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Sécheresse : l’extrême va-t-il progressivement devenir la norme ?

Tout le monde s’inquiète de la précocité inédite de cette vague de chaleur et de la survenue de plus en plus précoce de ces événements extrêmes. Les risques prévus pour 2050 ou la fin 21ème siècle sont en train d’arriver avec des décennies d’avance. Les études scientifiques qui datent de seulement quelques années sont déjà obsolètes.

Et même les plus climato-sceptiques sont aujourd’hui affrontés à ce changement climatique qui devient plus perceptible chaque année.

Oui, ça va devenir peu à peu la norme si on n’arrête pas d’être spectateurs passifs des incendies de forêts et autres conséquences directes de la crise climatique, et proposons des solutions concrètes. Nous sommes déjà en train de vivre les prémices des conséquences du changement climatique, hors des pages des rapports scientifiques :

Déclenchement des incendies distincts à des moments quasi simultanés, ce qui détruit tout l’écosystème forestier (animaux, plantes, micro-organismes) qui joue un rôle important dans la purification de l’air, ce qui engendre à son tour des problèmes sociaux et économiques puisque la forêt constitue une source de subsistance pour les habitants qui sont à l’interface avec des massifs naturels (ex., espaces de pâturage pour nourrir le bétail, etc.).

Des perturbations pluvieuses qui affectent directement les rendements agricoles.

La consommation d’électricité qui augmente en raison de la forte utilisation des climatiseurs.

La canicule, associée notamment à la guerre Russie-Ukraine, a également des effets conséquents sur l’approvisionnement en électricité. Par exemple, un assèchement des fleuves et des rivières a des conséquences sur la production d’électricité par les barrages. De plus, certaines centrales thermiques, dépendantes des fleuves pour leur refroidissement, vont devoir être arrêtées.

Les océans sont également affectés par le changement climatique. En effet, les océans absorbent une grande partie des émissions de CO2 d’origine anthropique, ce qui entraîne leur acidification. Plus ils absorbent le CO2 de l’atmosphère, plus leur pH diminue, et moins ils peuvent absorber de CO2.

Mais, ces étés caniculaires et pyromanes ne sont que le début de ce qui risque d’être rapidement invivable. Ils peuvent devenir bien pire dans le futur si l’on reste passifs au dérèglement climatique et l’on continue d’émettre les Gaz à Effet de Serre (GES). L’ampleur de ses conséquences dépend de nos actes et de notre rapidité à réduire nos émissions de GES.

Il faut noter qu’il existe un cercle vicieux entre les incendies de forêt et le changement climatique : les températures plus chaudes et l’aridification du climat rendent les incendies plus probables et lorsqu’un feu se déclenche dans une région, ces flammes dégagent des particules qui opacifient l’atmosphère et dégagent une pollution par les GES (nocifs pour l’organisme humain) qui entraîne une aggravation des risques du réchauffement climatique [1].
Cela signifie que travailler à atténuer le nombre et la gravité des incendies de forêt contribuera également à limiter le changement climatique.

Certains aspects d’incendies de forêt sont difficiles à contrôler. Cependant, tous les incendies de forêt causés par l’homme peuvent être réduits ou même évités grâce à la fédération des efforts de tous. Les actions individuelles sont indispensables, tout autant que les actions collectives, les deux sont indissociables.

Nous sommes à la croisée des chemins. S’adapter à un climat qui change est donc indispensable. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut se résigner et considérer qu’on ne peut plus rien y faire. L’inaction climatique coûte beaucoup plus cher que l’action.

Il faut redoubler de vigilance et adopter une stratégie claire d’atténuation et d’adaptation, à la hauteur des enjeux, avec la mobilisation des moyens nécessaires pour atténuer les feux de forêts (ex., il faudra améliorer les mesures de prévention et de suppression des feux en diffusant des consignes portant sur les gestes dangereux, il faudra davantage de formations novatrices sur les questions de changement climatique et les conséquences de nos modes de vie sur l’augmentation de ces risques, comment s’adapter et les atténuer …).

Le dernier rapport du groupe 3 du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC ; en anglais: Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC)[2]—qui aborde les solutions globales à mettre en œuvre pour atténuer le changement climatique et ses effets—préconise, que pour une réduction drastique des émissions de GES pour limiter le réchauffement à 1,5 à 2 °C, la sobriété énergétique est absolument nécessaire aujourd’hui. Elle comprend l’ensemble de mesures et pratiques quotidiennes et évitent des demandes d’énergie mais aussi d’eau.

Le GIEC recommande également le développement des énergies renouvelables. Un défi de taille, vu l’ampleur des problématiques techniques et économiques [3], mais nécessaire pour l’avenir, notamment du Maroc (bien qu’il fait partie des pays qui contribuent le moins à la crise climatique). Car l’attente risque de voir se développer des systèmes de climatisation peu performants dont la consommation d’électricité, issue généralement de centrales fonctionnant aux énergies fossiles pendant les pics de consommation, aggrave le changement climatique.

Références
[1] Mike Flannigan. « Les incendies et les changements climatiques » “Fire and Climate Change”
[2] Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Working Group III Contribution to the IPCC Sixth Assessment Report.
[3] Ayat-allah Bouramdane, « PV, CSP et Éolien au Maroc: Intégration à Géométrie Variable », Énergie/mines & carrières, 15 Juillet
(2022), https://energiemines.ma/pv-csp-et-eolien-au-maroc-integration-a-geometrie-variable/
Ayat-allah Bouramdane (PhD)
Ingénieure-chercheure dans le domaine des énergies renouvelables, flexibilité d’énergie (ex., stockage) et variabilité/changement climatique.

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