« Communication, éducation et santé, les trois composantes les moins dynamiques de l’année en cours«
M. Ahmed Lahlimi a, une fois encore, pris la parole devant une pléiade de journaliste à Casablanca le mardi dernier pour fixer du doigt le ralentissement de l’activité économique nationale en 2019, imputable au fléchissement des activités primaires après deux bonnes années agricoles.
Après deux bonnes années successives, explique-t-il, la campagne agricole 2018-2019 s’annonce moyenne pour les céréales et plutôt bonne pour les autres cultures. Avec un cumul des précipitations de 290,5mm vers la fin du mois d’avril de l’année en cours, portant le niveau de remplissage des barrages à usage agricole à 60%, la production céréalière atteindrait 61 millions de quintaux, en régression d’environ 40% par rapport à 2018.
N’ayant pas profité pleinement aux céréales, les conditions climatiques favoriseraient toutefois, une bonne production des autres cultures, notamment l’arboriculture. Quant aux activités de l’élevage, elles devraient tirer profit de l’état favorable des parcours, combiné au bon stock de paille et d’orge résultant des bonnes campagnes précédentes.
S’agissant des activités de la pêche maritime, celles-ci devraient connaître une amélioration, comme en témoigne la performance de la commercialisation des produits de la pêche côtière et artisanale en volume et en valeur durant les premiers mois de l’année en cours.
Compte tenu de ces évolutions, le secteur primaire devrait dégager, une valeur ajoutée en repli de 2,1%, contribuant négativement à la croissance du Produit Intérieur Brut de -0,3 point en 2019 au lieu d’une contribution positive de 0,3 point une année auparavant.
Les activités non agricoles, devraient, de leur côté, s’accroitre de 3,2%, en légère amélioration par rapport à 2,8% enregistrée en 2018. Ce résultat s’explique essentiellement par un accroissement des activités secondaires de 3,5% au lieu de 3% en 2018. Quant aux activités du secteur tertiaire, elles devraient progresser de 3% au lieu de 2,7% enregistré en 2018.
Au niveau du secteur secondaire, les industries de transformation poursuivraient leur reprise, affichant un taux de croissance de près de 3% en 2019. Cette évolution serait tirée notamment par les bonnes performances de l’industrie chimique et parachimique qui devrait progresser de 5,7%, portée par la bonne tenue du secteur extractif. Les activités des industries mécaniques métallurgiques et électriques, et suite à la baisse que connaitrait en 2019, le secteur de l’automobile au niveau mondial, devraient connaitre un ralentissement à 3% en 2019 au lieu de 6,7% en 2018. Quant aux industries du textile et du cuir, le secteur devrait enregistrer une évolution de 3,8%, peinant toujours à dépasser ses principaux obstacles de concurrence, de contrebande et de difficultés de financement. De même, l’industrie agroalimentaire devrait afficher un rythme de croissance modéré de 2,8% en 2019, contre une évolution de 5,2% en moyenne entre 2010 et 2014.
Le secteur du bâtiment et travaux publics devrait connaitre une légère amélioration avec une croissance de près de 1% au lieu de 0,1% en 2018, bénéficiant notamment de la poursuite des projets d’infrastructure. Cependant, la branche du bâtiment continuerait d’éprouver des difficultés à s’extraire du régime de faible performance qui a marqué la production du logement depuis 2012. Les impulsions apportées par la baisse des taux d’intérêt et les différents programmes d’habitat lancés par les pouvoirs publics seraient restées insuffisantes pour permettre l’enclenchement d’une véritable phase de reprise du secteur.
Concernant le secteur minier, sa valeur ajoutée poursuivrait sa consolidation et afficherait un taux de croissance de 3,9% en 2019 après 4,7% en 2018 et un net rebondissement de 16,5% en 2017. Le redressement de la production de phosphate brut serait porté par la consolidation de la demande des industries locales des engrais chimiques et de l’acide phosphorique, en réponse à une demande extérieure vigoureuse.
Au niveau des activités tertiaires, les services marchands, dépendants davantage de la demande intérieure, peineraient toujours à retrouver leur dynamique de croissance d’avant 2012. Ils devraient progresser de 3% en 2019 en amélioration par rapport à 2,4% enregistré en moyenne entre 2013 et 2018, restant toutefois en deçà de 4,6% comme moyenne annuelle entre 2000 et 2012. Cette amélioration des services marchands en 2019, serait portée notamment par le raffermissement des activités commerciales, des services rendus aux entreprises et des services de l’hébergement. Les services financiers, la communication et les services de l’éducation et de la santé resteraient les composantes les moins dynamiques en 2019.
Les services fournis par les administrations publiques dégageraient quant à eux, une valeur ajoutée en hausse de 3,4% après 2,5% en 2018, en liaison avec la valorisation des salaires en 2019 dans le cadre du dialogue social.
Dans ces conditions, et compte tenu de l’évolution de 4,7% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, la croissance économique nationale serait de 2,7% en 2019 au lieu de 3% enregistrée en 2018. L’inflation, exprimée par le niveau général des prix, baisserait à 0,8% en 2019 au lieu de 1,1% en 2018.
La croissance économique nationale en 2019 continuerait d’être tirée par la demande intérieure, alors que la demande extérieure présenterait une contribution négative pour la deuxième année consécutive.
Le dynamisme de la demande intérieure proviendrait essentiellement de la consommation des ménages qui reste le moteur de la croissance économique nationale en 2019. Confortée par la maitrise des prix et par l’amélioration des salaires, la consommation des ménages devrait progresser de 3,5%, au lieu de 3,3% l’année précédente, maintenant sa contribution à la croissance du PIB à 2 points.
De son côté, la consommation publique devrait s’accroitre de 2,9% après avoir enregistré une croissance de 2,5% en 2018, en raison de la hausse des dépenses de fonctionnement non salariées prévue en 2019. Sa contribution à la croissance serait ainsi de 0,6 point au lieu de 0,5point en 2018. Globalement, la consommation finale nationale se serait accrue de 3,3% au lieu de 3,1% en 2018, contribuant ainsi de 2,6 points à la croissance du PIB au lieu de 2,4 points en 2018.
Par ailleurs, le volume de l’investissement brut connaitrait un repli de son rythme d’accroissement, enregistrant une évolution de 1,7% au lieu de 5,9% en 2018, limitant sa contribution à la croissance à 0,6 point au lieu de 1,9 point en 2018. En effet la formation brute du capital fixe, favorisée par la hausse de l’investissement de l’administration publique et par l’installation de nouvelles usines industrielles, devrait s’accroitre de près de 2,2% au lieu de 1,2% en 2018. Sa contribution passerait ainsi, à près de 0,6 point en 2019 au lieu de 0,3 point en 2018. La variation des stocks, quant à elle, serait en ralentissement significatif suite notamment à la baisse de la production agricole et au déstockage des semi produits. Sa contribution à la croissance économique serait nulle au lieu d’une contribution positive de 1,6 point en 2018.
Au total et compte tenu de ces évolutions, le volume de la demande intérieure connaitrait une croissance en décélérationà 2,8% en 2019 au lieu de 3,9% en 2018. Sa contribution à la croissance du PIB passerait à 3,2 points en 2019 au lieu de 4,3 points en 2018.
S’agissant de la demande extérieure, les exportations de biens et services qui profiteraient de l’amélioration de la demande adressée au Maroc en 2019, devraient enregistrer une croissance de 7,2% au lieu de 5,8% en 2018. De leur côté, les importations de biens et services afficheraient en volume un ralentissement de leur rythme de croissance pour atteindre 6,5% au lieu de 7,5% en 2018. En conséquence, la demande extérieure devrait enregistrer à nouveau une contribution négative à la croissance du PIB en 2019, en s’établissant à -0,4 point contre -1,3 point en 2018, après une contribution positive de 0,3 point en 2017.
Recours à la privatisation pour réduire le déficit budgétaire alourdi notamment par la hausse des dépenses de fonctionnement.
Les finances publiques devraient connaitre, en 2019, un renforcement des recettes ordinaires, suite notamment à l’amélioration prévue du recouvrement des recettes fiscales et à la mobilisation des recettes exceptionnelles à travers l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques. En revanche, l’expansion des dépenses de fonctionnement suite, notamment à la nouvelle augmentation des salaires approuvée dans le cadre du dialogue social, au milieu de l’année 2019, devrait alourdir davantage les dépenses publiques.
Les recettes fiscales, qui constituent plus de 86,4% des recettes ordinaires, seraient portées à la fois par les impôts directs et indirects, bénéficiant des mesures annoncées dans la loi des finances 2019, notamment celles prises au niveau de la taxe intérieure sur la consommation et au niveau des impôts sur les sociétés. Ainsi, les recettes fiscales, devraient se maintenir à près de 18,9% du PIB en 2019 au lieu d’une moyenne de 19,3% du PIB entre 2010-2017.
Les recettes non fiscales, qui représenteraient 12,5% des recettes ordinaires en 2019, devraient bénéficier de l’opération de la privatisation, générant près de 10 MMDH en 2019 contre 2,5 MMDH en 2016. A cet effet, ces recettes devraient atteindre 2,7% du PIB en 2019, portant les recettes ordinaires à 21,9% du PIB au lieu de 21,1% en 2018.
Concernant les dépenses ordinaires, elles seraient marquées en 2019 par une nouvelle hausse de la masse salariale de près de 4,5% au lieu de 1% en 2018. Ces charges salariales devraient représenter ainsi 9,7% du PIB et plus que la moitié des recettes fiscales. A cela s’ajoute l’effet des dépenses des autres biens et services, en forte augmentation pour représenter 6,3% du PIB en 2019, ainsi que les dépenses de compensation qui resteraient rigides à la baisse. Dans ces conditions, et avec un service de la dette publique qui serait de 2,4% du PIB, les dépenses ordinaires devraient s’inscrire dans une tendance haussière pour passer à près de 19,9% du PIB au lieu de 19,3% en 2018.
Tenant compte des dépenses d’investissement qui atteindraient près de 6% du PIB, les dépenses budgétaires globales de l’Etat représenteraient près de 25,9% du PIB en augmentation par rapport à 25,2% du PIB une année auparavant. En conséquence, le déficit budgétaire devrait s’accentuer pour atteindre 4,5% du PIB en 2019 au lieu de 3,7% enregistré en 2018. En tenant compte des recettes de la privatisation, ce déficit devrait s’alléger à 3,6% du PIB.
La situation déficitaire des finances publiques se traduirait par le recours de l’Etat au marché des adjudications et aux emprunts extérieurs. Dans ce cadre, la dette intérieure du Trésor devrait connaitre une hausse de 4% par rapport à son niveau enregistré en 2018 pour atteindre 51,6% du PIB en 2019. La dette extérieure du Trésor, de son côté, devrait s’accroitre de 7,4% au lieu d’une baisse de 3,4% en 2018. Elle devrait ainsi représenter 21% de l’encours global de la dette du Trésor au lieu de 20,5% en 2018 et 13,7% du PIB au lieu de 13,3%. Au total, le taux d’endettement global du Trésor devrait augmenter à 65,3% du PIB au lieu de 64,9% en 2018.
Compte tenu de la dette extérieure garantie par l’Etat qui devrait se maintenir à 16% par rapport au PIB en 2019, le taux de la dette publique globale s’accroitrait pour atteindre près de 81,3% du PIB en 2019, au lieu de 73,4% durant la période 2010-2017 et 60,2% durant 2005-2009.
Rigidité à la baisse du déficit commercial dans un contexte marqué par le ralentissement des échanges extérieurs et par la baisse des cours des matières premières.
En terme nominal, et en tenant compte de la quasi-stagnation des cours des produits énergétiques, et des autres matières premières au niveau international, les importations de biens et de services, devraient ralentir à 4% en 2019 au lieu de 9,6% une année auparavant. Les exportations de biens et de services, quant à elles, devraient connaitre un ralentissement de leur rythme de croissance, affichant une évolution de 5,6% en 2019 comparativement à 8,3% en 2018.
A cet effet, la balance des échanges extérieurs des biens et des services dégagerait un déficit commercial rigide à la baisse par rapport au PIB passant de 18,6% du PIB en 2018 à 18,7% l’année en cours. Tandis que le déficit en ressources serait en allègement passant de 11,8% du PIB en 2018 à 11,4%. Compte tenu d’une amélioration attendue des revenus extérieurs nets, sur la base d’une progression de 2% des transferts des MRE en 2019, la balance des paiements devrait dégager un déficit du compte courant de 5,3% du PIB, en atténuation par rapport à 5,9% du PIB enregistré en 2018.
Ce besoin de financement est aussi synonyme du gap entre l’investissement et l’épargne nationale. L’année 2019 connaitrait un accroissement du produit intérieur brut aux prix courants de 3,5% au lieu de 4,1% en 2018 et par une hausse de la consommation finale nationale de 4%. De ce fait, le taux d’épargne intérieure serait en baisse, en passant de 23% en 2018 à 22,6% du PIB. Compte tenu du niveau des revenus nets en provenance du reste du monde, qui devraient représenter 4,7% du PIB, l’épargne nationale connaitrait, ainsi une légère baisse, passant de 27,6% du PIB en 2018 à près de 27,3% en 2019. Cependant, cette épargne resterait inférieure à l’investissement brut qui serait en recul, passant de 33,5% du PIB en 2018 à 32,6% en 2019. Ainsi, le gap de financement entre l’investissement et l’épargne nationale serait de 5,3% en 2019.
Accentuation du besoin de liquidité de l’économie nationale
L’économie nationale continuerait d’être marquée par un important besoin en liquidité atteignant près de 70 MMDH entre 2018 et 2019 au lieu de 41 MMDH en 2017, en liaison avec l’insuffisance des moyens de financement extérieur notamment celle des flux des investissements directs étrangers et des recettes des MRE. Dans ces conditions les réserves en devises devraient se limiter à près de 237 milliards DH pour couvrir 5,6 mois d’importations au lieu de 5,8 mois en 2018.
De même, le maintien de la stabilité du taux directeur à 2,25% ne devrait pas profiter à la promotion des crédits bancaires qui resteraient peu dynamique en 2019 avec un taux de croissance de 3,8% au lieu de 3,4% en 2018 et 10,6% en moyenne durant la période 2007-2017. Cependant, les créances nettes sur l’administration centrale, avec une hausse de 10,7% par rapport à 2018, devraient continuer de soutenir la création monétaire en 2019.
Dans ce contexte, et en prenant en compte les perspectives de croissance économique en 2019 et le niveau général des prix, la masse monétaire continuerait d’enregistrer un taux d’accroissement modéré, de l’ordre de 4,3% en 2019 au lieu de 4,1% en 2018.
Perspectives de l’économie nationale en 2020
Les perspectives économiques pour l’année 2020 reposent sur un scenario moyen de la production des cultures céréalières, conforté par la consolidation des autres cultures et de l’activité de l’élevage durant la campagne 2019/2020. Elles supposent également la reconduction de la politique budgétaire mise en vigueur en 2019 et prenant en compte la mise en œuvre de la deuxième tranche de la valorisation des salaires.
Ces perspectives tiennent compte aussi de l’évolution de l’environnement international marqué par le maintien en 2020, des prix du pétrole à leur niveau de l’année en cours et par une légère amélioration de la demande mondiale adressée au Maroc. Par ailleurs, le rythme d’accroissement des recettes de voyages et celui des transferts des Marocains résidents à l’étranger devraient se raffermir en 2020.
Légère reprise prévue des activités primaires
Sur la base de toutes ces hypothèses, le secteur primaire devrait connaitre une légère hausse de sa valeur ajoutée de l’ordre de 4,6% au lieu d’une baisse de 2,1% qui serait enregistrée en 2019. Le secteur non agricole, composé des activités secondaires et des services, dégagerait de son côté une croissance de 3,1%, soit presque le même rythme qu’en 2019.
Concernant le secteur secondaire, il devrait enregistrer globalement une croissance de 3,1%. Ce résultat serait soutenu, particulièrement, par la poursuite du dynamisme de l’activité minière et par la performance de certaines branches des industries manufacturières particulièrement les industries chimiques et parachimiques et les industries mécaniques électriques et métallurgiques. Quant au secteur tertiaire, il devrait réaliser une croissance d’environ 3%, soit le même rythme prévu en 2019. Cette augmentation serait attribuable à l’amélioration des services marchands de 3,1% et des services des administrations publiques de 3%.
Dans ces conditions, et compte tenu d’une évolution de 4,5% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, le Produit Intérieur Brut devrait enregistrer une croissance de 3,4% en 2020 au lieu de 2,7% prévue pour 2019.
En terme nominal, le Produit Intérieur Brut enregistrerait une progression de 4,5% au lieu de 3,5% en 2019. Cette évolution fait ressortir une légère hausse de l’inflation mesurée par l’indice implicite du PIB dont le taux passerait de 0,8% en 2019 à 1% en 2020.
Dans ces conditions, et en tenant compte de l’évolution de la population active et de la quasi-stagnation des créations nettes d’emploi, le taux de chômage devrait augmenter à 10% en 2019 après avoir été de 9,8% en 2018 avant de baisser à 9,9% en 2020.
La demande extérieure continuerait en 2020 de contribuer négativement à la croissance. La demande intérieure elle, devrait enregistrer une croissance de 3,2% en 2020 au lieu de 2,8% en 2019, émanant d’une évolution tendancielle de la consommation nationale finale et de l’accroissement de l’investissement brut. Ainsi, la consommation des ménages, profitant des effets positifs escomptés de la campagne agricole 2019-2020 et de l’amélioration des revenus dans le cadre des résultats du dialogue social, devrait s’accroitre de 3,6% en volume en 2020 au lieu de 3,5% en 2019.
De son côté, la consommation des administrations publiques devrait s’accroitre de 2,5% au lieu de 2,9% en 2019, suite à la décélération du rythme d’accroissement des dépenses budgétaires de fonctionnement non-salariées. En somme, la consommation finale nationale devrait maintenir son rythme de croissance à 3,3% en 2020, dégageant ainsi une contribution de 2,6 points à la croissance économique.
La formation brute de capital fixe, qui reste soutenue par la poursuite des grands projets d’infrastructure, continuerait de bénéficier, également du démarrage de production dans un nombre d’entreprises installées dans le secteur des métiers mondiaux. Son volume devrait ainsi, augmenter de 1,8% en 2020 au lieu de 2,2% en 2019. Sa contribution à la croissance économique devrait passer de 0,6 point en 2019 à 0,5 point en 2020. En intégrant la variation des stocks, le volume de l’investissement brut devrait connaitre une hausse de 3% en contribuant ainsi d’un point à la croissance au lieu de 0,6 point en 2019.
Dans ces conditions, la demande intérieure devrait raffermir son rythme de croissance à 3,2%, enregistrant ainsi une contribution de 3,5 points à la croissance économique en 2020, au lieu d’une croissance de 2,8% et une contribution de l’ordre de 3,1points estimés pour 2019.
Concernant la demande extérieure, le volume des exportations devrait s’accroitre de 8,1% au lieu de 7,2% en 2019, bénéficiant de la performance des secteurs exportateurs classiques et celle de la branche automobile. Les importations quant à elles, devraient progresser de 6,7% au lieu de 6,5% en 2019. Ces évolutions dégageraient, en conséquence, une contribution négative de la demande extérieure à la croissance pour la troisième année consécutive de l’ordre de -0,1 point.
Léger recul du ratio de l’endettement public par rapport au PIB
L’évolution prévue des finances publiques suppose le raffermissement des recettes fiscales suite aux recommandations issues des assises fiscales et la hausse des dépenses de fonctionnement en liaison avec la mise en œuvre de la deuxième tranche des valorisations de la masse salariale.
Dans ce cadre, les recettes ordinaires devraient se maintenir à près de 21,3% du PIB en 2020, alors que les dépenses ordinaires resteraient rigides à la baisse pour atteindre 19,5% du PIB. Tenant compte des dépenses d’investissement, le déficit budgétaire devrait s’alléger passant de 3,6% en 2019 à 3,5% du PIB en 2020.
Face à cette situation déficitaire, le taux d’endettement du Trésor devrait s’alléger pour atteindre près de 64,8% du PIB au lieu de 65,3% en 2019. Par conséquent la dette publique globale connaitrait une légère baisse pour atteindre 80,7% du PIB au lieu de 81,3% du PIB estimé pour 2019.
En ce qui concerne les finances extérieures, les exportations aux prix courants connaitraient une hausse de 7,5% en 2020, alors que les importations devraient enregistrer un rythme d’accroissement en amélioration de 6,2%. De ce fait, le déficit en ressources serait en légère baisse, passant de 11,4% du PIB en 2019 à 11,1% en 2020.
Concernant les revenus nets en provenance du reste du monde, ils devraient enregistrer une hausse de 5,2%, représentant ainsi 4,7% du PIB suite principalement àl’évolution attendue des recettes des MRE de 3,5%. A cet effet, le compte courant dégagerait un déficit se situant à 4,9% du PIB au lieu de 5,3% du PIB en 2019. Un besoin qui reflète aussi l’écart entre l’investissement brut,qui devrait baisser à 32,4% du PIB et l’épargne nationale, qui devrait s’améliorer à 27,5% du PIB en 2020.
En prenant en considération, les perspectives de croissance économique en 2020 et de la hausse modérée des prix, les crédits bancaires devraient augmenter de 4,6% en 2020 au lieu de 3,8% en 2019. Avec l’hypothèse que les réserves internationales nettes assureraient le recouvrement d’environ 5,3 mois d’importations de biens et services, la masse monétaire devrait s’accroitre de près de 4,6% au lieu de 4,3% en 2019.
En conclusion, les perspectives d’évolution de l’économie nationale confirment davantage la tendance baissière et moins volatile du rythme de la croissance. Cette dernière reste impactée par la dépendance de la valeur ajoutée agricole aux aléas climatiques, bien qu’elle soit confortée par le développement des cultures hors céréalières. En outre, la dynamique des activités non agricoles n’arrive toujours pas à hisser la croissance économique nationale au niveau souhaité.
Le secteur industriel, qui semble être la clé de la relance économique, peine toujours à accentuer sa part dans le PIB, et à enregistrer des valeurs ajoutées stables et incompressibles qui lui permettront de porter la croissance.
L’installation des nouveaux opérateurs dans les activités des métiers mondiaux, notamment l’automobile, devrait contribuer à la consolidation de la place du Maroc dans la chaine de production mondiale, au renforcement de sa capacité productive et à la diversification de son offre exportable. La tendance haussière du degré d’intégration de ces industries permettrait un dynamisme du tissu productif national et un renforcement de l’attractivité du pays comme étant une plateforme de l’industrie automobile. Ceci nous interpelle sur les capacités de notre industrie locale à suivre la tendance mondiale de l’industrie automobile et son insertion dans la chaine de production des voitures de nouvelle génération.
En outre, cet intérêt porté à ces métiers mondiaux ne devrait pas être au détriment des autres secteurs industriels classiques, notamment l’agroalimentaire et le textile, qui ont longtemps participé à la promotion de l’emploi et des exportations. En effet, il est intéressant de souligner le déphasage croissant entre les performances de certaines branches productives agricoles, notamment les agrumes, et les capacités de transformation industrielle, à la lumière de la faiblesse de la part exportée et de sa concentration sur un nombre réduit de clients.
De même, l’industrie du textile et du cuir est submergée par une panoplie de contraintes qui limitent sa reprise. Cette branche souffre de l’inconsistance de sa compétitivité en termes de prix, qualité et innovation ainsi que de sa dépendance des intrants importés, qui approuve sa fragilité face à l’offre extérieure.
Le gap structurel entre le niveau des exportations et celui des importations fragilise la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique, et ce malgré les efforts déployés en terme de promotion des exportations et de diversification de l’offre exportable. Les accords de libre-échange bilatéraux demeurent incapables de réaliser les objectifs escomptés. Cette situation renvoie sur le caractère déficitaire des accords commerciaux, dont l’effet reste important sur la balance extérieure et sur les recettes douanières. De ce fait, force est de constater qu’un effort supplémentaire en terme d’amélioration de la compétitivité des produits locaux et de leurs commercialisation est aujourd’hui d’une importance capitale.
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