Draâ ou la vallée du palmier par excellence
Quiconque voulait s’investir dans la recherche et découvrir les merveilles dans le sud-est marocain doit impérativement faire pied à terre et croiser les dédales d’une mémoire collective locale. Il s’agit de la jeune province de Zagora. Le tout, pour ainsi dire , doit s’en sortir d’une approche faisant distinguo de région confinée dans une vallée appelée Draâ, semi-désertique certes , mais correspondant globalement sur le plan administratif à une province qui se recherche dans la hiérarchie nationale et se détermine comme telle, agropastorale et de portée touristique. C’est ainsi estla province de Zagora.
Incontournable, celle-ci se dote d’une topographie toute particulière et d’une position géographique régionale incomparable qui se compartimente en vallées, montagnes, plaines et plateaux. Ces vallées sont exploitées prioritairement à des fins pastorales par des éleveurs, sédentaires et nomades. Les oasis de Draâ doivent leur existence, à point nommé, à l’oued qui les fertilise et les unifie. Le Draâ développe donc son haut bassin dans un massif relativement humide, qui en aval, ses eaux s’évaporent en lisière d’un désert aride. Le cours de Draâ, pour le situer dans notre description, débute à quelques kilomètres à l’Est de la ville de Ouarzazate, il se dirige vers le sud Sud-Est et franchit la barrière montagneuse du Saghro par la gorge Taghia, d’environ 40 kilomètres. C’est à ce débouché immédiat que naît l’oasis du Draâ moyen, valée déroulant une sinueuse allée de verdure sur plus de 200 kilomètres entre des montagnes découpées et arides. De même, dans son cours supérieur, le Draâ creuse profondément son lit au dessous des plateaux et des terrasses qui le dominent. S’approchant de son niveau de base, l’oued dessine de nombreux méandres, puis le fond de la vallée s’évase pour accueillir de larges palmeraies. Tout cela contraste avec les alternances climatiques rudes et difficiles. La localité d’ Agdez reçoit pour elle seule quelque100 mm de pluie par an, alors que Tagounite, en aval vers M’hamid, n’en reçoit que l’équivalent de 50mm. A ce titre Ktaoua et particulièrement M’hamid se contentent soit d’écoulements saisonniers, sous forme de crues ou de résurgence locale, à défaut une ‘irrigation assurée alternativement par le barrage Manssour Eddahbi est de mise.
L’agriculture constitue de ce fait l’une des principales activités économiques dans la province, et son développement reste tributaire de l’eau qui par ses menaces rend difficile toute amélioration socio économique. La mobilisation de l’eau constitue l’handicap majeur à toute exploitation. Le souci est de pallier à cette situation, d’où le recours à la séguia. C’est une technique qui se compose d’un ougou ou barrage de dérivation réduit à sa plus simple expression, qui n’est autre qu’une simple levée de pierres et de branchage rendue étanche par des limons. Elles servent en amont la première palmeraie de Mezguita jusqu’à la dernière,à M’hamid. On compte 89 séguias traditionnelles; 42 sur la rive droite et 47 sur la rive gauche qui forment avec le Draâ un énorme dispositif en épi dans la partie étroite des palmeraies du nord.
La complexité des superficies agricoles et la mobilisation des ressources en eau accréditent une exploitation agricole en deux périmètres importants la vallée de Draâ et la palmeraie de Tazarine. La première comprend un ensemble de palmeraies individualisées et séparées par des resserrements appelés : Foum. Elles totalisent une superficie nette de 26.118 ha répartie sur un ensemble de points comme Mezguita, Tinzouline, Tarnata, Fezouata, Ktaoua et M’hamid, la deuxième concerne la palmeraie de Tazarine avec une superficie de 7.000 ha.
En effet l’arboriculture fruitière occupe quant à elle une place secondaire par rapport aux dattes qui prédominent et qui constituent d’ailleurs la principale spéculation de la zone .Même attaquées par le parasite bayoud, la palmeraie est aujourd’hui relativement à l’abri de cette épidémie. Les travaux menés depuis ont permis la sélection de palmiers résistants, soutenus dans cette action par la mise au point d’une technique de multiplication de la palmeraie, avec une distribution de plus de 164.560 vitro-plants dans la province. Parallèlement pour répondre aux autres besoins de la région, en terme de plantations diverses, d’autres superficies sont légion et laissent place à la culture vivrière entre autres le céréale, le maraichage, l’amandier, le pommier et l’olivier.
Outre ces palmeraies, notoirement principales, la province renferme d’autres richesses dont l’élevage qui joue un rôle important dans la vie régionale. Il est conduit de façon sédentaire en général sauf pour l’élevage des camelins et les cheptels des pasteurs nomades. Il est composé de bovins, d’ovins et du demman et du cheptel transhumant et parcourant les montagnes comme le camelin, l’ovin et le caprin. La province de Zagora recèle aussi des potentialités cynégétiques et faunistiques importantes et variées. Le gibier existant dans la région est constitué essentiellement de perdreaux, de ganga, de l’outarde et du pigeon. Pour conclure, la province de Zagora détient encore des secrets qui s’expriment, un peu timidement, mais reflétant les lumières d’une ambition et la volonté d’aller de l’avant dans le développement humain et socio-économique de la région.
Mohamed Mehdi