Reportage

Sur la route de l’or

Sites et richesses naturelles du Maroc profond…

Selon les historiens, le Maroc a jouit très tôt de la réputation d’entretenir des relations avec l’Afrique sub-saharienne. Si ses rapports remontent à des temps immémoriaux, ce n’est qu’entre le VIIème et le XIème siècle que vont se préciser les tracés des axes de liaisons régulières sous l’impulsion d’une économie méditerranéenne demandeuse d’or et celle du Sahel saharien méridionale consommatrice de sel.

La première tête de ligne des routes vers le sud fut Sijilmassa qui va s’affirmer comme une célèbre métropole commerciale qui anime et contrôle une grande partie du trafic caravanier entre Bilad el Soudan (actuels pays du Sahel), le Maghreb, l’Orient et l’Europe. Les sources historiques révèlent ainsi, trois grands axes de commerce à savoir l’axe reliant Sijilmassa au Ghana à travers Tamdoult, Tindouf, Zemour et Waddan. Cette route a particulièrement été utilisée entre le IXème et le Xème siècle, l’axe reliant Sijilmassa au Soudan sub-saharien en passant par les salines de Taghza et Tombouctou. Celle-ci a été utilisée entre le XIème et le XVème siècle, et, en fin, l’axe reliant Sijilmassa à Gao via Tademakka.

Un sel qui valait de l’or
Les sources historiques précisent aussi que le commerce avec le soudan historique se basait sur le troc. La principale monnaie d’échange était les barres de sel échangées contre l’or. Il y avait aussi d’autres produits de troc comme les denrées communes très sollicitées par les communautés du désert notamment les métaux (barres de fer, laiton, étain), les ustensiles de cuivre, les chevaux et selles, les cotonnades, le papier à écrire, la verrerie, la céramique, maroquinerie et autres articles utiles. En contre partie les importations marocaines comprenaient l’or, les plantes médicinales, les plumes d’autruche, la corne de gazelle, le bois d’ébène et l’ambre…
Au fil des temps, cette route, plus assez animée comme jadis, tomba dans l’oubli. Oubli qui en fera disparaître les traces, mais, la multitude et la diversité des paysages du Rif au nord jusqu’aux confins du Sahara au sud, regorgent de richesses naturelles qui rappellent et rappelleront à jamais ces pages d’histoire, voire d’histoires rattachées aux chaines montagneuses du Haut, Moyen et Anti-Atlas et du Rif), aux plateaux environnants et aux vastes plaines. L’espace géologique marocain demeure un haut lieu des sciences de la vie et de la terre qui constitue un véritable musée qui garde en mémoire plus de deux milliards d’années de l’histoire de la planète…

Le patrimoine géologique
Le Maroc est connu par sa richesse en grande variété de fossiles : des invertébrés aux vertébrés et des fossiles microscopiques aux dinosaures. Il est également riche en ressources minérales : des métaux précieux comme l’or et l’argent jusqu’aux grands bassins de phosphates. Il est à signaler que les richesses minérales du Maroc sont connues depuis l’antiquité et ont permis, à travers les échanges structurés autour du métal, de s’ouvrir sur l’Europe. Cet espace socio-économique a vu l’émergence de plusieurs cités qui ont marqué la civilisation marocaine dans les régions de Tafilalt, de Souss, Saquia El hamra, Oued Eddahab. Le Maroc, paradis des géologues, est aussi connu depuis longtemps par sa richesse en ressources naturelles (eau, faune, flore, paysages, etc.) et par sa diversité géologique (paléontologique, minière, archéologique ; etc.). La région Souss-Massa-Draa est connue par sa richesse minière, avec plus de la moitié des ressources minérales du pays.
Elle est connue par ces gisements d’Or à Akka près d’Agadir, d’Argent à Imiter près de Ouarzazate, de Cobalt et de Nickel à Bou-Azzer et par Ces beaux marbres et pierres ornementales de Lakhssass et les granites roses de Sidi Ifni.

Pas de ruée vers l’or
En effet, à 280 km d’Agadir, dans une région désertique située sur l’ancienne route de l’or, le gisement d’Akka fait partie de zones d’exploitation abandonnées au XVIe siècle, après la découverte de gisements au Nouveau Monde.
En 1930, suite aux repérages de points d’or dans des filons de quartz de la région d’Akka, le Bureau de Recherches et de Participations Minières (BRPM) prospecte sur tout l’Anti-Atlas occidental. Dans les années 90, le BRPM confie l’exploitation du site à MANAGEM, à la suite d’un appel d’offres international.
En 1996, AKKA GOLD MINING, filiale détenue à 70 % par MANAGEM et à 30 % par le BRPM, démarre l’exploitation d’une mine qui produira plus de 30 tonnes d’or métal. Deux ans plus tard, les premiers lingots produits expérimentalement sont expédiés vers la Suisse et, l’année suivante, les installations de la mine sont construites. La mine est totalement opérationnelle depuis 2001. Bel exemple de contribution au développement régional, la mine d’Akka a permis de désenclaver la région, en la dotant de routes, de réseaux d’électricité, d’eau et de structures de télécommunications.

Mais d’où vient cet or ?
Les terrains d’âge Protérozoïques Inférieur de la Tagragra d’AKKA (Anti-Atlas, Maroc) ont subi une évolution polycyclique caractérisée par quatre épisodes de schistosité. Les veines de quartz aurifère, développées dans des décrochements, ont subi ces épisodes, qui alternent avec des phases de déformation fragile. L’or est introduit tardivement, avec hématite+phengite, à la faveur de déformations cassantes de la fin du Panafricain. Les fluides précoces appartiennent au système C-O-H-N et montrent des phénomènes de mélange; ils sont d’origine métamorphique. Ils ont été piégés au cours d’une remontée (à caractère cyclique) depuis une profondeur correspondant à 0,5 GPa (5 kb) jusqu’à 0.25 GPa (2.5 kb), à des températures de 350°-400°C. A la fin du processus, une forte chute de pression (transition litho- à hydrostatique) est corrélée à des changements dans le régime thermique et dans l’évolution des fluides (ébullition). Un fluide du système H2O-NaCl-CaCl2-FeCl3-CO2-(N2) subit une démixion, d’abord à 300-350°C et environ 50 MPa (500 bar), puis, après refroidissement jusqu’à 200°C, à environ 20 MPa (200 bar) et de nouveau 300°-350°C (réchauffement induit par des intrusions tardives de dolérites), ce qui induit le dépôt de l’or, contrôlé par les variations de température et de pH. La basse activité du soufre est caractéristique et explique peut-être la pauvreté des indices d’or

Géologie

Le Souss, une région stratégique

La présence de l’ONHYM dans le Souss-Massa-Drâa ne date pas d’aujourd’hui. La géologie diversifiée de la région s’avère intéressante pour les activités de prospection. En effet, par sa géologie très diversifiée, la région de Souss-Massa-Drâa a toujours constitué une zone très favorable pour le développement minier, notamment pour les métaux précieux (or et argent),
les métaux de base (cuivre, plomb, cobalt…) et les roches et minéraux industriels (manganèse, feldspath, barytine…).

L’activité minière dans cette région remonte au Moyen Age comme en témoignent les vestiges miniers autour de gisements toujours en exploitation comme celui d’Imiter ou ceux récemment mis à l’arrêt Bleida (cuivre) et Zgounder (argent)   .
Durant la période récente (depuis les années 70) jusqu’à nos jours, cette région a fait l’objet d’un important volume de travaux de recherche et de développement minier. A l’échelle du territoire national et avec une proportion de 38%  sur l’ensemble du portefeuille de permis miniers de l’ONHYM, cette région occupe la première place.
Les travaux de recherche de l’ONHYM sont réalisés soit par fonds propres, soit en partenariat avec des sociétés nationales et étrangères. Aujourd’hui, ces travaux couvrent les secteurs les plus favorables de Tagragra d’ Akka, Kerdous,  Ighrem, Sirwa et d’Ouarzazate. La prospection englobe différents domaines dont les métaux précieux. Lancés en 1984, les travaux d’exploration pour l’or ont abouti à la découverte d’environ une cinquantaine de gîtes et indices d’or, dont les plus importants sont en cours d’exploitation et/ou de développement dans le cadre de partenariats. Sur le reste de la région de Souss-Massa-Drâa, les travaux de recherches menés sur le secteur d’Ouarzazate ont permis de délimiter des zones favorables, notamment les zones d’Eç Çour et Talkhoumt. Dans le massif de Kerdous, plusieurs prospects  en or sont identifiés à Imjgaguen, Tiyyout, Tahala, Assif M’Kkorn et Igli.
Concernant les métaux de base, c’est surtout la province de Taroudant qui concentre l’intérêt de la recherche.
Aussi les  travaux d’exploration et de développement pour le cuivre entrepris depuis le début des années 70 par l’ONHYM ont permis de découvrir  plusieurs gisements dont certains ont été mis en exploitation, comme Talat n’Ouamane, Iminirfi et Assif Imider  et ce jusqu’au début des années 80. Des gîtes ont également été découverts durant cette période, il s’agit de Tizert et de Tiferki. Aujourd’hui, les travaux de recherche ont repris sur l’ensemble de ce secteur dans le cadre d’une convention de partenariat entre l’ONHYM et la société canadienne Odyssey. Dans ce cadre, en plus des gisements et des gîtes cités ci-dessus, les travaux se concentrent  surtout sur le gîte d’Alous, découvert par l’ONHYM en 1963, et où les ressources totales sont réévaluées dans le cadre de cette convention à  8.000.000  tonnes à 0,8 % Cu.
Pour la recherche du plomb, elle a permis de circonscrire le projet de Tighoula (province de Taroudant) où les teneurs atteignent 4%. Ce projet est aujourd’hui en promotion
La région de Souss-Massa-Drâa constitue toujours une cible favorable pour la recherche minière en raison de sa géologie très diversifiée et productive. En plus du développement des projets en cours aussi bien pour l’or à Had Imawn que pour le cuivre autour du gîte d’Alous, les travaux concerneront la mise en évidence de cibles économiques dans le massif de Kerdous, de Sirwa et la région d’Ouarzazate.

Pétrole
Le bassin du Souss encore sous-exploré !

Dans les régions de Souss onshore et offshore peu profond, l’ONHYM a entrepris plusieurs études d’évaluation pétrolière qui ont valorisé le potentiel pétrolier de ces zones au niveau des objectifs jurassiques et triasiques.

Un effort de promotion s’en est suivi auprès des sociétés pétrolières internationales au Maroc et à l’étranger et qui a été couronné par la signature, en janvier 2007, de deux accords pétroliers entre l’ONHYM et la société GBP:
Le premier accord porte sur deux permis offshore Agadir maritime I et II. 
Le deuxième accord est une zone de reconnaissance dénommée «Ouest Souss onshore».
En plus des travaux entrepris dans les bassins de Souss, l’ONHYM et ses partenaires mènent des activités d’exploration dans les zones profondes au large d’Agadir et sur l’ensemble des bassins du  Sud du Maroc.  Les partenaires de l’ONHYM actifs dans les bassins du Sud sont pour la zone onshore : Petro Canada (zone de reconnaissance de Bas Dra)  et Sanleon / Island Oil & Gas / GB Oil and Gas dans la  zone de reconnaissance bassin de Zag. 
Sur l’offshore, les acteurs ont pour nom  Kosmos dans le permis de Boujdour offshore, Mearsk Oil dans le permis de recherche  Tarfaya Shallow et Genting Oil dans le permis de recherche  Ras Juby offshore.
Ces partenaires entreprennent d’ambitieux programmes d’exploration pétrolière dans leurs permis ou zones de reconnaissance respectifs. Des synthèses géologiques et géophysiques basées sur des données disponibles et sur l’acquisition de nouvelles données sismiques, gravimétriques et magnétométriques sont en cours de réalisation.
Un  programme de travail est planifié par la société GBP et consiste en la réalisation d’études géologique, géophysique et pétrolière, d’acquisitions et retraitements sismiques et le forage d’un puits d’exploration.
Il faut dire que le bassin de Souss onshore, comme le reste des bassins marocains, reste très peu exploré puisque seulement 8 puits ont été forés sur une superficie de 7 500 km2, ce qui donne une densité très faible de 0,1 puits par 100 km2 comparée à la densité moyenne internationale de 10 puits /100 km2.
S’agissant de la  sismique réflexion qui est l’outil géophysique le plus utilisé en exploration pétrolière, le bassin de Souss n’a été couvert que par 900 km de lignes sismiques dont les plus récentes datent de 1985. L’ONHYM a programmé un certain nombre de campagnes de promotion pour attirer davantage d’investisseurs de l’industrie pétrolière internationale et intensifier encore plus l’exploration des potentialités de cette région

ENCADRE (bas de page)

Géobalade

Quand parlent les minerais du Sud

Au départ de Marrakech en direction Tizi’n Tichka, col perçant le haut Atlas, est passage obligé pour Ouarzazate, des vendeurs de minéraux proposent, tout au long de la route, azurites, vanadinites, géodes de quartz et d’améthystes, goétites… Des échantillons des richesses dont regorge la région.

En effet, sur le versant sud du col se trouvent de grandes formations de basaltes altérés du Trias (10 à 30 km). Ces basaltes ont subi divers types d’altération (hydrothermales, métamorphique, altérations actuelles). Ces phénomènes, dus au caractère très vacuolaire de certaines coulées, ont donné des zones riches en agates, et géodes de quartz. On y trouve également des zéolites en filonnets (prehnite, natrolite,..). Vers Tazenacht, plaine constituée de micaschistes du précambrien recoupés par deux massifs granitiques : granite d’Azguemerzi et granite de Tazenacht. Ce dernier a donné de nombreuses pegmatites dans sa bordure Nord/ Ouest, on peut encore trouver beryl, muscovites et tourmalines noires. La découverte peut continuer du coté de Bou Azzer. Bou Azzer est une zone minière de 30km de long, au contact de serpentines dans la boutonnière de Bou Agraara. Les travaux miniers vont d’Ouest en Est de Bou Offroh, vers Bou Azzer centre, Bou Azzer est, Arhbar, Tamdrost, Irthem et Ait Haman. Au point de vue minéralogique, les gisements de Bou Azzer sont composés de filons de skuttérudite, safflorite et lollingite (sulfo arséniates de cobalt, nickel et fer). Les caisses de filons sont généralement carbonatées (calcite), les autres éléments métalliques pouvant être de la chalcopyrite, de l’argent natif, de l’or et plus rarement de la molybdenite. Bien évidemment, on y retrouve de l’Erythrite, roselite et cobaltocalcite. A Bou Skour près de la Kelaa de M’Gouna (Ouarzazate), le gisement cuprifère est un filon N/S de 9 km de long dans les granites du précambrien. Le filon se décompose en deux secteurs : le filon nord dans les granites et la « patte d’oie » dans les roches vertes. Le filon nord est composé de quartz avec un peu de dolomie et des chlorites. On y trouve de l’azurite en petite gerbes et de la malachite en grandes plaques de velours vert. Le minerai de la patte d’oie est plus chloriteux avec de grosses boules de dolomie et de calcite. Les minéraux y sont plus diversifiés (arséniates de cuivre et plomb, carbonates de cuivre ; molybdenite, argent natif,…). Même si la mine est fermée depuis 1979, on peut encore y décrocher des azurites en petites gerbes de la paroi…
Pour tomber sur de l’argent, il faut chercher du coté de la mine d’argent d’Imiter. La mine est exploitée, depuis 1969, par la société SMI (Société Métallurgique d’Imiter). Son processus de production de haute technicité, lui permet d’obtenir des lingots d’argent d’une pureté évaluée à 99,6%. Sa production annuelle est de 300 tonnes métal, destinées à l’export. A Taouz, la région regorge de vanadinite sur goetite. La zone de Taouz/ Mefis, contient en effet, de nombreux filons le long de l’oued « Ziz ». Le minerai non altéré est composé de sidérite, chalcopyrite, galéne et blende. La zone oxydée, quant à elle, est composée d’hématite, goethite et barytine. Les filons sont particulièrement géodiques avec pyromorphite, vanadinite, anglésite, malachite, gypse et calcite. Près de Midelt, la mythique mine de Mibladen, dont le gisement est stratiforme dans un niveau de poudingues céromaniens, est une zone minéralisée qui a une extension d’environ 15km. La minéralisation est liée à la faille Amorou : les minéralisations sont concentrées dans des fissures teriaires de cette faille. La couche est composée d’alternances de calcaires dolomitiques et lithographiques. La minéralisation imprègne les dolomies et les marnes se trouvant entre les deux niveaux calcaires. Le minéral dominant est la barytine blanche à rosée : les pièces classiques sont crêtées, avec des cristaux de cérusite, anglésite, wulfénite et vanadinite. La mine est fermée depuis les années 80.

Montrer plus

Articles connexes

Close