Mines Géologie

Les matières premières métalliques  Enjeux et risques

A travers une rétrospective sur 30 ans des réserves, il apparaît clairement que celles-ci se reconstituent, globalement ; mais certaines évaluations souffrent d’imprécisions techniques ou méthodologiques. A partir de perspectives raisonnablement envisageables, est examinée la question de l’adéquation entre réserves et besoins à moyen et long termes.Les grands métaux ferreux et non-ferreux ne sont pas seuls à entrer dans nos stratégies ; nous utilisons quotidiennement une foule d’objets incorporant des  » petits métaux  » dont les marchés sont fortement instables et fragiles, souvent oligopolistiques, voire monopolistiques.

Vers 2003, nous sommes entrés dans une période de prix élevés des matières premières métalliques, sans doute un  » supercycle  » de croissance d’ampleur comparable à celui des  » 30 glorieuses « . Quels en sont les effets sur l’exploration, les réserves, les productions, le commerce international ? Nous avons renouvelé nos compétences pour explorer plus fructueusement les gisements, exploiter plus rationnellement et à moindre coût les gîtes découverts, mieux traiter les minerais par la minéralurgie et la métallurgie. Mais avons-nous formé assez de praticiens dans toutes ces disciplines ?

 
Cette question fait polémique depuis longtemps ;les média répètent que, dans 30 ans, les réserves de cuivre, ou de pétrole, seront épuisées. Plus de cuivre, plus de pétrole ?
La polémique naît donc de la méconnaissance de ces deux réalités : le concept de réserves est d’ordre dynamique et non statique, tout exploitant minier est aussi un explorateur. Ceci dit que les réserves sont une grandeur économique, oscillant autour d’un optimum issu d’une analyse technique, économique et financière de l’intérêt d’exploiter, ou non, telle ou telle masse de minerai géologiquement identifiée. On confond souvent ces deux concepts et on oublie que les réserves ne sont pas figées. L’extraction les amoindrit, certes mais l’exploration, la hausse des cours, l’innovation en minéralurgie et en métallurgie les reconstituent peu ou prou.

L’état mondial des réserves est-il inquiétant ?

L’analyse montre que la plupart des réserves actuelles sont du même ordre de grandeur qu’en 1975 ; or, en 30 ans, nous avons utilisé une forte part des réserves connues en 1975. On a donc su reconstituer des réserves en explorant et en innovant en minéralurgie et en métallurgie, faits trop sous-estimés, voire ignorés. En 1975, par exemple, pour certains minerais d’or ou de cuivre (dits « réfractaires »), il n’existait pas de procédé rentable de traitement ; à présent, ces minerais sont largement exploités.
C’est dire l’importance de l’exploration, de l’innovation en minéralurgie et métallurgie ! Encore faut-il que la recherche et le développement puissent être financés… Mais les principales réserves ne sont plus aujourd’hui dans les mêmes régions qu’en 1975. Il y a eu un relais entre régions : leurs « poids géopolitiques » ont donc évolué. L’exemple de l’or le démontre, d’autres le confirment.

Allons plus loin. Les réserves que recense l’US Geological Survey -seule agence encore capable de telles synthèses mondiales [1]- relèvent en partie d’enquêtes effectuées au temps des «cours normaux». Or les cours ne sont plus normaux…Et il en va de même pour presque tous les métaux, pour les minéraux industriels et, plus encore, pour le soufre et les minéraux destinés à produire des engrais !

Entre 2005 et 2007, les réserves de certains métaux ont été révisées, mais que celles d’étain, de tungstène et d’or sont inchangées malgré la hausse de leurs prix. A présent, aux cours historiquement encore hauts de ces métaux, capables de rester longtemps à ces niveaux, les réserves publiées ne sont-elles pas sous-estimées ? Des gisements explorés il y a 20 ans, mais tenus pour inexploitables, sont devenus économiquement rentables. Ne conviendrait-il pas, aussi, de pondérer la « durée de vie » des réserves par la croissance de la demande ? C’est à dire de passer d’une durée de vie statique des réserves à une durée de vie dynamique, plus réaliste, tenant compte de la croissance des consommations , selon les métaux .

L.exemple du cuivre est instructif. La durée de vie statique des réserves est de 31 ans, mais la durée de vie dynamique, pour une production minière croissant de 4 % par an en moyenne, n’est plus que de 20 ans. L’effort d’exploration doit donc être intensifié pour maintenir ce taux de croissance. De 2001 à 2007, l’exploration réactivée par la cherté du cuivre a créé 150 Mt de nouvelles réserves, mais la production minière cumulée a été de 101 Mt ! Explorons, innovons  !
Ceci dit, malgré les incertitudes pesant sur la fiabilité et l’ampleur -statique ou dynamique- des données sur les réserves en terre [2], « où sont les métaux pour l’avenir ? »,
On constate une disjonction croissante entre, d’une part les zones de production minière et métallurgique, d’autre part de nouveaux pays qui transforment des minerais et exportent du métal ou des intermédiaires et, enfin, les foyers importateurs qui transforment les métaux bruts en produits industriels, consommés ou exportés.

Voici deux exemples : l’aluminium et le cuivre. La filière industrielle de l’aluminium, de la bauxite au profilé extrudé, est très fragmentée : quelques pays dominent la production de bauxite et d’alumine, que d’autres importent pour élaborer du métal brut, d’autres enfin n’ont qu’une activité industrielle d’élaboration de produits semi-finis. Rares sont les pays qui conservent des filières intégrées (Russie, Chine, par exemple). Pour le cuivre, l’offre minière est dominée par le Chili, celle du métal brut l’est par les pays consommateurs-transformateurs : Europe, Amérique du Nord, Japon. Mais la consommation, naguère dominée par ces 3 derniers, est à présent surtout chinoise.
L’exploration sommeille dans les années de cours bas, c’est assez normal : qui explore quand le compte d’exploitation vacille ? Qui eût cherché des gisements de plomb quand il valait 400 USD/t ? C’eût été de mauvaise gestion pour toute entreprise. Mais c’eût été stratégiquement fondé pour qui aurait eu une vision prospective du marché.
Ce renouveau de l’exploration, depuis 2003, a plusieurs causes :
– les connaissances conceptuelles (gîtologie, métallogénie) et techniques (géophysique) ont beaucoup progressé ; l’exploration mieux ciblée est plus fructueuse ;
– les prix des métaux, historiquement encore élevés, ont redonné aux entreprises minières de confortables moyens pour explorer. Mais l’investissement est trop consacré à l’or (le « futile ») et trop peu aux métaux non-ferreux (« l’utile ») : 4410 MUSD pour l’or (8,4 % de la valeur de l’or produit) et 3780 MUSD pour les métaux de base non-ferreux (1,1 % de la valeur des 6 principaux de ces métaux), en 2007…
– l’organisation de l’exploration a évolué : elle est à présent faite surtout par de petites sociétés souples et performantes (junior companies) auxquelles les grands groupes miniers et métallurgiques (major companies) rachètent leurs découvertes.
– les codes sont plus favorables dans la plupart des pays miniers. L’exploration fleurit là où les conditions juridiques, sociales, fiscales, sont propices : pays miniers traditionnels ou émergents, peu importe, il suffit que l’exploration et l’exploitation puissent être menées avec une bonne visibilité à moyen et long termes. .

Mais dans certaines régions du monde, l’exploration rationnelle est encore en friche, depuis des décennies. C’est le cas dans l’ouest de la Chine . Est-ce faute de géologues et de géostatisticiens ?

Les connaissances en géologie et gîtologie y datent de quelques décennies, souvent. Or dans cet intervalle, les méthodes ont grandement progressé. D’anciens projets miniers délaissés sont réexaminés, on se bouscule dans certaines archives pour y consulter des études de faisabilité datant de 30 ans ou plus…

Les productions et les consommations, par régions, Etats, entreprises

Les pays producteurs de minerais et métaux, et dans une moindre mesure les pays consommateurs, sont assez concentrés. Mais les entreprises minières et métallurgiques restent nombreuses, malgré les fusions et acquisitions qui se sont multipliées depuis deux décennies.
Des pays industriels mûrs et des pays émergents, voire émergés, coexistent dans l’offre et la demande mondiales de métaux. Le duo Chine-Inde est une clé maîtresse, mais pas unique. Certes, il tire l’essentiel de la croissance mondiale, pour presque toutes les matières premières minérales. Mais d’autres pays suivent cette voie : le Brésil et la Russie, d’abord, et aussi d’autres pays moins connus.
Hors Chine et Inde, la demande mondiale en métaux bruts est presque étale. La croissance de la demande des autres « pays neufs » contrebalance presque exactement la décroissance constatée dans les pays industriels établis. Mais cette demande reflète-t-elle correctement la consommation intérieure ?

Allons plus loin, par une analyse plus fine. On mesure la consommation des métaux sous forme brute, très rarement en consolidant toute la filière jusqu’au produit fini marchand. Or les pays mûrs, consommant apparemment moins de métaux bruts, les importent en fait sous forme de produits semi-finis ou de biens marchands et les pays émergents, important en apparence beaucoup de métaux bruts, en consomment en fait bien moins car ils en réexportent une part notable sous forme de biens marchands.

Que mesurons-nous réellement, quant à la consommation des métaux ?Les annuaires statistiques indiquent les productions, les consommations et les échanges en tonnes de métal brut. C’est certes cohérent, mais incomplet. Car des échanges importants portent sur des demi-produits et des produits finis.Dans l’autre sens, il en va de même. La consommation apparente d’acier brut de la Corée finit en partie en exportation de voitures, de navires et de biens de consommation. Sa demande d’acier excède sa consommation intérieure réelle. Il en va de même des demandes apparentes de métaux en Chine et d’autres pays émergents.

Analyser une filière dans sa totalité est extrêmement complexe, parfois impossible car il existe des lacunes statistiques. Comment analyser la filière du plomb, quand la masse de métal contenu dans une batterie n’est pas statistiquement connue ? Ou celle du cuivre quand on ignore tout du cuivre ou du laiton contenus dans les matériels électriques importés ou exportés. L’étude mesure l’acier contenu dans 8 familles de produits que les Etats-Unis importent ou exportent, avec leurs 11 principaux partenaires étrangers, en Mt. Les résultats sont édifiants : 20 Mt d’importations indirectes nettes
Ceci révèle la poussée des pays« émergents » exportateurs, non seulement des plus connus, mais aussi de ceux de 2ème ou 3ème rang : latino-américains (Pérou, Mexique), moyen-orientaux (Iran, Golfe, Turquie), slaves (outre la Russie : Kazakhstan, Ukraine), africains (Afrique du Sud, Namibie, bientôt Mauritanie). Certains émergent comme producteurs-exportateurs, d’autres comme consommateurs pour le marché intérieur ou l’exportation. Quel sera, dans 10 ou 20 ans, leur rôle dans le commerce mondial des matières premières minérales ?

Ces remarques suggèrent une typologie des vulnérabilités régionales et nationales :
– des pays importateurs très dépendants, qui le seront de plus en plus, sauf virage stratégique improbable : Union européenne, Etats-Unis, Japon, Corée, etc. Ces deux derniers étant moins fragiles, vu la vigueur de leurs exportations de biens qui génère de forts excédents de commerce extérieur. Mais pour combien de temps, en crise ?
– des pays exportateurs très dépendants de leurs clients : Australie, Brésil, Russie, une partie de l’Afrique et de l’Asie, voire le Canada. La conjoncture leur est exceptionnellement favorable, mais parfois la mine y est une monoculture exportatrice, trop liée à la demande des clients. Quid, ensuite, s’il y a récession chez ceux-ci ?
– des pays opportunistes, émergents voire riches, dotés de sources d’énergie à coût très bas, qui transforment des matières premières importées et exportent du métal, tout spécialement l’aluminium (qui a deux minerais : la bauxite (ou l’alumine) et les kWh…). Ce sont des pays du Golfe, d’Afrique australe, l’Islande, la Norvège, etc. Produire de l’aluminium étant très énergivore, des pays [3] riches d’énergie importent de l’alumine pour produire à bas coût 11 % de l’aluminium primaire mondial.
– des pays risquant de ne pas émerger, faute de ressources exportables, ou disposant de productions exportées créant peu d’emploi et dont le produit profite peu à la société, d’où des risques de tensions sociales accrues, internes et externes.
A la concentration des pays producteurs s’oppose la dispersion des entreprises :les achats et fusions entre les grands groupes masquent une réalité ; le gros des productions minières vient encore d’entreprises de taille moyenne, pas seulement pour les « petits métaux » comme l’or. Dans la sidérurgie, la concentration reste encore assez faible, même si l’OPA de Mittal sur Arcelor a fait couler beaucoup d’encre. Un constat similaire serait fait quant à la métallurgie du plomb, du zinc, du nickel, etc.
A propos des « petits métaux »
La situation est pire pour les « petits métaux ».La hausse des prix est incontestable, mais le plus délicat à gérer est l’instabilité. Les groupes miniers et métallurgiques comme les petites et moyennes entreprises qui transforment ces métaux se soucient surtout des fluctuations brutales : gérer ce qui coûteux, mais stable, est moins complexe que gérer une instabilité répétée, des crises.

Le rôle des « petits métaux » est trop sous-estimé, voire ignoré. Certes les volumes mondiaux sont minces, mais les prix sont astronomiques. Les marchés mondiaux des « petits métaux » pèsent chacun quelques milliards de dollars Les crises y sont plus violentes que celles des grands métaux classiques cotés au LME. Or les petits métaux sous-tendent toute innovation industrielle. On ne téléphone pas, ne travaille pas sur un tableur sans tantale, sans étain, sans platinoïdes ; on ne réduit pas la consommation de kérosène d’un avion de ligne sans rhénium ou ruthénium, on ne fait point de moteur, Diesel ou classique, propre sans platinoïdes (pot catalytique), ni de voiture électrique sans lithium et cobalt (batterie).

Prenons un exemple. Acheter un téléphone ou un ordinateur portable, c’est le plus souvent acheter des processeurs au silicium made in US or Asia, des condensateurs avec tantale australien, des écrans avec indium (canadien ou chinois, raffiné en Belgique ou au Japon) ou terres rares chinoises traitées à La Rochelle, le tout soudé à l’étain chinois, dans une coque en polymères (synthétisés en Asie, dans le Golfe, dans l’UE ou aux Etats-Unis) assemblée en Finlande… Tout cela a fait quelques tours du monde, dans des porte-conteneurs coréens, chypriotes ou panaméens…

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Un supercycle d’expansion ? D’abord, qu’est-ce qu’un « supercycle » ? Un cycle commun de croissance (ou de marasme) industrielle s’étale le plus souvent sur une demi-décennie. Un supercycle, tel que décrit par Kondratiev, peut «tenir» durant un quart ou un tiers de siècle, Pour que naisse un supercycle, il faut que dans le monde, diverses causes convergent dans plusieurs régions, que des déterminants politiques et sociaux d’essence très différente se conjuguent simultanément. Nous sommes sans doute dans cette situation.

A l’aube du XXIème s., une convergence s’est cristallisée. Les dirigeants chinois avaient prôné à leurs concitoyens « enrichissez-vous » ; l’élite scientifique et industrielle indienne sortait de son marché intérieur et entrait sur les marchés étrangers ; le Brésil, où la sidérurgie européenne (Arbed, Sacilor, etc.) avait investi il y a plus de 30 ans, se muait en géant minier ayant purgé la colossale dette d’alors ; la Russie et certains de ses ex-satellites redevenaient des puissances industrielles ; les Etats du Conseil de Coopération du Golfe, ayant investi dans des industries énergivores, comptent à présent dans l’industrie (aluminium, acier, engrais, chimie, etc.) ou les services.

Toute expansion a d’autres limites : en Chine et en Inde, comme au Japon, elles sont démographiques, quoique d’essence distincte. En Chine et en Inde, un déséquilibre entre hommes et femmes crée des sociétés de vieux sans enfants, avec un risque de collapsus social dans 10 ans. Avoir interdit en Chine un 2ème enfant il y a 20 ans et promu volens nolens le fils unique, induit l’absence de petits-enfants dès 2015 pour gérer le sort des adultes vieillissants. Cette situation est irréversible.

Au Japon, sans doute aussi en Corée, apparaît un vieillissement inéluctable et implosif de la société, vieillissement dont le coût futur n’est guère provisionné… Dans 20 ans, la place dominante de ces pays ne sera-t-elle pas conquise par des pays à démographie plus dynamique et plus réglée qui émergent (Brésil, Malaisie, Mexique, Thaïlande, Turquie, Indonésie, etc.) ou ressuscitent (Russie, Ukraine, etc.) ? L’analyse des statistiques démographiques ne laisse guère de doute.

Rappelons que l’engorgement des transports maritimes et ferroviaires lourds et l’inflation des coûts unitaires et des distances est une autre limitation drastique. Ce phénomène ne fait d’ailleurs que traduire un basculement structurel croissant entre, d’un côté, les déficits croissants du commerce extérieur de l’Europe et des Etats-Unis, de l’autre, des excédents commerciaux de plus en plus considérables en Asie, en Russie, au Moyen-Orient. Ce transfert de devises induit un déplacement des rapports de force économiques et géopolitiques, sans doute irréversible.

Last but not least : quels effets aura la « pandémie » bancaire et boursière sur l’industrie minérale ?
– cette crise, née il y a 18 mois aux Etats-Unis d’errements immobiliers, a contaminé tous les pays développés : les établissements hypothécaires ont titrisé des créances douteuses et les ont dispersées dans les banques et les «quasi-banques» (fonds sans obligations prudentielles, sans fonds propres ni réserves légales) ;
– elle vient d’infecter des pays émergents financièrement peu liés aux précédents : assurances en Chine, bourses russes. C’est donc bien une pandémie ;
– quand le risque s’est concrétisé, les établissements coupables de ces titrisations ne pouvaient, pour honorer leurs engagements et éviter la banqueroute, que solder leurs actifs : actions, d’où leur effondrement par paliers, papier sur métaux, d’où forte baisse des métaux cotés, voire bons du Trésor américains ;
– ces ventes de panique, faute de contrepartie acheteuse, ont fait s’effondrer en cascade toutes les valeurs, inclus celles « de fond de portefeuille », les acheteurs potentiels attendant que la baisse s’aggrave pour profiter du creux ultime.

Le secteur minier et métallurgique, pourtant sain et distribuant de beaux dividendes, a subi ces ventes de détresse. Situation paradoxale : les résultats d’exploitation restent bons car les minerais et métaux restent rémunérateurs (s’ils ne sont plus aux extravagants niveaux de 2007, reconnaissons qu’ils restent confortables), mais les capitalisations boursières se sont effondrées.

Conséquences pour les entreprises minières et métallurgiques :
– elles deviennent, avec des PER aussi infimes, des proies pour des investisseurs opportunistes (grands traders, fonds privés visant le long terme, fonds souverains ?),
– les investissements programmés en exploration, métallurgie, logistique, peineront à être financés : il sera difficile d’obtenir du crédit à moyen terme pour compléter l’apport de fonds propres. Ces investissements risquent d’être retardés, par étiage du crédit ou (et ?) par anticipation d’une baisse générale de la demande, donc de figer certains goulots d’étranglement des filières industrielles ; cela tendra l’offre, si la demande se montre point trop affaiblie, Le pire réflexe serait donc de bloquer l’investissement dans les secteurs structurellement porteurs : anticiper à l’excès une récession, c’est aider à la réaliser et l’entretenir !
En definitif ;un ensemble d’évolutions est à présent en marche, malgré une phase critique (mais salutaire, pour revenir à de saines pratiques) ; une partie du monde connaît une croissance qu’une autre partie (l’Europe, puis les Etats-Unis, puis le Japon) connût entre 1840 et 1972, en plusieurs phases distinctes.

Cette mise en marche va affecter directement ou indirectement la quasi-totalité du monde, pendant quelques décennies, nous ne pouvons l’ignorer. Mais elle créera des fossés croissants entre ceux qui sont dans le « train du développement » et ceux qui risquent de rester « sur le quai ». Et son démarrage est brutalement accidenté…

Bien des gouvernements ont longtemps négligé ces faits, ces tendances et ces ruptures. Les décisions politiques comme les laxismes présents fixent l’avenir pour 10, 25 voire 50 ans. Notre avenir à moyen et long termes dépend des décisions ou des absences de décision d’aujourd’hui. Voir à long terme est nécessaire et a du sens !

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