Carburant et contrebande font bon ménage

Le carburant fait bon ménage avec la contrebande.Produit indispensable pour notre quotidien, il fait le bonheur des uns et le malheurs des autres, et ne cesse de se développer dans l’ombre des marchés réguliers. Ce commerce improvisé et contourné par des trafiquants algériens, s’accommode avec le prix du carburant en Algérie et se vent au prix le plus bas dans la région. Inspirant les pouvoirs publics marocains de le faire imposer éventuellement d’une taxe.

Sachant que dans les pays du Maghreb le carburant est subventionné en Libye, il coûte moins cher que l’eau minérale. Ce trafic, qui envahit les pays voisins, est donc très lucratif. Des tonnes de carburant sont acheminées par les trafiquants en camions citernes vers les pays frontaliers comme la Tunisie, le Maroc. D’importantes quantités d’hydrocarbures en provenance de Libye ont été saisies en 2017 près de la frontière avec la Tunisie.

Selon l’agence Ecofin, qui cite un rapport du think tank américain, la contrebande représente 30% de la consommation nationale en Tunisie, soit 3,6 millions de litres par jour. Là aussi, les clients affluent en raison des tarifs nettement inférieurs à ceux pratiqués par les stations-services du pays.
Un récent rapport publié par le groupe de réflexion américain, « Le conseil atlantique », ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur parce qu’il n’est pas assez combattu par les gouvernants des pays concernés, et, il resterait invisible pendant de nombreuses années, les gens ne reconnaissent pas le trafic pétrolier en aval comme un problème. En effet, le carburant de la contrebande en provenance d’Algérie alimenterait 16% des véhicules en circulation au Maroc et 660.000 en Tunisie. Pour traverser les frontières, les produits pétroliers sont généralement transportés à dos d’ânes, chargés de jerricans.

L’essence de contrebande représente plus de 75% de la consommation, bien qu’elle soit considérée de mauvaise qualité, ce produit est apparu sur le marché en raison de son prix qui varie: 0,40 euro le litre contre 0,60 euro pour la pompe. Pas si facile d’éradiquer une activité qui nourrit des milliers de familles, reconnaît un responsable chargé de la planification et du développement.
On ne peut pas régler ce problème uniquement par les contrôles policiers et douaniers. Si cela était suffisant, la contrebande d’essence aurait été déjà éradiquée», confie Abdoulaye Bio Tchané au quotidien béninois La Nouvelle Tribune.
A défaut d’éradiquer cette activité, plusieurs gouvernements envisageraient d’imposer une taxe sur l’essence de contrebande. Il s’agit pour les autorités du pays de provoquer le renchérissement du prix de ce produit, et par ricochet, décourager les amateurs du carburant de contrebande.
Le prix de l’essence est pratiquement gratuit au Venezuela puisqu’il coûte 0,01 dollars contre 0,24 dollars en Arabie saoudite, selon (le site global petrolprices.com). L’Algérie se classe au troisième rang des pays où l’essence est la moins chère: 0,28 dollar.
L’écart des prix entre l’Algérie et le Maroc est encore plus prononcé. Car, le litre d’essence au Maroc est de 0,99 dollar, une différence de 0,71 dollar. Il est inutile, disent les experts, de regarder de très loin le fait que l’économie de l’est du Maroc repose très largement sur l’activité de contrebande de carburant.
Il doit, a-t-il déclaré, se rapprocher de la vérité des prix grâce à une augmentation progressive qui permettra de mieux contrôler la croissance de la consommation et de mettre fin au gaspillage et aux divers métiers.