Economie

Etat des lieux et perspectives de développement

Le secteur de la cimenterie est l’un des plus anciens de l’industrie marocaine. Son développement a connu plusieurs étapes. La première usine de cimenterie a vu le jour à Casablanca en 1913 avec une capacité de production de 20.000 tonnes par an. Elle est restée la seule à pourvoir le marché intérieur jusqu’en 1950. Depuis, de nouvelles cimenteries ont été construites pour répondre à une demande de plus en plus croissante. Ainsi les années 1952 et 53 ont vu naître quatre cimenteries à Agadir, Méknès, Tétouan et Tanger. Epargnée lors du tremblement d’Agadir en 1960, l’usine de cimenterie de la ville a fourni l’essentiel du ciment ayant servi à la reconstruction de la nouvelle ville. A partir de 1974 le Maroc connaît une importante pénurie de ciment qui a incité les pouvoirs publics à adopter une politique de zoning, de quotas, de répartition de la production du ciment par région…. Cette période a été marquée par une forte progression de la demande passant de 1,5 million de tonnes à 3,5 millions de tonnes soit une croissance de 9,78 %. La demande était si forte que le pays était obligé d’importer du ciment pour répondre à une demande toujours en augmentation. Pour faire face à cette situation, la construction de nouvelles unités de production était nécessaire. Ce qui sera fait avec le démarrage de l’usine de Marrakech en 1976 et le lancement des cimenteries d’Oujda et de Témara. Mais le secteur allait entrer, à partir de 1980 dans une période de fléchissement qui a durée sept années, avec un taux de croissance n’atteignant guère le 1,2 %. Il s’en est suivi la libéralisation du secteur et la suppression de la politique de zoning. Entre temps une nouvelle cimenterie démarre son activité à Bouskoura en 1982 avec une capacité de 1,3 millions de tonnes. Dès 1988, le secteur retrouve le dynamisme des années soixante- dix avec une croissance de 9,96 %.De nouvelles unités de production sont nées et un centre de distribution a été crée à Laâyoune pour approvisionner nos provinces du sud. De 1992 à 2000, le secteur procède à une mise à niveau et les réalisations se poursuivent avec la construction d’une usine à Safi, d’une ligne de production de clincker à Fès Ras El Ma. Le secteur est alors prêt à exporter. Ce qui débuta en 1994 avec un tonnage de 250.000 tonnes de clincker et 28.000 tonnes de ciment, soit 3,5 % de la production nationale. De nouvelles installations ont vu le jour comme le centre de broyage ciment à Fès Ras El Ma en 1997 et l’atelier de broyage et d’ensachage à Nador en 1998. Le secteur est désormais boosté par l’effet d’entraînement induit par les grands chantiers nationaux, l’accélération du programme autoroutier, le plan Azur d’aménagement des zones touristiques auxquels s’ajoute la demande émanant du secteur du bâtiment qui figure parmi les secteurs qui affichent un fort taux de croissance. Les investissements se multiplient: inauguration du centre broyage de Laâyoune (2001), démarrage de l’usine de Tétouan II et arrêt de celle de Tétouan en 2003, lancement du centre d’ensachage et de distribution de Settat en 2005. L’année suivante, le centre de broyage de Settat voit le jour et l’usine de Bouskoura s’agrandit grâce à une extension.
Un secteur dynamique
Quatre grandes entreprises, leaders dans le monde, exploitent neuf usines et 4 stations de broyage avec une capacité de production de 11 millions de tonnes. Le développement de l’industrie cimentière étant fortement lié au développement économique du pays et à la mise à niveau des secteurs de la construction et du logement, les entreprises cimentières réalisent selon l’Association Professionnelle des Cimentiers –APC- des investissements annuels de l’ordre de 550 millions de dirhams par an en moyenne. Ces montants sont affectés à la maintenance des outils de production, à leur mise à niveau technologique, à l’optimisation et l’extension des capacités de production et à la protection de l’environnement.
Atouts du secteur:
L’industrie cimentière est l’une des activités industrielles les mieux structurées et les mieux réparties sur le territoire national. Elle réalise, en moyenne, 45 % de la production et 50 % de la valeur ajoutée du secteur des matériaux de construction. Le marché national est réparti entre les différents acteurs avec une prédominance de LASARGE dans le nord-ouest, CIMENT DU MAROC dans le sud et HOCIM dans le nord-est. Les coûts élevés du transport expliquent, dans une large mesure, le fait que chaque groupe contrôle une grande partie du marché dans sa région. Les programmes d’infrastructures routières, de tourisme et d’installations sportives ainsi que la volonté affichée par le gouvernement de résorber le déficit en logement social, constituent des opportunités certaines pour cette industrie en pleine mutation. Les atouts du secteur sont nombreux si l’on se réfère aux étapes parcourues, aux investissements consentis, à la mise à niveau de ses infrastructures ainsi qu’aux besoins encore à combler en termes de demande potentielle. La consommation du ciment par habitant au Maroc reste encore très faible par rapport à celle enregistrée dans des pays à économie comparable. Ainsi, et jusqu’à fin 2002 par exemple, cette consommation de ciment par habitant était deux fois plus élevée en Tunisie qu’au Maroc. Pourtant nous sommes plus peuplés que la Tunisie…La croissance du secteur est donc inscrite dans une dynamique de croissance de secteurs vitaux comme le bâtiment ou le logement social comme en témoignent les ventes du ciment et la hausse des crédits à moyen et long termes accordés par le secteur bancaire au projets de logement….
Handicaps du secteur
Le coût de l’énergie reste la préoccupation majeure de l’industrie cimentière marocaine. La suppression de la TIC sur les combustibles industriels ayant été accordées au titre de la loi de Finance 2004 a cependant été accompagnée d’un relèvement du taux de la TVA applicable à l’énergie électrique de 7 % à 14 %. A ce titre, il convient de signaler que le coût de l’énergie représente les deux tiers du prix de revient au Maroc. Par ailleurs, le démantèlement progressif des droits de douane placera les industriels marocains du ciment face à la concurrence des opérateurs internationaux qui disposent de ressources énergétiques dans des conditions plus avantageuses. Cependant, l’un des grands défis auxquels est exposé le secteur est, sans doute, l’ouverture de nos frontières à travers les accords de zones de libre échange que le Maroc a signé. Les principaux concurrents dans cette perspective sont l’Egypte et la Turquie qui bénéficient d’avantages en termes de coût de l’énergie, ce qui se répercute sur le prix de leur ciment qui est plus abordable par rapport au nôtre. La différence dans les prix peut aller jusqu’à 50 %. Même avec des coûts de fret maritime en hausse, les ciments importés d’Egypte ou de Turquie resteront aussi compétitifs. A l’avantage dû à la baisse du coût de l’énergie dont sont bénéficiaires ces deux pays s’ajoute la forte dévaluation de leurs monnaies par rapport au dollar. Ces monnaies ont perdu en quelques années la moitié de leur valeur, favorisant ainsi les exportations évaluées en dollar. A court ou à moyen termes seulement, cette offensive du ciment étranger pourrait être tempérée par les exigences normatives, le manque d’infrastructures marines capables d’accueillir de grosses cargaisons de ciment et le coût relativement élevé du fret maritime.
Nuisances environnementales : Les cimenteries et les exploitations granulaires mises en cause
Les problèmes de pollution sont devenus actuellement un sujet de préoccupation dans les pays industrialisés. Au cours de la dernière décennie, d’innombrables réunions d’experts, de nombreux colloques ou congrès scientifiques, une multitude d’articles de presse, ont contribué à vulgariser la notion de pollution et ont aussi conduit de nombreux pays à prendre conscience des nuisances industrielles qui sévissent. La pollution de l’environnement apparaît lorsqu’une substance chimique donnée est présente dans l’environnement, mettant la vie ambiante en danger, cela implique que tout élément ou composant chimique est partiellement polluant, pour autant qu’il soit présent dans l’environnement en concentration élevée …Les exploitations granulaires sont mise en cause. Elles émettent dans l’atmosphère une quantité importante de poussière, qui pollue entre autre l’environnement humain et biologique. Les cimenteries et les carrières contribuent de ce fait, de façon relativement importante, à la diffusion des poussières dans l’atmosphère environnante. En plus de leur action toxique sur la végétation et sur l’eau, elles contribuent ainsi à une contamination importante des sols.
Les cimentiers et le respect de l’environnement
La problématique des effets collatéraux de l’industrie cimentière sur l’environnement a retenu l’attention des cimentiers marocains dès 1992, année de la tenue à Rio du premier Sommet de la Terre. Mais ce n’est qu’en 1998 que les opérateurs du secteur signent une convention avec le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’eau et de l’environnement pour la préservation de l’environnement dans le secteur cimentier. Un véritable plan de sauvetage qui s’est étalé sur six années et qui a nécessité un investissement de 7 millions de dirhams. Aujourd’hui et grâce aux efforts fournis en termes d’équipements et procédés permettant la maîtrise des rejets atmosphériques, on constate certes une réduction non négligeable des émissions de poussières mais il reste encore beaucoup à faire si l’on se réfère à de récentes études. En 2005, une nouvelle convention est signée. Faisant suite à la première, celle-ci concerne le confortement des engagements mutuels déjà contractés: incinération des pneus, des huiles usagées, l’arrêté fixant les seuils des émissions atmosphériques pour le secteur cimentier…Mais, à ce jour aucune étude fiable n’a livré une évaluation exacte des retombées de ces conventions sur l’environnement ni sur le degré d’implication des différents intervenants dans la démarche de préservation de l’environnement.

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