroliers.
Le Maroc a pour ambition de développer les énergies renouvelables. En 2009 a précisé que les énergies renouvelables devront compter pour plus de 52% des capacités électriques du pays à l’horizon 2030. Pour cela, le pays mise sur les différentes filières renouvelables : éolien (9,5% de la production électrique en 2017), hydroélectricité (4%), solaire (1,3%) incluant en particulier les centrales thermodynamiques, etc.
Les énergies renouvelables sont une composante majeure de la stratégie énergétique du Maroc qui dispose d’un potentiel important de ces énergies dont l’exploitation permettra de couvrir une part substantielle de ses besoins croissants en se substituant aux énergies fossiles (https://www.mem.gov.ma/Pages/secteur.aspx?e=2).
Cette stratégie vise également l’exploration de nouvelles sources d’énergie telle que la transformation énergétique des déchets (la biomasse) dans les grandes métropoles marocaines et le recours aux énergies renouvelables, en maximisant l’efficacité énergétique dans les bâtiments publics, dans le cadre d’un grand programme sur l’exemplarité de l’Etat. Cette vision a commencé de donner ses fruits, 111 projets des énergies renouvelables sont réalisés ou en cours de développement. La capacité installée de sources renouvelables a atteint 3950 MW représentant environ 37% dans le mix électrique (710 MW de source solaire, 1430 MW de source éolienne et 1770 MW de source hydroélectrique).
En conclusion, la transition énergétique impliquera le passage des énergies fossiles qui constituent d’environ 75% de source d’énergie, au développement des énergies dites « Bas Carbone », elle visera à améliorer l’efficacité énergétique en minimisant la consommation de l’énergie disponible et augmenter les énergie bas carbone (nucléaire et renouvelable) ce qui nécessitera ainsi un réseau de distribution intelligent pour gérer la production et la demande et enfin une grande capacité de stockage. Ceci aura un impact significatif sur le bilan matière nécessaire pour le développement des nouvelles technologies bas carbone.
TECHNOLOGIES BAS CARBONE
Au fil du temps, notre dépendance à l’égard du pétrole et des autres combustibles fossiles a entraîné de graves conflits politiques. Le passage aux énergies renouvelables présente des avantages immédiats en réduisant les coûts externes, c’est-à-dire les coûts engendrés par l’activité économique comme les frais de santé liés aux sècheresses ou encore les pertes provoquées par les inondations etc.
Le recours aux nouvelles technologie bas carbone est devenu une nécessité. L’AIE a publié son rapport annuel sur la situation énergétique mondiale actuelle et ses prévisions d’évolution pour 2050 : le World Energy Outlook 2021. En faisant différentes hypothèses sur la croissance économique et les politiques mises en place (figure ci-après) : Stated Policies Scenario (STEPS) ou Sénario des politiques déclarées et Net Zero Emissions (NZE) ou Zéro Émissions Nettes.
Le déploiement rapide des technologies à faible émission de carbone dans le cadre des transitions énergétiques propres implique une augmentation significative de la demande de minéraux essentiels (figure ci-après). Les centrales solaires photovoltaïques, les parcs éoliens et les VE (véhicules électriques) nécessitent généralement plus de ressources minérales pour être construits que leurs homologues à base de combustibles fossiles.
Dans les STEPS, les besoins globaux en minéraux pour les technologies d’énergie propre vont presque triplé entre aujourd’hui et 2050. Dans les NZE, la réalisation d’émissions nettes nulles à l’échelle mondiale d’ici 2050 implique des niveaux records de déploiement d’énergies propres et nécessite jusqu’à six fois plus d’intrants minéraux en 2050 qu’aujourd’hui. La demande de minéraux pour les véhicules électriques et le stockage des batteries sera multipliée par plus de 50 d’ici à 2050, tandis que l’expansion des réseaux électriques entraînera un doublement de la demande de cuivre pour les lignes électriques d’ici à 2050. Le lithium connaîtra la croissance la plus rapide parmi les minéraux clés, avec une demande multipliée par plus de 100 par rapport à son niveau actuel d’ici 2050, tandis que le cobalt, le nickel et le graphite connaissent également une croissance rapide de la demande. La demande de cuivre enregistrera la plus forte croissance absolue, avec une augmentation d’environ 14 millions de tonnes (Mt) d’ici 2050, ce qui accroît la taille du marché mondial du cuivre de 60 % d’ici 2050. Par conséquent, dans les NZE, les technologies énergétiques propres apparaissent comme le segment de la demande qui connaît la croissance la plus rapide pour la plupart des minéraux, passant d’un consommateur de niche à une source de demande de premier plan.
En conclusion, le besoin en minéraux classique diffère d’une technologie à l’autre en plus de l’ajout d’autres minéraux dite non classique comme les terres rares. L’ensemble de ses minéraux ne sont pas disponibles partout et l’approvisionnement en ces métaux et entouré par des risques conséquents qui dépendent de plusieurs facteurs : économiques, sociaux, environnementaux, géopolitique etc. ces ressources minérales nécessaires pour le développement de ses technologies seront appelés les métaux stratégiques. Nous donnons ci-après les besoins en métaux stratégiques par secteur selon le dernier rapport « Critical Raw Materials » de l’Union Européen à titre d’exemple (figure ci-après), 2020 (https://rmis.jrc.ec.europa.eu/?page=crm-list-2020-e294f6).
Par : M. Youssef DAAFI
European Geologist & Certified Professionnel Geologist
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