Chroniques
«Nafoura»
Fausse note des «prédateurs»
La fontaine lumineuse de Casablanca est aujourd’hui en passe de disparaître, et à jamais. C’est plutôt le Conseil de la ville qui s’en charge. Quelle audace!
Est-il question encore de fantasmer sur des projets mirobolant et se soustraire au machiavélisme culturel? Soit. Le théâtre est une bonne initiative, mais qu’en est-il de l’étude et le trop parler dans les années quatre- vingts sur sa reconstruction dans la place Verdun?
C’est désormais le revers d’une gestuelle d’attrape-nigaud qui s’engouffre pour bâtir l’illogique sur le logique et faire pic sur la place Mohammed V. Du bétonnage fourre-tout dirait-on.
Erratique, cette mesure se fige inconsciemment dans un relent qui laisse patois plus d’un irascibles. Et les Casablancais ne cessent par ces temps d’attirer la sonnette une telle gabegie. Croyant en la réaction de la société civile, cette mauvaise initiative si elle aboutirait, finira certes devant la justice(… ) Ce gâchis, donc, laisse prédire que la ville se fige dans des bedons intentionnés, qui ne cessent par les gestes trépidants de ralentir, sinon faire marche arrière, à même les dalles des points nodaux de la ville. Une façon de dire que «tous les arts ont donné leurs merveilles, à l’exception de l’art de gouverner» paraphrasant Louis Antoine de Saint-Just.
Casablanca, cité blanche, est aujourd’hui emprise entre les mains de gens, à l’esprit bigleux et margoulin, investissant dans le cortège. Un cortège qui menace ce pigeonnier de fontaine âgé aujourd’hui de plus de cinquante ans. Ce lieu de prédilection où tous les Marocains se reconnaissent et pas seulement les Casablancais. Hélas! Ville noble, Casablanca outragée dit stop aux mauvaises consciences, qui par myopie intellectuelle, rabrouent tous les esprits éveillés qui disent non à la destruction de la mémoire casablancaise . Non encore à ceux qui cherchent à assouvir leur lubie et en finir avec tout ce qu’il y a de repères pour les générations montantes, singeant par le geste les précédentes agressions portées aux édifices civilisationnels de la ville.
Et pas seulement. La fontaine c’est aussi un lieu d’attraction touristique bien connue. On vous propose d’ailleurs de vous prendre en photo dans la nuée de pigeons pour quelques dirhams. Des femmes assises autour de la fontaine offrent aussi de vous orner les mains ou les pieds avec du henné. Des vendeurs d’eau vêtus de leur costume traditionnel cherchent également à abreuver le visiteur assoiffé, on est sollicité de toute part ! Les week-ends, à la nuit tombée, la fontaine s’anime de jeux de lumière qui évoluent sur fond de musique orientale.
Par M.Oulberj