Economie

Habitat insalubre et problématique de gestion

Les tentatives d'éradication esquivées

La question de l’habitat n’est pas née d’hier, c’est une problématique qui traînait depuis très longtemps et qui a mobilisé, à tour de rôle, une succession de gouvernements. C’est une question complexe qui, au demeurant, se heurte à des problèmes de gestion consacrés à la politique de la ville. Et faire notamment disposer l’habitat de mécanismes et de financement pour pouvoir finaliser une politique réaliste de lutte contre l’habitat insalubre survivant à toute tentative. Dans ce même chapitre des contrats seront conclus en 2019, disait le ministre de l’Habitat, avec les municipalités concernées dans le cadre d’un programme financé pour les trois prochaines années. Un programme qui vise en fait la réhabilitation et le développement de centres émergents, en fonction des moyens disponibles. De même, qu’il sera procédé à la finalisation de l’étude autour des domaines prioritaires, entre autres le renforcement du cadre législatif en mettant à jour la loi sur le logement individuel, le projet de loi sur le logement social et le projet de décret sur le système de la composante propriété-comptabilité collective…

Rappelons qu’en terme de lutte contre l’habitat clandestin, une enquête nationale a été réalisée en 1983 par le ministère de tutelle et la Banque mondiale révélant l’ampleur du phénomène au Maroc. Au début des années 1980, ce type d’habitat concernait 13% de la population urbaine (soit 1,3 million habitants) et couvrait une superficie de 3 000 hectares avec une densité moyenne de 310 habitants par hectare. Cette population était implantée en majorité dans des grandes villes de plus de 30 000 habitants. L’utilisation des sols est également très diversifiée, allant de squats complets à des occupations quasi légales, à un statut intermédiaire de location ou de vente d’un terrain par un particulier. Mais, en règle générale, les bidonvilles sont établis sur des terres domaniales, (habous) ou collectives, se situant essentiellement à l’intérieur des périmètres urbains sous forme de noyaux dispersés.

Le logement non réglementé ou « clandestin » est donc une forme d’urbanisation insalubre depuis les années 1970 et elle y demeure  encore aujourd’hui. Ce sont des  formes d’habitats précaires par leurs morphologies générales, leurs structures et leurs modes de production. Sachant qu’une frange de la société grandie dans des conditions qui ne peuvent qu’altérer la condition humaine dans de pareilles endroits. Ceci dit que malgré les préoccupations de l’État qui remontent au lendemain de l’indépendance, la lutte contre le logement insalubre n’a pas retenu toute l’attention du Plan de développement économique et social de 1973 à 1977. Les plans pour les périodes 1978-1980 et 1981-1985 (prolongés jusqu’en 1987) avaient pour objectif de poursuivre la restructuration des taudis et de renforcer le programme de logements économiques.

 


A cet égard l’Agence nationale de l’habitat insalubre (ANHI) a été créée, pour ainsi dire, qu’ en 1984, elle avait pour but l’attribution, la restructuration et la réinstallation des habitants de taudis, et la suppression des quartiers pauvres. Intégrant également les bâtiments menaçant ruine. Une politique que les pouvoirs publics mettent à réflexion, imposant des démarches innovantes contribuant à l’élaboration de nouvelles stratégies pour prévenir et traiter l’insalubrité de l’habitat sous toutes ses formes comme disait S.M le Roi dans son discours annoncé à Agadir en 2006 à l’occasion de la Rencontre Nationale des collectivités locales:  «Ce que nous visons, en définitive, ce n’est pas uniquement d’avoir des villes sans bidonvilles, ni d’y substituer des blocs de béton sans âme, réfractaires à toute sociabilité. Nous entendons, plutôt, ériger nos cités en espaces propices à la vie en bonne intelligence, dans la convivialité et la dignité, et en faire des pôles d’investissement et de production, et des agglomérations attachées à leur spécificité et à l’originalité de leur cachet,» disait Sa Majesté.

Il convient alors de souligner que la lutte contre le logement insalubre ne peut être efficace sans la participation active des populations concernées. Cet objectif ne peut être atteint qu’en s’appuyant sur les initiatives locales, en particulier sur le mouvement associatif, qui peut soutenir les actions des autorités locales et étendre les interventions des opérateurs publics. Il est également nécessaire de prendre en compte les besoins réels de la population.
Quatorze ans plus tard, il paraît que les résultats sont bien en deçà des attentes, au point de provoquer de vives réactions de la part des autorités politiques, des dirigeants économiques ou des associations. Ce qui révèle un ensemble de contradictions qui traduisent une crise de gouvernance et de dysfonctionnements affectant la mise en œuvre la conduite du programme de lutte contre l’habitat insalubre. Il est aussi notoire de souligner la persistance et l’obstination du service de surveillance, comme en témoigne l’annonce du lancement de nouvelles opérations. Hélas, il faut souligner que les taudis s’agrandissent constamment grâce aux enjeux électoraux qui font défaut.

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