EconomieReportage

A coeur ouvert avec M. Hassan Sentissi, président de la FENIP

Répondre aux exigences de nos marchés

Créée en novembre 1996, la FENIP succède à la «FICOMA» constituée en 1948. Elle s’est fixée comme principale priorité de mettre en place des mesures propres à développer le secteur des industries de valorisation des produits de la pêche au Maroc et fournir aux opérateurs toute l’assistance nécessaire pour promouvoir l’activité et la compétitivité de leurs entreprises. Au cours de l’exercice 2009, le secteur des industries de transformation des produits de la pêche a réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation d’environ 1 milliard 600 millions de dollars sur tous les continents.
Consciente de la nécessité d’explorer de nouveaux marchés en vue de diversifier les marchés à l’export, la FENIP programme chaque année la participation à des salons professionnels internationaux et organise des missions exploratoires au profit de ses entreprises membres.

En tant que professionnel et en sa qualité de président de la FENIP, M. Hassan Sentissi, s’est penché à bras le corps sur les problèmes de la filière pêche pour souligner les difficultés récurrentes des industriels, les difficultés liées à l’insuffisance et à l’irrégularité de l’approvisionnement des unités de traitement et le manque de dialogue avec le ministre de tutelle pour trouver les solutions adéquates.
«Les professionnels ont fondé beaucoup d’espoir sur l’année 2009», a-t-il précisé, «avec l’établissement des plans d’aménagement des différentes pêcheries, les efforts déployés par le département des pêches maritimes pour la modernisation de la flotte de pêche côtière et le lancement de la nouvelle stratégie de développement du secteur, baptisée Plan Halieutis.
Dans l’esprit des industriels, ces chantiers auraient, sans aucun doute, des répercussions positives pour le développement du secteur. Aussi a-t-il rappelé «que pour ce faire, il est indispensable que le contratprogramme avec le gouvernement, tant réclamé par la Fédération depuis 2003, soit établi en vue de relancer l’investissement par des mesures incitatives. Les opérateurs pour leur part, ne ménagent aucun effort pour faire certifier leurs unités de production et veiller à l’amélioration constante de la qualité de leurs produits et réclament au plus vite la certification MSC (Marine Stewardship Council) des pêcheries des petits pélagiques, pour répondre aux exigences de nos marchés à l’export et particulièrement le marché européen…»
Appuyant la nouvelle stratégie du secteur, M. Sentissi a précisé que «les professionnels de tous bords ne peuvent que s’inscrire positivement dans toute démarche visant le développement du secteur». Il considère
cette stratégie comme une véritable feuille de route à partir de laquelle, les professionnels entameront des négociations avec le département de la Pêche pour déterminer les conditions dans lesquelles une mise
en oeuvre serait optimale. Il a, néanmoins, nuancé ses propos en signalant que cette stratégie n’a pas ciblé tous les segments de la filière, ce qui la rend incomplète et sans aucune incitation foncière et économique, à l’instar de ce qui a été accordé aux autres secteurs industriels.
«La nouvelle stratégie de la pêche a été élaborée en concertation avec les professionnels du secteur, dans la mesure où lorsque le bureau d’étude maroco-français chargé par le ministère de tutelle d’élaborer
cette stratégie nous a rencontrés, lors de la phase «diagnostic et état des lieux», sans pour autant nous consulter quant à leurs conclusions», affirme M. Sentissi.
«Aussi, la stratégie, en elle-même, fait une déclinaison d’une série d’objectifs très importants pour le développement du secteur halieutique, dont notamment tripler son volume d’affaires et augmenter sensiblement la consommation du poisson par les Marocains. Je ne vous cacherai rien en vous disant que je ne peux qu’être d’accord avec ces objectifs», affirme M. Sentissi.
Cependant, c’est la manière avec laquelle le ministère de tutelle compte les atteindre qui ne convient pas aux opérateurs de tout bord.
A ce stade, et d’après le président de la FENIP, la mise en oeuvre de la stratégie n’est pas encore clairement définie. Elle ne le sera que si elle est conçue conjointement entre l’administration et tous les opérateurs du secteur. Il tient toutefois à souligner que, d’ailleurs le ministre lui-même soutient que cette stratégie, qui n’est pas un texte sacré, peut être remodelée, cette importante déclaration laisse la porte ouverte au dialogue.
«Il convient de noter que notre industrie a été éjectée du Pacte national pour l’émergence industrielle, dans l’attente du «Plan Halieutis» dont la mise en oeuvre n’a pas encore été concrétisée à ce jour».
Par ailleurs, martèle M. Sentissi, les industriels de transformation des produits de la mer se posent souvent la question de savoir s’ils dépendent du ministère de l’Industrie ou de celui l’Agriculture et de la Pêche et pour preuve, ils ne sont membres d’aucune Chambre des pêches maritimes mais, relèvent plutôt des Chambres de commerce et de l’industrie et sont noyés dans la diversité des activités industrielles et commerciales.
«Ce qui nous permet davantage de nous interroger sur cette incompréhensible appartenance, c’est le fait que nous soyons exclus du Conseil économique et social, le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime a tout simplement oublié notre existence et ce, malgré que notre secteur représente 15% des exportations du pays».
Aussi, et afin de clarifier les idées et baliser le chenal dans lequel les professionnels s’engageront, la FENIP envisage de faire une halte de réflexion et de concertation, en réunissant opérateurs de la pêche et industriels.
De même, il a rappelé que les accords de pêche ont toujours fait l’objet de concertation préalable avec les professionnels, le prochain accord avec l’Union européenne devra, à son tour, tenir compte de l’avis des opérateurs concernés. Il devra prendre en compte, entre autres, la question de la règle d’origine qui pose problème à nos exportations sur le marché européen dès qu’il s’agit d’une matière première importée (exemple de l’anchois), l’obligation du dé-Abdellah Najim barquement dans les ports marocains par les bateaux de pêche communautaires doit être maintenue, etc.
«Par ailleurs, il se plait de rappeler que notre secteur s’est fixé des objectifs et a besoin de moyens pour pouvoir les atteindre.
Nous citons, à titre d’illustration, l’exportation d’une partie de nos produits à l’état brut. Nous avons décidé qu’à l’horizon 2015, toute la matière première sera transformée et valorisée au Maroc. Bien plus,
nous souhaitons attirer la matière première de certains pays africains, pour la transformer chez nous avant son exportation», a fait savoir M.Sentissi.
Aussi, il considère que les industriels doivent avoir la maîtrise sur la matière première dès qu’elle est déchargée dans nos ports, le ministère de tutelle n’étant plus concerné par sa destination dès lors qu’elle a été soumise à son contrôle au débarquement.
Interrogé sur le salon Halieutis prévu à Agadir en janvier 2011, M. Sentissi a préféré garder le silence.

Région d’Oued Eddahab-Lagouira
Valorisation des produits de la mer
La région d’Oued Eddahab-Lagouira est devenue aujourd’hui un pôle d’attraction stratégiquement incontestable, avec le drainage d’investisseurs convaincus d’opérer dans plusieurs secteurs prometteurs. Ceci a eu un impact sur le développement de secteurs productifs agissant sur le tissu économique de la région.
La pêche maritime reste le secteur le plus ciblé parmi quelque 59 projets totalisant ainsi un montant d’investissement de l’ordre de 1,467 milliard de dirhams, approuvés par la commission régionale d’investissement de Oued Eddahab-Lagouira au titre du premier semestre de l’année 2010.
La ville de Dakhla abrite aujourd’hui 88 unités de transformation et de congélation des produits de la mer concrétisant les efforts multiplies consentis par des projets répondant aux exigences et aux normes internationales en matière de la valorisation des produits de la mer. Dans le cadre d’une politique gouvernementale d’encouragement aux investissements et à la préservation des ressources halieutiques, le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime a élaboré des projets réglementés sur des cahiers des charges, définissant les conditions d’accès à la pêcherie des petits pélagiques en Atlantique sud, et ce, conformément au plan de développement de cette pêcherie.
L’industrie de traitement et de conditionnement des produits de la pêche a connu un important développement au cours des dernières années, en raison notamment de la disponibilité de la matière première répondant aux potentialités offertes par des marchés porteurs.
L’essor socio-économique et la dynamique que connaît la région de Oued Eddahab-Lagouira dénotent la stratégie d’un développement harmonieux avec l’ensemble des régions du Royaume.

Abdellah Najim

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