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Les énergies renouvelables entre faisabilité et coût de production

Si aujourd’hui les énergies renouvelables ont le vent en poupe, leur coût tant économique qu’environnemental laisse parfois à désirer. Et si la substitution d’énergies dites propres à celles qualifiées de carbonées est positive sur le papier, il peut en être, en effet, autrement dans les faits. Ainsi, l’International Ressource Panel (groupe d’experts mis en place par l’ONU en 2007 afin de surveiller et d’étudier les ressources planétaires) a mesuré les besoins en acier et en métaux rares nécessaires pour la production d’un kilowatt heure d’électricité.

Selon cette étude, la production d’électricité, à partir d’énergies renouvelables, consomme de deux à six fois plus de matières que celle réalisée de manière conventionnelle. L’éolien et le solaire concentré sont les moins rentables. L’énergie la moins consommatrice de matière est le gaz naturel. Contrairement à ce qu’avance un groupe d’écologistes, dont le journal New Telegraph fait écho, soutenant que le projet gazier nigérian-marocain, de 20 milliards dollars d’investissement, fait face aux menaces écologiques qui pèsent sur sa réalisation. Et pourtant ce pipeline, tant attendu, doit fournir le brut nigérian au Maroc et à 14 autres pays d’Afrique subsaharienne en manque d’approvisionnement énergétique. Ce groupe, avance, tel quel, une hypothèse infondée et contraire à l’étude onusienne sur les énergies à faible production du CO2. Le gaz naturel, tout compte fait, reste prioritaire et en conformité avec la « réalscientifique ».

Rappelons que le Nigéria et le Maroc avaient déjà achevé l’étude de faisabilité relative à la construction des installations de 5 660 kilomètres de gaz. Cependant, ce groupe se cramponnant aux affirmations mal intentionnées, se limite aux » faits des coûts réels qui seront probablement beaucoup plus élevés ». Sic.

En réalité, l’exploitation des énergies renouvelables nécessite le recours à du cuivre, de l’argent, de l’aluminium, du zinc, du platine, du neodymium, de l’indium dont l’extraction ou la production exige de grandes quantités d’énergie. Par ailleurs, au rythme actuel de consommation, les stocks de métaux rares pourraient être épuisés pour un certain nombre d’entre eux d’ici le milieu du siècle. Ainsi, les réserves d’indium, minerai utilisé dans les panneaux photovoltaïques, auront disparu en 2040. Il est possible de favoriser le recyclage de ces minerais mais pour le moment l’industrie éprouve quelques difficultés à trouver les solutions techniques. Les batteries utilisées par les voitures électriques sont actuellement difficiles à retraiter.

Rendement énergétique
Le retour sur investissement en énergie est le ratio de la quantité d’énergie extraite ou produite sur l’énergie nécessaire pour l’obtenir. Doit être intégrée l’éventuelle déperdition au moment de la production, du transport ou de l’utilisation. Le pétrole et le gaz bénéficient de retour sur investissement élevé. Pour le pétrole, ce ratio a longtemps été de 15 pour 1. Le coût d’exploitation des nouveaux gisements étant en hausse, il est tombé à 10 pour 1. Le retour sur investissement du gaz naturel est de 20, mais il tend également à diminuer. Cette énergie est pénalisée par le coût des transports.

L’énergie nucléaire a longtemps été jugée très efficiente mais son rendement tend à décroître avec la multiplication des normes de sécurité. Les énergies renouvelables ont, de leur côté, des ratios variables. La plus performante reste de loin l’hydraulique sous réserve de la taille de l’équipement et de la régularité de l’alimentation. Le ratio peut atteindre 30. L’éolien ou le solaire ont des ratios faibles se situant entre 1 à 5. Leur pouvoir énergétique reste faible. Les équipements à réaliser nécessitent en amont une forte consommation en énergie et en matières premières. Elles souffrent par ailleurs de problèmes de stockage.

En l’état actuel des techniques, le recours croissant aux énergies renouvelables n’aboutit qu’à déplacer la pollution. Les pays avancés transfèrent sur les pays émergents une partie des émissions de CO2 dont ils étaient à l’origine. Sans un réel saut technologique, le mix énergétique restera dominé par des combustibles fossiles dans les prochaines années. Sans le développement de l’énergie nucléaire, une réelle réduction des émissions de gaz à effet de serre est pour le moment hypothétique, sauf à revoir de fond en comble le paradigme de croissance économique.

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