ENERGIES
L’éolien, axe majeur de développement
C’est en 2011 que le Maroc a décidé de changer de stratégie énergétique. Avec l’adoption de sa nouvelle constitution dans laquelle, pour la première fois de sonhistoire, le Royaume déclare un droit à un environnement sain, il devient évident que la dépendance aux énergies étrangères n’est plus une option viable. Pour renverser la tendance, il convient donc de développer d’autres solutions en tirant partie des ressources locales.
En 2010, les énergies renouvelables ne pesaient que 19% dans le mix énergétique national, avec 16% d’hydraulique et à peine 3% d’énergie éolienne. Afin d’améliorer rapidement ce modèle énergétique, le Maroc a décidé de se lancer dans une transition accélérée : il veut atteindre 42% d’énergies renouvelables dans son mix national d’ici 2020, pour ensuite passer à 52% en 2030. Mais produire assez pour assurer son indépendance énergétique n’est pas la seule ambition du Maroc: le pays veut aussi se lancer dans l’exportation pour fournir plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne. Pour réussir cette révolution verte, le Maroc a complètement repensé son modèle énergétique en suivant trois axes de développement.
Un modèle énergétique qui repose sur le solaire.
Très tôt, la filière solaire a fait l’objet de nombreux investissements de la part du gouvernement marocain. Avec 300 jours d’ensoleillement par an, le Maroc peut compter sur le soleil comme une ressource naturelle inépuisable afin de soutenir le développement des énergies renouvelables. C’est cet argument qui a poussé le gouvernement à faire de la filiale solaire son principal axe de développement énergétique. L’ambition est claire : augmenter la puissance de production solaire du pays de 2 000 mégawatts d’ici 2020 afin de fournir de l’électricité à plus de deux millions de foyers marocains. Pour cela, le pays a investi massivement dans le développement de la filière solaire, et ce n’est pas terminé : il compte investir 40 milliards de dollars dans les quinze prochaines années afin de financer différents projets. Et les travaux sont déjà bien lancés : la centrale solaire Noor I a été inaugurée en février 2016, les centrales Noor II et III sont en phase finale de leurs travaux, et le chantier de la centraleNoor IV a déjà démarré début avril 2017. A elles seules, ces quatre centrales devraient offrir une capacité de production de 582 mégawatts par an.
Mais les grands chantiers ne font pas tout, et le pays souhaite également moderniser son territoire et ses infrastructures afin de gagner en efficacité énergétique. En septembre dernier, le Maroc a ainsi donné le départ d’un projet de rénovation des mosquées du pays plutôt original : baptisé projet « mosquées vertes », ce vaste plan prévoit la rénovation énergétique de 600 mosquées afin de faire diminuer leur facture énergétique de près de 60%. D’ici 2019, les mosquées doivent être équipées de panneaux et de chauffe-eaux solaires, ainsi que de Leds pour remplacer les lampes halogènes.
Développer l’hydroélectricité au Maroc.
Dans le modèle énergétique idéal de 52% d’électricité verte en 2030, l’hydroélectricité marocaine devrait monter en puissance pour représenter à elle seule 12%. A l’heure actuelle, le Maroc possède une grande capacité d’énergie hydroélectrique avec 1 770 mégawatts installés. Pour atteindre ce défi, l’ONEE prévoie de construire de nouvelles unités de production d’hydroélectricité afin de fournir les 1 330 mégawatts qui manquent pour atteindre l’objectif de 2030. Dans le même temps, le pays compte poursuivre la construction de barrages hydroélectriques : il veut augmenter sa capacité en passant de 139 barrages à l’heure actuelle à 170 barrages d’ici 2030.
Actuellement, l’axe de développement choisi pour soutenir l’essor de l’hydroélectricité repose sur la création de Stations de Transfert d’Energie par Pompage (STEP). Le pays compte déjà une STEP en fonctionnement, la station d’Afourar, qui produit 460 mégawatts. Une autre STEP est déjà en construction à Abdelmoumen : elle entrera en fonction en 2020 et devrait rajouter 350 mégawatts de capacité de production hydroélectrique. Pour renforcer cette capacité de production, l’ONEE lance deux nouveaux chantiers afin de mettre en service deux nouvelles STEP. Chacune de ces stations devrait offrir une production de 600 mégawatts. La première, la station El Menzel II sera située dans le haut Sebou, et la seconde, la station Ifahsa, sera construite sur la rive droite de l’Oued Laou. lancement des travaux.
Outre les STEP, l’ONEE compte ouvrir plusieurs usines hydroélectriques. Dans ce domaine, l’ONEE est déjà bien avancée puisqu’elle a lancé les travaux pour le complexehydroélectrique de Khénifra. Ce centre de grande envergure sera composé de trois centrales et devra fournir une capacité de production de 128mégawatts. C’est le Français EDF qui a été choisi pour mener à bien ce chantier.
Enfin, le reste de la capacité hydroélectrique du Maroc repose sur la capacité de production des microcentrales hydroélectriques installées un peu partout dans le pays, principalement dans les bassins de Sebou, de Moulouya et de l’Oum-Errabia. Si la plupart des centrales affichent une production modeste de 100 kilowatts, certaines parviennent à produire 1 500 kilowatts, ce qui offre un bon complément énergétique au pays.
Plus d’investissement dans l’éolien.
Le Maroc croit en l’éolien comme un axe majeur de développement de son modèle énergétique, et de fait son vaste territoire offre des ressources inespérées pour le développement de parcs éoliens. Le Projet de 850 MW a ainsi été lancé en 2016 et il vise à augmenter le nombre d’unités de production d’énergie éolienne. L’objectif du Maroc : fournir l’énergie éolienne aux prix les plus bas du marché mondial (entre 30 et 25 dollars le mégawatheure). Et c’est sur les performances de la société marocaine Nareva que le projet repose. L’entreprise énergétique, qui est une filiale du groupe SNI/ONA est très bien installée dans le paysage énergétique du pays, et elle est particulièrement spécialisée dans l’éolien. Elle exploite conjointement avec le français Engie le parc éolien de Tarfaya. Situé dans la zone côtière sud du pays, c’est le plus grand parc éolien du continent africain à l’heure actuelle.
En 2015, Nareva a remporté (conjointement avec Siemens et Enel) l’appel d’offre pour la construction de cinq parcs éoliens qui devraient offrir une capacité totale de 850 mégawatts. Et l’entreprise doit encore se lancer dans un autre projet : la construction d’une centrale éolienne près de Boudjour, pour un budget de 400 millions d’euros. Ce sera le cinquième projet que Nareva mènera en tant que producteur indépendant, et cette nouvelle centrale de production aura pour principale mission d’alimenter l’activité industrielle de cette partie du pays qui accueille entre autres des clients comme Air Liquide Maroc, Lafarge Holcim Maroc, Ciment du Maroc… Une fois construit, le parc éolien devrait garantir une production de 202 mégawatts. La mise en service est annoncée pour décembre 2018.