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Défis et perspectives de l’Afrique

Pour un modèle porteur de développement

Plus de 300 personnalités de 90 pays ont participé aux conférences thématiques de l’événement. L’éducation, le financement, la transition énergétique…, les défis sont nombreux et les solutions nécessitent une mobilisation intercontinentale.

Carton plein lors de la conférence internationale Atlantic Dialogues, organisée par OCP Policy Center en décembre dernier à Marrakech. L’événement, qui a connu la participation de 340 officiels, experts, représentants du secteur privé et des institutions internationales de 90 nationalités différentes, avait pour thème «L’Afrique dans l’Atlantique, le temps de l’action». L’objectif était d’aborder sans complexes les défis actuels du continent, ses perspectives et les moyens d’agir en sa faveur à une échelle intercontinentale.

Après la cérémonie d’ouverture plusieurs conférences traitant de différentes problématiques du continent ont été tenues durant les trois jours de l’événement. Celles de la deuxième journée étaient particulièrement intéressantes dans la mesure où elles ont été consacrées aux nombreux maux qui rongent l’Afrique, notamment l’éducation, le manque de moyens financiers et le déficit énergétique.

Les participants à la conférence sur l’éducation en Afrique ont souligné que 20% de la population du Continent, soit environ 200 millions de personnes, est âgée de 14 à 25 ans. Cette population, censée représenter une richesse, souffre d’un taux d’alphabétisation qui peine à dépasser les 70%. De plus, un véritable gouffre existe entre les formations existantes et les attentes des entreprises. Face à ce manque de scolarisation des jeunes et l’inadaptation des enseignements aux besoins du marché, l’Afrique continue de pâtir de la quasi-absence d’une main-d’œuvre qualifiée, ce qui est de nature à freiner sa croissance. Résultat : un taux de chômage qui dépasse les 50% parmi les jeunes.

Face à ces problèmes, les intervenants ont proposé de nombreuses solutions, dont les plus marquantes suggèrent un retour aux sources. «Revenons à l’éducation à l’ancienne qui, pendant des années, avait donné des résultats intéressants, et profitons-en, au passage, pour rééduquer nos éducateurs!», propose Kassie Freeman, PDG de l’African Diaspora Consortium. Pour Assia Bensalah Alaoui, ambassadeur itinérant du Royaume, «il existe une grande différence entre connaissance et sagesse. L’Afrique est tellement riche en enseignements ancestraux basés sur une sagesse séculaire. Il nous faut apprendre de tous ces enseignements et d’essayer de les transposer à notre système éducatif ; peut-être que si l’on sait s’y prendre nous réussirons, dans quelques années, à instaurer un véritable modèle africain d’éducation».

Pour ce qui est du financement, et malgré les besoins importants du Continent pour se construire et combler ses déficits, tout le monde est conscient désormais que l’Afrique ne veut plus d’aides des puissances occidentales ou asiatiques. «Aujourd’hui, les Occidentaux ne dominent plus le monde. Plus personne ne le domine d’ailleurs, même pas la Chine, malgré tout ce que l’on peut en dire !», précise Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères.

Mix énergétique

L’Afrique sollicite plutôt des investissements et cherche à se doter d’outils efficaces qui lui permettront d’instaurer une meilleure gouvernance, de combattre la corruption, de réussir son modèle économique, de forcer ses jeunes… Les intervenants se sont accordé à dire qu’en cette période où le monde est en train de changer et où de nouveaux acteurs sont en train d’y prendre place, l’Afrique devrait, plus que jamais, tenter d’imposer ses valeurs et ses principes mais aussi capitaliser sur ses réussites.

La question du déficit énergétique du continent a, elle, fortement intéressé les participants qui ont rappelé, tout d’abord, les énormes ressources énergétiques dans les sous-sols africains et l’excellent potentiel dans le domaine des énergies renouvelables. Ils ont également rappelé que malgré cela, pas moins de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. Pour rattraper ce retard et favoriser l’investissement et la croissance, deux courants se sont frontalement opposés lors de la conférence à propos du mix énergétique nécessaire : les partisans de l’utilisation unique des énergies renouvelables et ceux, plus modérés, qui invitent à adopter des solutions médianes. «Je viens du Sénégal et dans ce pays nous disposons de 365 jours de soleil par an, de même qu’en tant que pays de l’Afrique de l’Ouest, nous possédons un climat plutôt venteux, très adapté à l’utilisation d’éoliennes… qu’est-ce qui nous empêche donc d’opter pour une énergie 100% verte ?», a affirmé ThioneNiang, co-fondateur de AkonLightingAfrica. Et Andreas Kraemer, fondateur de l’Ecologic Institute, de rétorquer : «Vous dites que le gaz est une énergie polluante car non renouvelable, pourtant il ne faut guère en sous-estimer l’importance. Vous savez qu’il est aujourd’hui possible de produire du gaz synthétique en laboratoire à partir d’électricité provenant du photovoltaïque. Un investisseur potentiel fera beaucoup plus confiance à une énergie produite à partir de gaz, car elle est plus sûre et beaucoup plus fiable».

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