EconomieReportage

La Régie autonome à multiples services d’Agadir (RAMSA)

Une institution motivée par l’action positive

Depuis plus d’une quarantaine d’années, la politique menée par l’État ne cesse d’apporter du plus au secteur de l’eau, en vue d’améliorer avec ténacité et traçabilité la maîtrise de cette ressource qui fait figure de proue dans toute planification soit-elle économique ou sociale.

Cette denrée qui est l’eau est en prise aujourd’hui aux différentes utilisations multipliées par le taux
d’accès à l’eau potable de par la population, et les besoins industriels quand ce ne sont pas agricoles. D’où la réflexion sur la texture d’un cadre juridique qui a fini par mettre à l’oeuvre une loi sur l’eau, promulguée en 1995, et qui fait évoluer depuis une politique sectorielle, en vue d’une gouvernance et d’une gestion intégrées et concertées sur les ressources en eau. Il faut rappeler dans ce cadre la charte communale de1976, qui accorde l’autonomie aux collectivités locales et confie aux communes la charge du service de l’eau et de l’assainissement. Celles-ci peuvent, à leur convenance, soit déléguer la gestion à l’ONEP ou à des concessionnaires privés, inspirées en ceci par la formule de gérance proche du système de concession français, soit confier la gestion à des régies autonomes, telle que la RAMSA, ou le cas échéant conserver la gestion tout en créant des régies directes.
Cependant, la mise en oeuvre des décrets d’application sortis de la loi sur l’eau, est toujours attendue. Celle-ci aiderait certes les démarches entreprises par la RAMSA auprès des industriels, qui hésitent encore à pré-traiter à la source, ou à modérer les prélèvements dans la nappe et récupérer la saumure avant son rejet dans le réseau.
Nous savons pertinemment que d’autres régies confrontées au même problème ont pu créer, avec l’appui des autorités, des comités de suivi pour la dépollution industrielle, usant en cela du cadre institutionnel pour l’application de la loi sur l’eau.
Pour mieux situer la Régie autonome à multiples services d’Agadir (RAMSA), dans son environnement local et régional, celle-ci a vu le jour en 1982 pour assurer dans un premier temps la distribution de l’eau dans le Grand Agadir, intégrant depuis des communes urbaines : villes d’Agadir, d’Inzgane, d’Ait Melloul, Dcheira et la commune rurale d’Aourir. Auxquelles il faut ajouter la gestion d’assainissement des eaux usées en 1993.

Les priorités de la Régie
Se prévalant d’un réseau d’eau potable évasé sur 1841 km, et assurant un volume amené de 38.500.000 m3 et 30.000.000 m3 de distribué, pour un rendement de 78%, préservant ainsi un stockage d’eau potable de 95.500 m3, et 16 réservoirs d’un taux de branchement de 94%.
Le réseau d’assainissement liquide représente 1870 Km, avec une station de 14 unités, une station de traitement primaire des eaux usées de 75.000 m3 /J, une station de traitement secondaire des eaux usées de 10.000 m3 /J et un émissaire en mer Sud (M’zar) de 700 ml.
Le schéma-directeur d’assainissement liquide du Grand Agadir a été établi par la RAMSA, avec un programme approuvé par le Comité de suivi local, élargi par la Commission interministérielle d’assainissement, suivant un système global de gestion des eaux usées et des écoulements des eaux pluviales, traçant deux grandes phases de réalisation de travaux en tenant compte des priorités techniques et environnementales locales, qui consistent à faire la collecte et l’acheminement des eaux de la ville vers la station de pompage du Souss, prévue en rive droite sur l’Oued Souss. Du coup le rejet en mer par un émissaire (2.5 Km) s’articule à partir de l’acheminement des eaux des communes périphériques sud vers la station de relevage, d’où le transfert des eaux de la ville et des communes périphériques sud, par pompage, vers le site dunaire de M’zar, qui permettra les traitements primaire (décantation anaérobie) et secondaire des eaux sur ce site, par le procédé d’infiltration-percolation sur sable, et la réutilisation des eaux épurées par émissaire en mer de 700 ml au niveau de la station M’zar, tout en procédant au traitement primaire dû à la collecte des eaux usées d’Anza.
Postulant pour un environnement sain de la ville, un bilan de première heure a sectionné la tranche d’urgence 1998-2007, soutenue par un programme d’investissement engagé par la RAMSA, qui a permis d’atteindre les objectifs environnementaux, et améliorer la qualité des eaux de la baie de la ville, objectivant le développement durable et permettant au secteur touristique, une imperméabilité dépolluée sur l’Oued Souss.
Considéré comme le maillon principal, le Parc national Souss-Massa est le lieu d’escale privilégié des oiseaux migrateurs.
C’est une contribution naturelle à la protection de l’agglomération du Grand Agadir.
Cette contrée, forcée par un jalonnement contre inondations, mobilise une ressource en eau (eaux usées épurées surtout) à intégrer le bilan des besoins en eau du bassin Souss-Massa.
Rappelons que les travaux d’infrastructure de cette tranche d’urgence, planifiés pour la période 1998-2007, ont été entièrement réalisés. Ils ont fait l’objet d’un co-financement de la RAMSA, avec 476 millions DH.
De l’Agence française de développement (AFD) avec quelque 13.55 millions d’euros et de la Banque européenne d’investissement (BEI) avec 21 millions d’euros.

Principaux travaux
Les principales infrastructures réalisées énumèrent la réalisation de collecteurs structurants (50 Km), de dalots pluviaux (10 Km) et fossés pluviaux (12 Km), la construction de 8 stations de relevage (2136 KW), la réalisation d’une station d’épuration primaire par lagunage anaérobie (50.000m 3/j) et
d’une épuration secondaire (procédé par infiltration/percolation sur sable de 10.000m 3/j), la réalisation de l’émissaire Sud à M’zar (700ml), et le regroupement des eaux usées de la ville d’Anza en un seul point de rejet (Anza industriel).

La station d’épuration M’zar
Cette réutilisation des eaux épurées représente une contribution non négligeable à la réduction de ce déficit hydrique. Elle permet également de générer un gain économique important en termes d’éléments nutritifs fertilisants.
La station d’épuration Mzar produit actuellement 10.000m3/j. Son extension est prévue entre 2010 et 2012 pour atteindre une capacité globale de 30.000 m3/j afin de répondre aux besoins actuels et futures des golfs et des espaces verts.
Les infrastructures de desserte de ces eaux épurées, évaluées à 198 millions de dirhams, consistent en la réalisation:
De deux modules supplémentaires de traitement secondaire d’une capacité globale de 20.000 m3/j.
D’un traitement tertiaire de désinfection par ultraviolet, d’un réservoir de capacité de 2500m3, d’un réseau d’amenée et de distribution d’un linéaire total d’environ 20 km.
Le financement de ce projet sera assuré l’Agence française de développement AFD: 79 millions de dirhams, le programme national d’assainissement liquide PNA: 82 millions de dirhams et la Régie autonome multiservices d’Agadir RAMSA : 37 millions de dirhams.
Dans le cadre d’une expérimentation pilote de réutilisation des eaux épurées, un golf nouvellement créé est actuellement desservi d’un débit de 3000 m3/j.
Le raccordement des autres golfs est prévu dès achèvement des travaux de l’infrastructure de desserte.
Pour apprécier l’efficacité des ouvrages réalisés, et remédier aux impacts négatifs éventuels, les travaux ont été accompagnée par un ensemble d’études entrant dans le cadre du plan d’action environnementale (PAE) du projet. Ce dernier a permis de mettre en place un dispositif et une assistance technique de suivi pendant les travaux et lors de l’exploitation (station EPI), et la mise en fonction de la station d’épuration M’zar et de l’émissaire sur l’équation qualité de la baie. Pour ceci un état zéro de cette baie a été réalisé en 2000, et des dispositifs de suivi ont été menés respectivement en 2003 et 2006. Ces dispositifs de suivi ont montré une nette amélioration de la qualité de la baie d’Agadir. A noter que le label Pavillon bleu a été attribué à la plage d’Agadir en été 2007, aussi il faut apprécier l’impact de la pollution industrielle sur le projet et proposer un certain nombre d’actions, permettant de minimiser et de respecter les valeurs limites de flux polluants, admissibles par la filière de traitement, sans porter préjudice à son bon fonctionnement et à la possibilité de réutilisation des eaux usées épurées. En effet, et en terme de pollution organique, les industries agroalimentaires, les huileries, les conserveries et semi-conserveries du Grand Agadir, soient 120 unités industrielles sur environ 250 recensées, rejettent l’équivalent d’une ville de un million d’habitants.
L’année 2009 fut marquée par l’inauguration du projet de réutilisation des eaux épurées produites par la STEP M’Zar par S.M. le Roi Mohammed VI, et la subvention de l’État dans le cadre du PNA pour un montant de 82 millions de DH destiné au financement du projet d’extension de la STEP M’Zar. Aussi soutenu par le traitement tertiaire de désinfection des eaux épurées produites par cette STEP. Pour la RAMSA, l’année 2009 reste une année charnière, au cours de laquelle ils ont été redéfinis les priorités et le programme d’action en réponse aux attentes des usagés.
En attendant la mise au point d’ un collecteur, prévu par le schéma-directeur d’assainissement liquide, celui-ci permettra de collecter les eaux usées et pluviales des lotissements Tilila, Alhouda, Tassila et les lotissements projetés sur la zone nord de l’aéroport vers le collecteur Agadir Souss, et faire drainer les eaux pluviales de ces zones ainsi que celles de Bensergao et Aghroud vers Oued Souss, par le biais du drain pluvial aéroport Souss.
L’année 2009 a été caractérisée par un événement de grande envergure à savoir la nomination de M. Ali Benazouz, Directeur Général de la RAMSA, justifiant d’une brillante carrière de 30 années de carrière dans nombreux établissements publics à travers le Royaume il est de ceux qui travaillent sans faire trop de bruit autour d’eux.
Confiant sur l’avenir de la RAMSA, qui est aujourd’hui actrice incontournable dans le secteur de distribution d’eau potable et de la gestion d’assainissement liquide dans le Grand Agadir, c’est par le dynamisme des hommes, dit-il, que l’action commune peut donner ses fruits.
Afin de pallier aux problèmes d’approvisionnement en eau potable que la ville d’Agadir a pu connaître dans le passé des efforts déployés par l’ONEP pour subvenir à ses besoins en eau, notamment en renforçant les prélèvements à partir des eaux souterraines.
La mise en service du barrage d’Aït Hamou (Moulay Abdallah) assurera par ailleurs l’alimentation en eau potable du Grand Agadir jusqu’en 2020.
Désormais la RAMSA a sur l’épaule la charge des besoins en eau des habitants de la ville, qui aujourd’hui compte tenu des nouvelles infrastructures – élargissement de la ville, son ouverture sur le reste du monde par la nouvelle autoroute, etc. Démarque de loin les réalisations d’un plan directeur qui en date de 1992 et qui a permis en son temps à la mise oeuvre d’un nouveau réseau maillé en étages, afin de répondre à la croissance de l’agglomération. Une nouvelle donne s’inscrit en ce temps et d’elle même dans un nouveau calendrier que la RAMSA doit faire sien.
Par Abdellah N.

Fiche technique de la RAMSA
La RAMSA est un établissement public, doté de personnalité civile et d’autonomie financière. Elle se caractérise par sa double action industrielle et commerciale. Elle est gérée par trois organes, un Conseil d’administration avec 12 membres sous la présidence de M. le wali, un Conseil d’administration composé par les deux tiers d’élus représentant les communes et un tiers représentant l’administration. Le rôle de la RAMSA se définit par la politique générale de la Régie, approbation des budgets, comptes officiels et emprunts….
Le Comité Directoire est composé de trois membres désignés par le Conseil d’administration, un directeur général, un trésorier payeur et un ingénieur municipal. Le Directeur Général veille à l’exécution des orientations et des décisions du Conseil d’administration et du Comité de direction qui assure la gestion de la Régie.
La Régie relève du ministère de l’Intérieur qui assure l’organisation, l’embauche, les marchés, les budgets, des comptes officiels et les relations avec les bailleurs de fonds sous la tutelle financière assurée par le ministère de l’Economie et des Finances.
Les textes régissant le fonctionnement de la RAMSA restent, à savoir les cahiers des charges, des différentes instructions ministérielles, des décisions du Conseil d’administration, un règlement intérieur et des arrêtés de fixation des tarifs. La RAMSA gère 4 communes urbaines et une commune rurale composée de celle d’Agadir (regroupant Agadir, Anza, Tikiouine et Bensergao), Dcheira, d’Inezgane, d’Ait Melloul et la commune rurale d’Aourir, en assurant une meilleure gestion pour une population estimée à un million d’habitants dont les principaux indicateurs demeurent un chiffre d’affaires de 388 millions DH, un effectif de 429 dont 57 cadres, un nombre de clients 172.000, pour desservir les habitants de la zone.

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