EconomieReportage

Transformation et valorisation du céphalopode dans le port d’Agadir

Le poulpe fait bonne appréciation chez «Belhoum»

La question de la situation de la pêcherie poulpière est au centre de débats alarmistes par les professionnels de nos jours.
Elle ne cesse de faire figure d’une image qui prend forme de secteur «varicé» se perdant indirectement dans l’informel et dans la rareté de la matière première. De l’avis de plusieurs opérateurs dans la filière céphalopode, ces derniers ne cachent pas que le risque peut se réduire à une peau de chagrin si aucune mise à niveau ne vient réguler la filière.

Ce que réclament aujourd’hui les armateurs opérant dans le secteur, c’est la mise au point du plan d’aménagement des pêcheries poulpières dans leur intégralité. Pour rappel, ce plan avait été mis en place en 2004 après l’effondrement de la biomasse en 2003. Mais, selon les professionnels, toutes ses dispositions n’ont pas été mises en application de manière effective. Les captures de poulpes et autres céphalopodes sont l’un des segments les plus rentables de la filière pêche, dopée par une demande mondiale jamais rassasiée, notamment des marchés asiatiques et plus particulièrement japonais. Mais, une décision de réduction des quotas de pêche pour la campagne 2010 n’a pas du tout conforté les armateurs, au contraire, elle a provoqué leur colère. Cependant, la ressource s’est amenuisée et la baisse des quotas d’année en année illustre bien cette situation. C’est la motivation qui pousse certains armateurs de se voir virer vers d’autres filières, entre autres la conserverie et le traitement de la pélagique (la sardine en particulier).
Mais c’est un autre revers de médaille qui scintille du côté du foncier. En revanche, certains professionnels ne cachent pas leur désarroi quant à la cherté du mettre carré du terrain dans la commune rurale de Sidi Bibi qui le fournit en deux zones.
De l’avis d’un armateur, qui traite de la transformation et de la valorisation de poulpe, M. Abdellah Belhoum, PDG de l’entreprise «Belhoum». Ce professionnel qui opère dans le Céphalopode, et qui a l’ambition d’investir dans la conserverie, laisse dire que dans cette zone, réputée pourtant industrielle, et réservée aux porteurs d’investissements, s’estompe une spéculation immobilière acharnée, qui évalue le metre carré du terrain à un prix modeste de 50 à 100 Dh. Un leurre.
Cependant 2% des terrains cédés furent exploités et construits, abusant de la docilité administrative, la spéculation s’en fait son plat de résistance. Si aucun (élus ou pouvoirs publics) ne se préoccupe de la situation pour contrecarrer ces mesures qui nuisent au développement, tout investissement dans la région resterait dans l’imparfait. L’autre partie de cette mesure, profitant aussi à la Société Al Oumrane, faisant possession de terrains relevant de la deuxième zone, à un prix compétitif de 700 à 1000 Dh le metre carré, met la bouchée double et risque de faire conclave à toute action industrielle dans le coin.
Cet espace, vendu à 50 ou 100 Dh, doit en effet faire part à l’industrie et permettre aux investisseurs et aux créateurs d’emplois d’y prendre attache et intervenir positivement.
C’est en tout cas et aussi dans l’extension de la zone industrielle et dans l’intérêt des habitants de la région que doit déboucher l’action. Génératrice de l’emploi, l’industrie poissonnière ne pourrait qu’être positive et limitative de l’exode rural. Les terrains réservés, en tout état de cause à l’industrie,
doivent être cédés à des prix compétitifs, et figurer plus particulièrement comme source de croissance dans la région. L’industrie de la conserverie, souhaitée comme apanage au développement qui se fait dans le domaine du traitement de la pélagique, inspire une alternative sûre pour la transformation du poisson, en apportant de la valeur ajoutée, loin des tractations qui se pratiquent autour du céphalopode, aujourd’hui en quantités insuffisantes. Ce qui laisse peu de chance aux unités de la pélagique marocaine de se repositionner, et faire face aux multiples concurrents étrangers qui opèrent sur le même secteur.
La valorisation du secteur de la pêche ne peut se faire qu’en développant le Plan Halieutis pour faire réaliser un PIB de près de 21 milliards de Dh et produire annuellement un million de tonnes de poisson, représentant 10 % du volume global de nos exportations soit 2,5% du PNB. A fin mars 2010, le Maroc a exporté des produits de la pêche pour une valeur de 386,6 millions de dirhams (1euro=11,2Dh), représentant un tonnage de 26.600 tonnes.
Quant au quota global de 10.000 tonnes de poulpes, celui-ci fait gros plan sur la filière. La baisse de l’effort de pêche passe aussi par la chasse à l’informel et la pêche illicite. Les mesures d’application à travers la mise en place des règles INN (mesures à l’encontre de la pêche non déclarée et non réglementée et qui compte quelque 40% de pêcheries d’origine illicite), sont peu imposables en terme de verrouillage. Cette bavure impacte directement sur les circuits de commercialisation et surtout sur la flotte de manière négative.
Ceci dit que le secteur, en l’absence d’une stratégie et d’une mise à niveau, ne peut être profitable aux professionnels, des fois contraints de céder leur usine en location à des étrangers. Soit par déconfiture soit par mauvaise gestion. La concurrence redoutable que nous livrent les armateurs européens est de poids, généralement en quête de richesse, ces derniers ne lésinent sur rien au monde, que se remplir les comptes et s’en débarrasser au plus vite, maximum de séjours trois ans. Prétextant qu’ils sont porteurs de débouchés pour notre poisson, pourtant convié par plusieurs destinées, laissent croire qu’ils sont là en porteurs de capitaux que rien pourtant ne justifie, à moins le prix de location qu’ils sont censés déposer pour la location, laissant derrière eux de lourdes charges fiscales et sociales engouffrant nos armateurs dans de multitudes de problèmes.

M.Mehdi

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