Energie
Difficultés de paiement aux pétroliers
Mauvaise part au déficit budgetaire
Élaboré sur la base d’une croissance du PIB de 4,2%, d’un taux d’inflation de 2,5%, d’un cours moyen de pétrole de 100 dollars le baril et d’un cours moyen du gaz liquide de 780 dollars la tonne, le projet de loi vise une croissance moyenne de 5,5% du PIB et de 6% du PIB non agricole sur la période 2012-2016.
Le projet de loi aurait prévu au début un montant total des ressources de 314, 51 MMDH en hausse de 19% par rapport à 2011 contre des charges de 346,76 MMDH en augmentation de 25% par rapport à l’exercice précédent. Il en est ressorti théoriquement un excédent des charges sur les ressources de 32,25 MMDH. Il faut dire que le gouvernement Benkirane n’aura pas la partie facile. Et depuis qu’un certain jeu d’ascenseur fit curseur entre les deux Chambres, une révision à la baisse du taux de croissance pour 2012 a pesé de tout son poids. L’aggravation du déficit budgétaire 2011 et la hausse des cours des matières premières, ajoutées aux retombées de la crise qui frappe les pays de l’Union européenne, une conjoncture mondiale pas favorable à de tels pronostics, le projet de loi de Finances pour l’année 2012 a fait toilette. Une conséquence du revirement mondial allait impacter directement le taux de croissance au Maroc durant l’année 2012, lequel ne dépassera pas 4,2% contre les 5,5% prévus, et la courbe pourrait enregistrer d’autres dépourvus.
Le projet de loi prévoit également un budget de 2 milliards DH pour le Fonds de solidarité sociale, financé par l’État et les grandes entreprises à hauteur de 1,2 milliard DH. Pour rappel, ce projet avait été retiré de la première mouture de la loi de Finances 2012 par l’ancien gouvernement au vu des difficultés enregistrées dans la situation économique du pays. Mais l’actuel gouvernement a réintroduit cette mesure dans le budget au titre de l’exercice 2012. Ce Fonds sera avant tout destiné à financer les soins médicaux pour les personnes en grande difficulté financière et à favoriser l’éducation des enfants des familles démunies. Dans le même sillage, le projet de loi de Finances prévoit de renforcer les programmes sociaux en réservant notamment 51 milliards DH au secteur de l’enseignement, 12 milliards à la santé et 3 milliards à l’habitat.
À cela, s’ajoutent 2,6 milliards DH dédiés au désenclavement du monde rural, 1 milliard DH pour le financement du Fonds de développement rural et 2,3 milliards pour le programme de l’INDH (Initiative nationale pour le développement humain). Par ailleurs, l’emploi étant le plus gros souci du pays, le gouvernement a alloué une enveloppe de 1 milliard DH à la formation des diplômés chômeurs avec pour finalité de promouvoir l’emploi dans le secteur privé. Il faut souligner enfin que la loi de Finances prévoit la création de 26.000 postes de travail dans le secteur public dont 45% iront aux secteurs sociaux. Oui, décidément, une forte tonalité sociale marque cette mouture finale de la loi de Finances.
Mais pour ce qui est des reliquats enregistrés par les professionnels de l’hydrocarbure rien ne laisse prévoir une levée de boucliers des pétroliers, brandissant la menace de grever. Et pour cause! Les arriérés de paiement dus aux pétroliers.
L’ardoise qu’hérite la nouvelle équipe gouvernementale (au titre de la compensation) s’élève à 23,7 milliards DH. Ceci, à raison de 15 milliards pour le seul exercice 2011 et 8,7 milliards l’exercice précédent. Au total, c’est près de huit mois d’arriérés, en comptabilisant les deux derniers mois de chaque exercice que la Caisse de compensation reporte à celui suivant. Estimations faites sur la base des montants versés à ce jour: 33,6 milliards DH et le reliquat au titre de 2011, la cagnotte totale de la subvention atteindrait quelque 48 milliards DH. A défaut de la réforme promise de la Caisse de compensation, il va falloir trancher la question de la compensation.
Les statistiques font ressortir un gros impact des produits pétroliers sur la balance commerciale. A elle seule, la facture énergétique s’est élevée à 81,5 milliards DH, soit une hausse de 34%, en glissement annuel. Les dernières statistiques publiées par l’Office des changes, font état d’une nouvelle détérioration du solde de la balance commerciale avec un déficit de 166,5 milliards DH. Ceci dit que la demande des ménages en biens de consommation durable, faite la part belle aux importations incompressibles.
Les cas les plus édifiants restent les produits pétroliers et les céréales. Une fois de plus, ce sont les achats de gasoil et fuel, dont la valeur a augmenté de 60,7% à 29 milliards DH, qui corsent la note. De même, sous le double effet de la hausse du volume, de 25,3%, et du prix de la tonne de pétrole importée, qui s’est apprécié de 28,3%, la situation ne s’arrange pas. D’autant plus que la baisse relativement importante du volume du pétrole brut importé de 4,9% n’est pas forcément synonyme
d’économie sur facture. Bien au contraire. Du fait du renchérissement du prix du baril, il a fallu débourser 5,6 milliards DH en plus. En conséquence, la facture pour l’acquisition des produits énergétiques (gasoil, fuel et gaz de pétrole) a atteint 41,6 milliards DH sur les onze mois de l’année, soit plus de 88% du budget de la compensation estimé à 48 milliards DH. On est bien loin des 17 milliards budgétisés dans la loi de Finances 2011.
M.M