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INONDATIONS A DAKAR
Notre réponse : Par Prof Cherif Salif SY
Résilience – Requalification – Restructuration régionale
Repenser d’urgence le cadre urbain et
l’aménagement du territoire
Le cadre urbain de la ville de Dakar et de son hinterland est déstructuré et
contraignant du fait d’une occupation non planifiée de l’espace. Cette
absence de planification et de gestion du réseau viaire, de la politique de
zonage (le réseau parcellaire) et de la gestion des volumes urbains
(l’étalement du cadre bâti) entraine des conséquences majeures que sont
- L’absence d’un design urbain caractérisant un cadre urbain dakarois harmonisé et paisible
- Un étalement irréfléchi au lieu d’une logique de densification et d’un usage multifonctionnel de l’espace
- Un engourdissement des flux de circulation impactant la mobilité́ des biens et des hommes
- Et enfin l’enjeu majeur des inondations avec l’emprisonnement des eaux pluviales et l’occupation de zone impropre à l’habitation
Monsieur le Président, 10 hectares de forêt n’est rien du tout quand Dakar étouffe. Faites de tout ce qui reste un parc s’il vous plaît mais pas d’une jungle en béton. Les enfants sénégalais souffrent d’asthme et de problèmes respiratoires à cause de la pollution… pensez à l’avenir.
Ainsi la planification et la gestion de l’espace sont donc les défis majeurs que la politique d’aménagement du territoire et d’urbanisme n’arrivent toujours pas à relever depuis la sécheresse ayant débuté vers l’année 1965.
La progression de la sécheresse, la concentration de l’offre de service public et les perspectives d’emploi vont donc aggraver la macrocéphalie du Sénégal. Les populations ont donc quitté l’intérieur du pays et se sont installées dans les bas fonds, lacs et cours d‘eau asséché devant l’impuissance des collectivités locales dépossédées des compétences et moyens de planification spatiale et gestion du milieu urbain.
L’Etat, au lieu de mettre de l’ordre immédiatement, s’est mis au contraire à développer une politique clientéliste envers ces populations en les maintenant sur place. La suite est connue :
- la construction surélevée de nouvelles routes
- pavages, dallages et un étalement urbain renforçant l’imperméabilité du sol et l’emprisonnement des eaux pluviales.
Et tout cela dans une ignorance totale des voies naturelles d’écoulement des 38 lacs, rivières, ruisseaux et autres cours d’eau la région dont le tapis est argileux.
Un bilan désastreux pour la population
Aujourd’hui les 2/3 de la population de la région vivent dans les bas fonds, qui, la pluie revenue, se remplissent dès les premières gouttes d’eau.
Parallèlement aux dynamiques socio-spatiales qui gangrènent le cadre urbain dakarois, les spécialistes nous indiquent qu’un cycle de sécheresse s’est achevé et qu’un nouveau cycle pluviométrique long et abondant se met en place. Ils estiment que ce cycle pourrait durer au moins 100 à 150 ans. Et nous pouvons tous constater que les inondations prennent une ampleur que près de deux générations de sénégalais n’ont jamais connue.
Nous devons donc stopper la gestion de l’urgence et nous engager dans une logique de planification spatiale guidée par une requalification de l’espace selon les fonctionnalités spatiales et une restructuration du cadre bâti selon les dynamiques du milieu urbain.
Il est grand temps de repenser sérieusement la politique d’aménagement du territoire, car le mal vient d’une politique de décentralisation ne donnant pas à la région les missions de redéfinition, de requalification et de gestion de l’espace régionale.
Comprenons que les tendances en proie sur le territoire dakarois sont lourdes et la facture d’une requalification et d’une restructuration va s’alourdir encore plus. Cependant cette facture ne saurait dépasser les pertes économiques actuelles et la facture publique de la gestion de l’urgence.
Sortir de l’informalité et de l’improvisation
Ne faut-il pas enfin sortir de l’informalité, du laisser-aller, de l’absence de responsabilité et d’auto-contrôle ? N’est-il pas le temps de répartir les fonctions en utilisant les qualifications et en développant les formations autour des besoins de l’urbanisme, de l’environnement et des sécurités sanitaires ?
Ne faut-il pas saisir la catastrophe pour une relance économique centrée sur nos capacités intérieures, l’emploi et la formation des jeunes et l’intensification des moyens de mécanisation et de mobilité de services dans les centres urbains et vers les régions rurales.
Contributions – Assainissement
IRD 2013 Institut de Recherche pour le Développement, l’Université Cheikh Anta Diopp, L’Université Gaston Berger de Saint-Louis, l’Association Urba Monde, le Conseil Régional de Dakar et l’Agence Régionale pour l’Environnement On définit classiquement l’assainissement comme une démarche visant l’amélioration sanitaire globale de l’environnement urbain par la collecte et le traitement des déchets liquides, solides et
des excréments avant l’évacuation des effluents traités vers le milieu naturel.
Gestion des eaux usées et maladies hydriques
Le manque d’attention portée à la gestion des eaux usées est clairement la cause d’une pollution généralisée de la nappe des sables quaternaires, et donc d’un gaspillage d’une ressource en eau douce que le changement climatique rend encore plus précieuse. Mais, ce manque d’attention est également responsable des graves problèmes d’inondations des banlieues de Pikine et Guediawaye, de l’insalubrité qui en résulte et du développement exponentiel des maladies hydriques de ces mêmes banlieues. Ce même défaut d’assainissement est encore responsable de la dégradation de la baie de Hann, de la grave pollution de ses eaux, de la dégradation des paysages, et des écosystèmes côtiers, de la récession touristique et de la baisse de production halieutique qui en résulte.
Si les effluents urbains étaient traités, au lieu de causer nuisances et pollutions, ils seraient source d’emplois pour la population, mais aussi d’eau douce réutilisable pour l’irrigation, de biogaz et de composts utiles à diminuer une totale dépendance énergétique et des pertes importantes de carbone dans les sols cultivés.
Déchets liquides et excréments – Fosses septique et déversement dans les rues et la nature aux risques de la Santé publique
En ce qui concerne les déchets urbains liquides et les excréments. Sur l’ensemble de la conurbation de Dakar, seule une petite partie située dans le centre-ville est drainée par un réseau d’égouts et de collecteurs. Le reste de l’espace urbain et tout particulièrement les n’est doté d’aucune structure collective d’assainissement et dépend donc pour la collecte et le traitement des moyens existants de gestion des boues de vidanges.Comme le souligne l’ONAS: « Le paradigme actuel qui oppose l’assainissement autonome (par latrines et fosses septiques) à l’assainissement collectif (par réseaux d’égout) conduit à une impasse et limite considérablement le développement du secteur ». Aucune de ces options technologiques ne résout la question du traitement des boues de vidange, ni n’exclut les pollutions massives qu’elles peuvent engendrer.
« Lorsque le contenu d’une fosse septique est malencontreusement déversé dans la concession, la rue, en pleine nature ou dans des champs de cultures, les risques pour la santé publique sont bien plus élevés que ceux liés aux déversements d’eaux »