Economie

Les soubresauts médiatiques d’une raffinerie agonisante

Depuis la liquidation de Samir en juin 2016, le tribunal de commerce de Casablanca a reçu plus de 30 offres de récupération, mais aucune n’a été saisie. Le gouvernement devrait donc montrer sa volonté de soutenir le futur propriétaire, ce qui n’est toujours pas le cas. C’est comme un télé-feuilletant turque, la série décrivant l’histoire de Samir épiloguant sur la date du 21 juillet 2019, comme date idoine qui mettra fin au scénario (…)

A l’heure actuelle, cette seule et unique raffinerie du pays cherche acheteur, sinon ses actifs seront cédés séparément. En tout cas la vente aux enchères semble ne pas être une fin heureuse car tout le monde serait perdant : l’État, les créanciers, les actionnaires institutionnels et salariés…

Le ministre de l’Énergie, Abdelaziz Rebbah, n’hésite pas de décrire l’outil de production du raffineur comme étant obsolète. Avant lui, son camarade Abdelkader Amara, en avait stipulé lui aussi la construction d’une nouvelle raffinerie à Jorf Lasfar, impliquant furtivement un investisseur Emirati en partenariat avec un distributeur local !… Une façon de privilégier sa liquidation finale préconisée par les deux ministres pigidistes : une vente aux enchères dont les teneurs de portefeuilles ministériels se bifurquent.

Bien que l’Agence internationale de l’énergie ait insisté sur le fait que l’unique raffinerie du Royaume s’attende à des répercussions évidentes sur la sécurité de l’approvisionnement en pétrole, l’action s’en fait des moues. Une conclusion dévoilée dans son dernier rapport 2019, présentée le 7 mai à Rabat, en présence du ministre de l’Énergie Aziz Rabbah, déduisait que sa position rejoint celle du Conseil de la concurrence ou d’analystes qui recommandent de lancer l’activité du raffineur, aujourd’hui en otage de malversations juridico-politiques en attente de liquidation.

Tout un brouhaha autour d’une entreprise dotée d’une infrastructure de stockage, et de pipelines d’une capacité de 150 000 barils/jour, mettant plusieurs grandes entreprises en compétition éclectiques comme Glencore et BB Energy, tous deux créanciers de la raffinerie. Pour sa part le groupe anglo-suisse préfère lui relancer l’outil industriel, l’exploiter et le vendre, tandis que l’Emirati BB Energy vise à créer une nouvelle entité pour relancer la raffinerie et payer des honoraires annuels aux créanciers. Une avancée qui priverait le pays d’environ 64% de ses besoins pétroliers en produits raffinés (47% pour le gasoil, 60% pour le fuel, 70% pour le super et 80% pour le jet). Aujourd’hui cette mise à l’arrêt définitif de Samir exposera le Maroc « aux risques de la chaîne d’approvisionnement mondiale, avec une couverture de stock inférieure au minimum légal pour tous les produits », note l’AIE.

Cependant, créanciers et employés de Samir, entretenant un langage opposé à la vente des actifs de la raffinerie. Une chose est sûre, la liquidation de Samir ne sera pas sans conséquences négatives pour l’économie nationale. Et même les banques ne seront ni prioritaires au dédommagement, ni à l’abri des pertes qui s’élèveront pour elles seules à près de 8 milliards DH de créances.

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