Mines Géologie

Le charbon face aux autres sources d’énergie

Le combustible fait des ailes

On appelle charbon des roches sédimentaires d’origine organique contenant au moins 50p. 100 de carbone. Les origines du charbon remontent à l’époque du Carbonifère, il y a de 250 à 300 millions d’années, lorsque la forêt hercynienne a engendré la concentration de dépôts considérables de débris végétaux qui ont été recouverts de terre et d’alluvions à la suite d’affaissements du sol ou d’une élévation du niveau des eaux.
Ce cycle se perpétue pendant des millions d’années, créant ainsi une alternance de couches de matière organique et de couches stériles. Au fur et à mesure de leur maturation, ces couches de matière organique sont passées, au cours des temps géologiques, par des états successifs: tourbe, lignite, houille puis anthracite. (les tourbes sont quaternaires ou contemporaines, les lignites sont secondaires…)

La problématique énergétique au Maroc se caractérise par de faibles ressources nationales en énergies
fossiles, d’où des importations, notamment en produits pétroliers et en charbon. C’est en partie la question de coût d’exploitation qui a amené les pouvoirs publics à s’en passer des mines de Jerada. Mais aujourd’hui, en ce moment où la facture énergétique fait appel au réveil de nos capacités de produire de l’énergie, ne serait-il pas louable de revenir sur les sentiers battus et faire d’une seule pierre deux coups. La question sociale est l’une des questions sinon des problèmes à surmonter pour reprendre bel et bien l’exploitation d’une mine qui peut encore satisfaire la demande. D’autant plus que le développement
économique et social du Maroc entraîne une telle élévation des niveaux de vie et implique un accroissement de la consommation énergétique. Tant en termes de ressources physiques qu’en termes de marché et d’expérience, le Maroc dispose d’un potentiel important pour un développement massif des énergies renouvelables.
Mais il est aussi de grande importance géostratégique de réfléchir à de tels marchés comme celui du charbon. L’exploitation des mines de charbon assure un nombre appréciable d’emplois. Les objectifs de chaque exploitation sont ceux de toute entreprise: produire au meilleur coût économique et assurer au personnel les meilleures conditions de travail, d’hygiène et de sécurité. La nature des gisements et les conditions techniques d’exploitation, qui sont intimement liées, influencent fortement les résultats.
La production mondiale de houille marque une progression annuelle moyenne de 2p. 100 entre 1980 et 2004. En 2004, elle a atteint 5.560 millions de tonnes. Cette production est réalisée pour environ 50p. 100 en mines souterraines et 50 p. 100 en mines à ciel ouvert. La part de ces dernières est en forte progression. Cette situation résulte du fait que le charbon extrait des mines à ciel ouvert coûte en moyenne deux à trois fois moins cher que celui des mines souterraines.
La Chine par exemple reste le premier producteur de la planète (1 960 Mt en 2004), avec une croissance annuelle de 3,5 p. 100 depuis 1990. Le complément est assuré par l’Amérique du Nord (1 085 Mt en 2004), l’Union européenne (597 Mt), l’ex-U.R.S.S. (260 Mt) et enfin l’Océanie (220 Mt). La forte croissance de la Chine et des États-Unis fait plus que compenser la baisse enregistrée dans les pays d’Europe occidentale au cours de ces dernières années. Globalement, la demande d’énergie primaire croît dans le monde à un taux annuel moyen de l’ordre de 1,6 p. 100. La part des combustibles fossiles (houille, gaz et pétrole) ne pourra que croître pour satisfaire cette demande, et on prévoit qu’elle atteindra 85 p. 100 de la demande totale en énergie primaire en 2030. L’énergie primaire est l’énergie puisée dans la nature (houille, pétrole brut, gaz naturel, géothermie…) avant toute transformation. Pour la houille, la production primaire est définie comme la production nette sortie de mine après élimination des déchets de production. Enfin, une modification structurelle de la répartition mondiale de la demande énergétique prendra place dans les prochaines années, avec une baisse de la part des pays de l’O.C.D.E. au profit du reste du monde. C’est dans ce reste du monde que les combustibles solides connaîtront leur plus forte croissance, avec essentiellement le développement (…).
Quels enjeux environnementaux pour le charbon?
On ne reviendra pas sur les impacts associés à l’extraction, au transport et au stockage. En ce qui concerne les centrales thermoélectriques, les émissions acides (Sox et NOx) des années 1980 ont été bien réglées, même si le parc mondial présente des disparités notables entre les centrales à émissions extrêmement réduites dans les pays de l’O.C.D.E. et des centrales émettrices de quantités encore trop importantes dans les pays en transition et en développement. Les centrales de l’avenir affichent des objectifs ambitieux en termes de réductions de ces émissions, plus de 99 p. 100 pour le SO2, les Nox et les particules, 95 p. 100 pour le mercure.
La situation est nettement plus compliquée pour les émissions de CO2, gaz à effet de serre générateur du phénomène de changement climatique actuellement constaté.
Au sein de l’éventail de mesures spécifiques envisagées figurent, en bonne place, le captage du CO2 suivi de son stockage Les énergies renouvelables peuvent se substituer aux énergies fossiles; en particulier l’énergie éolienne qui est techniquement la plus à même de produire un impact effectif sur la balance énergétique du pays. En effet, sa faisabilité technologique et commerciale semble faire partie du domaine du concret.
Le solaire lui contribuera certes à l’élévation du potentiel énergétique mais tout seul ne peut réaliser l’autosuffisance .Il continuera toutefois de jouer un rôle d’appoint dans certains usages, tels que le chauffage de l’eau, le pompage d’eau potable et la fourniture d’électricité décentralisée dans les zones rurales isolées.
Étant donné la forte dépendance de l’énergie hydraulique par rapport aux régimes pluviométriques, le développement de cette énergie pourrait souffrir de la comparaison avec les autres options de production d’électricité.
Concernant la biomasse-énergie, la diffusion limitée des équipements (quelques milliers de foyers améliorés et une centaine de chaudières améliorées de hammams) reste le handicap majeur pour produire les effets escomptés.
Ces deux marchés semblent être difficiles à mettre en place et à développer, bien qu’ils soient pourtant essentiels pour la sauvegarde de la forêt marocaine.
Un marché à créer est celui de l’architecture bioclimatique, actuellement ignorée des pouvoirs publics. Ce domaine représente un énorme potentiel d’économie d’énergie, surtout dans un pays ensoleillé tel que le Maroc. L’architecture bioclimatique peut, par exemple, permettre le chauffage en hiver et la climatisation en été des bâtiments administratifs, des hôtels, et des logements.

E.M

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