ECOLOGIE

Le cèdre, un arbre visé par la guillotine

La surexploitation et les attaques parasitaires limitent sa courbe de vie

Dans mon pays, l’histoire du cèdre se présente comme un roman. L’aventure devient merveilleuse avec le plus grand cèdre sur les pentes ensoleillées. Et, la saga se poursuit depuis toujours, auréolée de mystères, de rumeurs, de controverses, mérite d’être contée. D’autant plus que jamais, le Cèdre de l’Atlas, depuis longtemps, présente un « mal aimé » de la poésie forestière, est devenu un prince du soleil. Quand le promeneur, au détour de la route forestière menant au sommet de la vallée, se retourne dans la vieille cédraie, s’arrête ébloui, muet d’étonnement. Il est plongé dans un autre monde, enchanté, plein d’antiques légendes.
Un Cèdre majestueux, sur un destrier blanc, accompagnant d’un rayonnant de lumière provient du soleil qui a perdu de sa force devant une brise de fraîcheur. Sur ce flanc ensoleillé de la montagne, face au sud, dans une cascade de cailloux blancs où toute la terre semble absente, Cèdre, cet inconnu de la mémoire des hommes, se faufile, envahit, interfère, intègre et colonise l’espace de façon décontractée. Sa richesse floristique estimée à mille espèces dont environ 10% d’arbres, 15% d’arbustes et 75% de plantes herbacées annuelles ou vivaces. L’architecture paysagère des montagnes du nord-centre du Royaume est largement façonnée par les écosystèmes forestiers organisés par le cèdre de l’Atlas. Une fois bien préservés, ces écosystèmes se distinguent par leur taille, la hauteur des arbres, la beauté et le port majestueux et élancé qui, dans certaines vallées, dépasse les 50 m de hauteur… Par contre, les bosquets de cèdres dégradés est en train de mourir dans des zones à conditions écologiques marginales créant un paysage de grande désolation.
Les principaux massifs se trouvent dans le Rif, le Tazekka, le Moyen Atlas central et oriental et le Haut Atlas oriental (Mâasker et Ayachi). Son amplitude écologique est relativement large. Il se coince dans des bio climats froids humides et sous-humides et affiche une indifférence face à la nature chimique des substrats. Cette plasticité explique les variations assez importantes observées entre les différents peuplements.
Dans une publication, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), déclare à partir de sa liste rouge, qu’il y a 20 344 espèces menacées d’extinction sur 70 294 espèces évaluées, la plus ancienne et la plus grande du monde. Cette mise à jour constitue la première réévaluation globale des populations de conifères. Les résultats démontrent que 34% des cèdres, cyprès, sapins et autres conifères sont aujourd’hui menacés d’extinction, ce qui représente une augmentation significative de 4% depuis déjà une dizaine d’années. Au total, le statut de 33 espèces de conifères, en particulier le cèdre de l’Atlas, s’est détérioré et est devenu moins intéressant. Il est aujourd’hui menacé de disparition en raison de la surexploitation et de parasites qui limitent sa courbe de vie. Mais les forêts de conifères comme le cèdre de l’Atlas contiennent trois fois plus de carbone que les forêts tempérées et tropicales. Il constitue le fondement d’un écosystème unique qui abrite plus de la moitié de la biodiversité marocaine. Le fait qu’il soit menacé est synonyme de menace sur toutes les espèces qui dépendent de sa présence pour survivre.
En outre, des milliers d’arbres sont coupés dans la région du Moyen Atlas, qui abrite l’une des plus grandes réserves d’eau du pays. Son bois est un matériau intéressant pour la décoration et l’ameublement, facile à assembler et très convoité pour la fabrication de meubles haut de gamme destinés à une clientèle généreuse, le cèdre attire chaque année des milliers de braconniers qui le coupent illégalement, en l’absence de surveillance et de vigiles forestiers avertis en premier les agents des Eaux et Forêts.
Les plantations de cèdres marocains se développent principalement dans le Moyen Atlas, le Rif et le Haut Atlas. Atteignant une superficie de 131 800 h, préférant pour se développer les zones montagneuses. L’histoire du cèdre au Maroc est remplie mystères, de rumeurs, de controverses, et elle mérite d’être racontée et prise en considération par nos chercheurs pour divulguer les menaces qui entourent cet arbre aux mille vertus et le conserver c’est participer au bien-être de notre environnement.

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