Energies Renouvelables
Éolien: Atouts du Maroc et pouvoir de production
Le Maroc a affirmé très tôt sa volonté de devenir un des hauts lieux de l’énergie éolienne dans le monde. Une étude de nombreux sites d’implantation, réalisée par le Centre marocain de Développement des Energies Renouvelables (CDER) a permis d’aboutir à la création du bassin éolien Abdelkhalek Torres. Comprenant le parc éolien d’Al Koudia Al Baïda et un parc modèle (3.5 MW, exploité par l’Office National d’Electricité). Puis, de nombreux autres projets suivront notamment ceux lancés par l’ONE pour une puissance totale de 200 MW (140 MW à Tanger et 60 MW à Tarfaya.
Le développement de l’énergie éolienne est un succès européen, et son potentiel pourrait être assez grand pour subvenir aux besoins électriques de toute l’Europe. Cette alternative est toutefois limitée par la très forte densité de la population européenne, ce qui limite les superficies mobilisables. Or la majeure partie de l’Afrique du Nord est composée de déserts, où la sécheresse permanente et un rayonnement solaire élevé ont limité la croissance végétale, rendant ainsi la présence humaine très difficile. L’amplitude thermique élevée combinée à l’érosion éolienne chronique a détérioré la morphologie de cette région, au point que plus de 90% de la superficie actuelle du Sahara est constituée de plaines et de plateaux rocheux. Cette surface présente un coefficient de résistance au vent particulièrement bas. Les dunes de sable représentent en fait moins de 10% de la superficie totale du Sahara.
L’intersection entre l’Océan Atlantique et le désert du Sahara crée une zone d’échange énergétique globale caractérisée par la présence de vents réguliers qui pénètrent profondément à l’intérieur de ce territoire. La région côtière atlantique du Maroc vers la Mauritanie, longue d’environ 2000 kilomètres, représente l’une des plus grandes superficies ventées au monde. En raison de ces conditions climatiques extrêmement dures, la densité de population vivant dans ce secteur est de moins de 1 habitant/km². Cette population est essentiellement concentrée dans des agglomérations. Les grandes masses d’air chaud s’élèvent à l’équateur (à 1000 kilomètres au sud) vers les couches plus élevées de l’atmosphère et migrent vers les latitudes du Nord, où les températures sont plus froides. Cependant, dans l’hémisphère Nord, à cause de la rotation de la terre (force de Coriolis) à environ 30° de latitude, ces grands mouvements d’air sont déviés vers la droite (à l’est) et tournent dans le sens des aiguilles d’une montre au-dessus l’Océan Atlantique. Près de la côte Africaine, à la jonction du désert du Sahara avec l’Océan Atlantique, le climat est dominé par les Alizés qui sont des vents forts et réguliers.
Etant donné que la côte Atlantique du Maroc vers la Mauritanie s’étend sur plus de 2000 kilomètres, une densité de puissance installée de moins de 2.4MW/km² sur une partie de ce territoire pourrait suffire à produire plus de 1000 TéraWatt/heure par an. Cette production est équivalente à près de la moitié de la consommation annuelle de l’Union Européenne (2300 TWh). Ce potentiel, s’il est rationnellement exploité, ne peut être utilisé sur place : il représente plusieurs dizaines de fois les besoins cumulés des pays d’Afrique du Nord.
Grâce à la technologie actuelle des lignes électriques à haute tension, la perspective d’importation d’énergies renouvelables en provenance de régions éloignées s’avère techniquement réalisable. Il y a actuellement plus de 60 GW de capacité électrique dans plus de 80 projets dans le monde qui sont transportés par des lignes à haute tension en courant continu. Leur principal objectif est de permettre le transfert vers les centres urbains ou industriels de l’électricité hydraulique et thermique produite à partir de sites éloignés.
En se basant sur une production annuelle moyenne de 3400 heures et un investissement initial de 1000 €/kilowatt, avec 5% de taux d’intérêt ajusté, 20 ans de durée de vie et 2% de l’investissement consacré aux coûts annuels de fonctionnement et de maintenance, le prix de revient de l’électricité produite par un aérogénérateur est de € 0,03/kWh.
Cependant, et en raison de la nature intermittente du vent et de sa dépendance à l’égard du climat, la production d’électricité éolienne ne peut être garantie. Des fluctuations de puissances électriques au sein des parcs éolien se produisent pendant des périodes courtes, de l’ordre de quelques secondes, voire de quelques heures. Plus ces fluctuations sont courtes, plus il sera facile à d’autres centrales électriques de les couvrir dans un même réseau pour satisfaire la demande. Comme ces fluctuations diminuent avec un nombre plus élevé d’aérogénérateurs s’ils sont étalés dans un champ capteur plus grand, la zone concernée, qui assure un tel étalement, est idéale. Ajoutons que la prévisibilité des énergies renouvelables ne pose pas un problème plus grand que celui de l’anticipation de la charge. Celle-ci sera appelée à s’améliorer continuellement en utilisant les technologies de télédétection spatiale. Les centrales électriques traditionnelles, utilisant comme combustible le charbon ou la fission nucléaire, auront tout autant de peine à s’ajuster dans un futur réseau électrique d’approvisionnement durable, tant leur inertie les empêchera de subvenir rapidement à la demande maximale de charge.
La ressource éolienne du Sahara, qui s’étend sur une côte désertique de plusieurs milliers de kilomètres, nécessitera encore quelques années pour être évaluée avec précision. Néanmoins, elle représente probablement l’une des plus grandes ressources éoliennes du monde, à ce stade encore inexploitée. La taille de ce territoire, les caractéristiques du vent ainsi que la proximité géographique du continent européen font que cette région présente des perspectives très prometteuses pour l’avenir des énergies renouvelables.