Dix ans après l’avènement de la crise financière mondiale, c’est désormais la quatrième révolution industrielle qui dessine les contours d’une nouvelle ère, où le numérique s’impose comme avenir. C’est dans ce contexte que le Forum économique mondial (WEF) a, dans son édition d’octobre 2018, livré son rapport annuel sur la compétitivité mondiale. Il établit, à l’occasion, le classement de 140 pays en fonction de leur indice de compétitivité mondiale (ICM).
Le Maroc, dans tout cela, se classe à la 75e place avec un score de 58,5 – la note de 0 étant la plus mauvaise et 100 la meilleure –, grimpant de deux places par rapport à l’édition précédente. Le Royaume se situe donc derrière les Seychelles (74e/58,5) et devant l’Albanie (76e/58,1).
Cependant, l’indice de compétitivité mondiale évalue les facteurs qui déterminent collectivement le niveau de productivité d’un pays. Ces éléments sont organisés en 12 piliers jugés essentiels par le WEF, lesquels sont regroupés au sein de quatre catégories : l’environnement favorable, le capital humain, l’écosystème des marchés et l’innovation. Mais plus que ces quatre indicateurs, ce sont surtout les 12 sous-indicateurs qui intéressent le plus les auteurs du rapport. Les compétences de la main d’œuvre sont jugées insuffisantes.
Ainsi, sur le plan institutionnel, qui comprend notamment la performance du secteur public et la gouvernance d’entreprise (sur un panel de 20 critères), le Maroc se situe à la 54e place, avec un score de 56,6, à une place seulement de la qualité et l’extension de ses infrastructures de transport, qui lui valent d’être classé 53e (71,5). Il chute en revanche de 10 points en matière d’expansion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), récoltant la 93e place avec un score de 44,2. Le Royaume enregistre un score de 74,9 dans le domaine de la santé, se classant ainsi à la 88e place mondiale. Parmi les autres sous-indicateurs, le WEF attribue au Maroc la 47e place en termes de stabilité économique, qui reflète le niveau d’inflation et la durabilité de la politique budgétaire, avec un score de 90.
Les auteurs du rapport s’inquiètent par ailleurs du niveau général des compétences de la main d’œuvre et du caractère quantitatif et qualitatif de l’éducation. Si le concept de la qualité de l’éducation évolue constamment, les facteurs qui permettent aujourd’hui de l’évaluer au mieux sont le développement de la culture numérique, les compétences interpersonnelles et la capacité à penser de manière critique et créative. Or dans ce domaine, le Maroc talonne le bas du classement, se classant 114e avec un score de 45,2.
Le sous-indicateur du marché du travail ne fait pas non plus état d’un bon score pour le Royaume. Ce dernier récolte en effet la 119e place avec un score de 50. Le marché du travail englobe la notion de «flexibilité», c’est-à-dire la mesure dans laquelle les ressources humaines peuvent être réorganisées et sont exploitées, ainsi que la gestion des talents.
Globalement, le classement du Forum économique mondial est dominé, dans l’ordre, par les Etats-Unis, Singapour, l’Allemagne, la Suisse et le Japon. Les dernières places sont occupées par des pays africains et arabes, en l’occurrence la République démocratique du Congo (135e), le Burundi (136e), l’Angola (137e), Haïti (138e), le Yémen (139e) et le Tchad (140e).
«La quatrième révolution industrielle est devenue une réalité pour des millions de personnes dans le monde et crée de nouvelles opportunités pour les entreprises, les gouvernements et les particuliers», souligne le WEF, qui prévient toutefois qu’«elle menace aussi de nouvelles divergences et polarisations au sein et entre les économies et les sociétés».