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Le cuivre vaut le prix d’or

Le cours de la tonne de cuivre prend l’envolée au rythme accéléré sur le marché des métaux ces derniers temps. Libellé en monnaie américaine le dollar, il fait ascension pour glaner autour d’indicateurs prometteurs. C’est son record historique que vient bouleverser la donne et faire enregistrer dans son actif une conjoncture florissante en terme de demandes intensifiées.

Le prix de la tonne de métal rouge échangé en Bourses occidentales, accentué par un déficit croissant sur le marché mondial, a atteint pour la première fois le seuil des 10.000 dollars la tonne.
Le cours à la livraison. Soutenu par un affaiblissement de la monnaie américaine ces derniers jours, ce prix encourage les achats libellés en dollar, mais aussi par les indicateurs macroéconomiques positifs. Le prix de référence du cuivre a fini par briser le seuil des 10.000 dollars qu’il côtoyait à la hausse, nourri par l’optimisme sur la reprise économique mondiale, en particulier après les indices manufacturiers. Indices directeurs d’achats publiés récemment, et indiquant que l’activité dans l’industrie manufacturière s’est accélérée en zone euro depuis janvier 2011, et qui continue de progresser surtout en Chine, premier consommateur de cuivre dans le monde.
Aux États-Unis, deuxième consommateur mondial, l’activité des industries manufacturières a commencé l’année 2011. Elle est enfourchée dans de mauvais draps. Envoutée par la demande internationale qui se fait autour du métal, les données s’annoncent robustes en cette année. Compte tenu des difficultés qu’encours la production minière en ces derniers temps. Chiffres croissant qui augurent d’une demande mondiale de cuivre en hausse. Celle-ci pourrait progresser de 5,2% en 2011 et de 4,2% en 2012, selon de récentes estimations de la Commission chilienne du cuivre (Cochilco).

La capacité marocaine
En 2006, la production nationale de cuivre et laiton a atteint les 17 000 tonnes alors que l’équivalent de 23 700 tonnes de ces deux minerais a été exporté en tant que ferraille. Des exportations qui sont faites en dehors de toute vision des besoins du pays en la matière. Exportations que l’industrie métallurgique (fonderie et sidérurgie) au Maroc présente comme capacité suffisante pour transformer toutes les quantités de déchets de métaux actuellement exportées.
Les simulations faites par la Fédération des industries métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (Fimme) estiment un manque à gagner pour l’industrie locale, en terme de valeur ajoutée, qui se chiffre à 480 MDH.
Dans la situation actuelle, la balance commerciale extérieure pour les métaux est déficitaire car les industries locales sont obligées de réimporter ces mêmes matières à des prix plus élevés, voire des matières plus élaborées (demi-produits) et encore plus chères. Ils paient également les frais de transport car le fret maritime est effectué principalement par des compagnies étrangères payées, de surcroît, en devises. C’est une situation qui pourrait créer un déséquilibre et une injustice, estiment
les professionnels. Sur le plan fiscal, les ferrailleurs, dernier maillon de la chaîne de récupération, exportent ces matières en exonération d’IS et de TVA. Cette exonération leur permet également d’acheter n’importe quelle marchandise sans facture, en particulier les marchandises volées, créant ainsi un véritable circuit de blanchiment.
On ne peut ignorer le scandale qui s’est fait la part de lion dans la presse nationale, faisant état d’une vendetta qui s’est livrée au braquage cuivré celui-ci, soit 850 mètres de fils de cuivre pour téléphone volés à Al Hoceima, et quelques kilomètres de fil à haute tension entre Casablanca et Bouznika. Une situation de pénurie qui pourrait faire rentrer en effraction plusieurs autres malfrats tant que ce métal vaut aujourd’hui le prix de l’or. Des effets secondaires ont aussi affecté les entreprises propriétaires de réseaux filaires. Vol et recel de cuivre sont ainsi devenus monnaie courante. L’Office national des chemins de fer (ONCF), l’Office national de l’électricité (ONE) et Maroc Telecom arrivent en tête des entreprises touchées de plein fouet par ce phénomène et en avaient payé les frais. En 2006, l’ONCF a perdu 5 MDH à cause de ces actes.
Dans ce contexte, le cuivre a bien tiré sur lui les convoitises sulfureuses d’une soif cherchant abreuvoir dans le commerce illégal du métal. Sur les dix premiers mois de 2010, un déficit de production d’environ 400.000 tonnes est apparu, contre un surplus de 32.000 tonnes sur la même période l’année précédente, d’après le dernier rapport du Groupe international d’étude du cuivre (ICSG) publié dernièrement. Les experts s’attendent à un déficit croissant sur le marché mondial, de quoi exacerber les tensions des opérateurs, nourrir la hausse des cours et exacerber l’appétit à d’autres procédés de trafique.

Hammoud

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