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Moucherons calamiteux attaquent vignes et olives

Une menace qui bouleverse l'alimentation humaine

Les perspectives ouvertes par le changement climatique pour l’alimentation humaine ne sont pas réjouissantes. C’est le tableau lugubre et déprimant définit la perdition des produits comme tomates, pommes de terre, oranges, olives, thé… qui sont voués à disparaitre à échéance plus ou moins longue, de nos assiettes. De l’avis des auteurs du livre « La fin de l’alimentation »Wilfried Bommert et Marianne Lanzettel, le changement climatique, c’est l’ensemble de notre consommation alimentaire qui va être modifiée, affirment-ils.
Avant d’en arriver à ce constat les deux auteurs — elle, journaliste indépendante, spécialisée de l’agriculture et de l’alimentation, lui, également journaliste, ont sillonné le monde (mais ni la Chine ni la Russie) à la rencontre d’éleveurs et d’agriculteurs dont l’activité est menacée par le bouleversement climatique. La structure de l’ouvrage est simple : un lieu, une problématique, un reportage.
Le premier nous amène dans la Grande Vallée, en Californie, l’une des régions les plus fertiles de la planète. Ce jardin fournit aujourd’hui 80% de la production mondiale d’amandes, la moitié ou plus, selon les années, des légumes consommés aux États-Unis, sans parler de la vigne, qui pousse en abondance, des agrumes, des noix, du riz… Or, le climat de la Grande Vallée se dérègle, les années de sécheresse ont tendance à succéder aux années de sécheresse (avec, parfois, des trombes d’eau inouïes) et l’eau devient un bien aléatoire qu’il faut faire venir, de plus en plus loin, via des canaux ou pomper de plus en plus profondément. Bref, la Grande Vallée est menacée. « Quand je pense aux vingt-cinq années à venir, si le changement climatique se poursuit au même rythme, s’il neige moins en montagne, je ne suis pas sûr que nous puissions continuer à cultiver [des noix, des pêches, des amandes] », redoute un agriculteur cité dans le reportage.

« Le café est en passe de devenir une boisson de luxe ». Les perspectives ne sont guère plus réjouissantes au Brésil, le premier producteur mondial de café. Pour répondre aux températures qui augmentent, il faudrait déplacer les plantations de caféiers sur les hauteurs mais, au Brésil (tout comme en Côte d’Ivoire, au Kenya ou en Éthiopie, autres grands pays producteurs), les plants atteignent déjà des sommets. « Le café est en passe de devenir une boisson de luxe, qui ne sera bientôt accessible qu’aux hipsters et aux plus fortunés, et que l’on servira exclusivement, comme jadis, dans de minuscules tasses », en concluent les auteurs.
À continuer ainsi, sur les traces des deux enquêteurs, on découvre qu’un moucheron calamiteux pour les vignes (drosophila suzukii), arrivé d’Asie par des routes de la mondialisation encore mal identifiées, est à l’œuvre tandis que la mouche de l’olive, tout aussi dévastatrice, partie du sud de l’Italie, remonte, elle, vers le nord. Dans les deux cas, des hivers moins rigoureux, plus doux, expliquent l’expansion phénoménale des insectes tueurs. On découvre également comment le miracle économique du sud de l’Espagne devenu en quelques années le potager de l’Europe du Nord tourne au cauchemar : à pomper trop d’eau pour faire pousser trop vite les tomates de « la mer de plastique », un vide se crée dans le sous-sol que vient progressivement combler une eau saumâtre venue de la mer Méditerranée.
Ce tableau interminable des conséquences du changement climatique sur notre assiette est d’autant plus lugubre et déprimant que les auteurs ne s’étendent guère sur les solutions possibles. Au hasard des pages, ils vantent le modèle de l’exploitation (surmédiatisée) en Normandie, mais en définitive se contentent de présenter un catalogue de mesures classiques. Ainsi préconisent-ils d’améliorer la qualité des sols, d’encourager la recherche sur la sélection des semences, de protéger les insectes pollinisateurs, de se tourner vers le numérique et ses applications… Autant dire que le lecteur, si l’on peut dire, reste sur sa faim.

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