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BTP, 40% du sable utilisé provient de l’informel !

2 738 carrières d’exploitation de sable existent officiellement au Maroc. La consommation actuelle en sable est d’environ 13 millions de m3. En 2015, les besoins seront de 27 millions de m3. Cinq régions totalisent plus des deux tiers de la production de sable : Kénitra, Tanger, El Jadida, Agadir et Safi.

Alors que le Maroc dispose de 3 500 km de côtes dont une bonne partie de plages, le sable, boosté par un marché du BTP en pleine expansion, devient une denrée rare : en un an, le prix du mètre cube est passé de 85 à 220 DH. Et pour cause, l’exploitation des carrières devient de plus en plus difficile, d’un point de vue réglementaire et écologique, et sujette à un contrôle plus rigoureux. Mais surtout, les administrations de tutelle (Intérieur, Collectivités locales et Equipement) n’accordent plus d’autorisations d’exploitation des carrières de sable. «La surexploitation de plusieurs sites, notamment à Kénitra et Tanger, a considérablement dégradé les côtes de ces régions.

Des voix se sont élevées pour alerter sur la situation et plusieurs carrières clandestines ont été fermées. Et d’ajouter ,le contrôle des camions transportant le sable des carrières vers les chantiers a également été renforcé et les gendarmes sont sensibilisés quant à l’importance de faire respecter les tonnages de rigueur. Mais ce durcissement n’a eu pour principale répercussion que la hausse des prix. Officiellement, il existe 2 738 carrières de sable au Maroc. La consommation de ce matériau a été de l’ordre de 13 millions de m3 en 2006. Un chiffre qui, selon les estimations, aurait doublé en 2015 pour atteindre 27 millions.

Mais autant le sable est un matériau banal, autant l’exploitation des carrières est un sujet tabou pour les responsables en raison de la qualité des titulaires de licences d’exploitation (grands commis de l’Etat, hommes politiques…), même si, sur le papier, l’activité est régie par de nombreux textes de  lois. Résultat de la complexité du cadre juridique, l’activité informelle prospère. «On peut l’estimer à travers les études menées par le département», affirme un cadre du ministère de l’équipement. Selon les données chiffrées de ce département, la part de l’activité informelle est estimée à 40% du tonnage consommé chaque année. «L’étude de l’approvisionnement en sable des chantiers de BTP situés sur le littoral entre Al Hoceima et El Jadida, élaborée dernièrement, montre que la consommation dans cette zone est de 5,6 millions m3/an pour une production déclarée de 4 millions m3/an seulement, le reste provenant du circuit informel, soit plus de 28%. En d’autres termes, le plus gros de l’informel provient du sud.

L’activité informelle concerne essentiellement les sites d’exploitation qui se trouvent sur les plages. Elle se concentre plus précisément dans cinq régions du pays, qui sont les plus productrices de sable, selon le dernier recensement mené par le département de l’équipement, à savoir Kénitra, Tanger, El Jadida, Agadir et Safi. A elles seules, ces cinq régions satisfont plus des deux tiers de la consommation nationale en sable.

D’ailleurs, le constat est catastrophique tant les conséquences écologiques de cette surexploitation du littoral sont graves. Une enquête menée par le ministère de l’équipement a montré que des plages entières ont disparu. C’est le cas de Tamaris, dans la région de Casablanca, de Houara et Ghandouri à Tanger, Chlihet et Lemnassra à Kénitra, ou encore de Sidi Bou Kssibat à Larache. Devant la prolifération de cette activité informelle, le contrôle de l’exploitation est devenu une priorité. Et ce sont les commissions provinciales chargées du suivi des carrières, celles-là mêmes qui délivrent les autorisations, qui sont chargées du contrôle.

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