EnergieEnergies Renouvelables

Le solaire à l’heure de la diversification énergétique

En peu d’années, plusieurs mégaprojets dédiés à la diversification des ressources énergétiques en donnant
la part belle aux énergies renouvelables ont vu le jour, faisant que le Royaume devance, en la matière, nombre de pays arabes et africains dont certains citent et sollicitent l’expérience marocaine en tant que l’une des rares expériences abouties au niveau de la région. Stratégie nationale de promotion des énergies renouvelables d’ici à 2020, Programme intégré d’énergie éolienne (PEI), Plan solaire marocain, autant d’initiatives volontaristes développées durant les dernières années avec pour ambition affichée de positionner le Maroc en tant que pays leader en matière de promotion des énergies renouvelables et futur hub mondial d’énergie solaire.
Il faut dire que le Maroc a les moyens de ses ambitions : stratégie énergétique bien articulée dotée d’objectifs chiffrés et d’un dispositif institutionnel et réglementaire important, potentiel solaire et éolien des plus prometteurs au niveau de la région, investissements conséquents en ressources humaines, en formation et en logistique, partenariats solides, et, par-dessus tout, un ferme engagement exprimé au plus haut niveau pour la promotion des énergies renouvelables. Point d’orgue de cette stratégie énergétique résolument «verte», le plan solaire marocain, lancé fin 2009 par S.M. le Roi Mohammed VI et confié à l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN), s’assigne un objectif de taille : permettre au Maroc, à l’horizon 2020, de produire localement 42% de ses besoins énergétiques à partir des énergies renouvelables, moyennant cinq centrales solaires qui s’installeront dans des sites à fort taux d’ensoleillement, à savoir Ouarzazate, Aïn Bni Mathar, Foum Al Oued, Boujdour et Sebkhat Tah.
Le processus de réalisation de la centrale thermosolaire d’Ouarzazate, la première de cette série de projets, a enregistré, en effet, beaucoup d’avancées. Ainsi, à plus de deux ans de la date butoir de mise en service (2015), les études, expertises et benchmarks nécessaires ont été réalisés, les partenariats noués et, récemment, le consortium saoudien Acwa Power International a remporté l’appel d’offres pour la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance de cette centrale d’une capacité de 160 mégawatts. Ce mégaprojet, érigé sur une superficie de 3 000 ha, qui permettra, d’ici à 2015, la production de 500 MW sur un total de 2 000 MW visés par le plan solaire marocain à l’horizon 2020, a également l’intérêt de contribuer au développement d’un tissu industriel marocain dédié aux centrales solaires et de promouvoir la recherche et la formation s’y rapportant en vue de faire décoller le secteur. La centrale d’Ouarzazate servira, en effet, de locomotive aux autres stations solaires prévues par le plan solaire marocain, les initiateurs de ce projet ayant fait le choix judicieux de faire bénéficier les quatre autres sites programmés des avancées technologiques opérées dans le secteur, de manière à crédibilise l’ensemble du plan et à préparer le terrain à la réussite des étapes suivantes.
Après la politique des barrages, qui a fait ses preuves depuis les années 60 du siècle passé en matière de lutte contre la pénurie d’eau, le stress hydrique et les effets de la sécheresse, celle des parcs solaires, couplée au Programme intégré d’énergie éolienne, va, aujourd’hui, permettre à notre pays de développer une alternative économique, durable, innovante et saine aux énergies pétrolières aux lourdes factures financières et écologiques.
Ce projet abritera une plateforme de R&D qui pourra occuper 200 ha et qui aura pour rôle de travailler sur des problématiques liées notamment au stockage d’énergie, à l’intégration d’énergie produite pour le réseau électrique, à la durée de vie des matériaux dans le milieu d’évolution du projet et à l’exploitation des performances des centrales.
Ce premier projet, qui s’inscrit dans le cadre du plan solaire national, sera réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé entre l’Agence marocaine pour l’énergie solaire (MASEN) et l’opérateur privé qui sera chargé de la conception, la réalisation et l’exploitation de la centrale pendant 25 années, à travers la création d’une société de projet basée au Maroc et dont le capital sera détenu à hauteur de 25% par le MASEN.
Les financements de ce projet sont concessionnels avec des conditions assez attractives pour le Maroc d’autant qu’il a été imposé aux développeurs une intégration industrielle d’au moins 30% dans le cas de ce premier projet. Le site d’Ouarzazate, d’une superficie globale d’environ 33 km², soit 3 300 ha, est situé à 7 km au nord-est d’Ouarzazate, sur la route P32.
Une piste aménagée de 4 km au nord de la route nationale P32 mène directement au site.
Ce site se trouve à proximité du barrage Mansour Eddahbi (4 km) dont la capacité de stockage est de 439 hm3. Les ressources en eau de ce barrage confèrent à ce site un avantage en terme de rendement, et ce, en permettant l’optimisation du circuit de refroidissement du cycle par l’adoption d’une solution mixte voie humide-voie sèche. L’énergie produite par la centrale pourra être évacuée sur le poste 225/60 KV d’Ouarzazate qui se trouve à proximité de la centrale. Le site d’Ouarzazate dispose d’un accès à un réseau d’alimentation en gaz naturel.
À cette occasion, le président du directoire de la Moroccan Agency For Solar Energy (MASEN), Mustapha Bakkoury, a prononcé une allocution devant le Souverain dans laquelle il a présenté l’état d’avancement du plan solaire marocain, les étapes clés du processus de développement de la première centrale du complexe solaire d’Ouarzazate et les perspectives d’avenir.
M. Bakkoury a, ainsi, indiqué que la réalisation de cette première centrale, d’un coût de 7 milliards de dirhams, est l’expression concrète de la priorité majeure qu’accorde S.M. le Roi au développement des énergies renouvelables, comme moyen optimal permettant au Royaume de répondre aux défis de la sécurité d’approvisionnement en énergies, de la préservation de l’environnement et du développement durable.
Il s’agit d’une étape importante dans la mise en oeuvre des grands projets d’énergies renouvelables, initiés dans le cadre de la stratégie énergétique du Maroc qui fait du développement de ce type d’énergie et de l’efficacité énergétique une priorité nationale, a-t-il précisé.
Par la suite, S.M. le Roi a présidé la signature de neuf conventions relatives au financement, à la réalisation et à l’exploitation de la première centrale du complexe solaire d’Ouarzazate. Le président du directoire de MASEN a, à cette occasion, remis à Sa Majesté le Roi un ouvrage intitulé «l’Atlas solaire du Maroc».
Cette cérémonie s’est déroulée en présence notamment du chef du gouvernement, des présidents des deux chambres du Parlement, de conseillers de S.M. le Roi, de membres du gouvernement et des représentants des États et institutions internationales ayant apporté leurs contributions au financement de ce grand projet.
Le complexe solaire d’Ouarzazate est «une étape importante pour le succès du Plan solaire méditerranéen», a affirmé le vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Philippe de Fontaine Vive, à l’occasion de la signature, lundi à Marrakech, des documents relatifs au financement, à la construction et à l’exploitation de la première centrale de ce Complexe solaire, sous la présidence de SM le Roi Mohammed VI.
«Ce projet représente un signal fort pour un avenir plus vert sur le plan du développement technologique, économique et énergétique ainsi qu’en matière d’emploi+, a indiqué M. Fontaine Vive.
«En tant que chef de file des institutions financières européennes participant à ce projet, la BEI est fière de pouvoir apporter son financement, mais aussi l’expertise technique qu’elle a acquise dans toute l’Europe et pour toutes les sources d’énergie renouvelables», a-t-il ajouté. Pour sa part, l’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne au Maroc, Eneko Landaburu, a indiqué que l’UE et le Maroc partagent des possibilités et des contraintes similaires dans le domaine de l’énergie, d’où «l’importance de favoriser l’intégration progressive de nos marchés énergétiques respectifs ainsi que le développement concomitant des énergies renouvelables».
«Aujourd’hui, grâce à l’aide non remboursable de sa Facilité d’investissement pour le voisinage et au prêt de la BEI, l’UE soutient avec force le premier projet emblématique du Plan solaire marocain», a-t-il dit.
De son côté, Norbert Kloppenburg, membre du directoire de Banque allemande de Développement (KFW) a affirmé que la réalisation de cette centrale électrique solaire permettra la diffusion au Maroc d’une technologie à faible intensité de carbone et respectueuse du climat, ajoutant que ce projet contribuera aussi à la réduction de l’indépendance du Maroc à l’égard des importations d’énergie.
«Avec cette centrale, nous franchissons un grand pas vers la concrétisation de l’ambitieux projet consistant à doter bon nombre des pays d’Afrique du Nord de sources d’énergie renouvelables», at-il déclaré.
Le complexe solaire d’Ouarzazate, le premier mis en ?oeuvre en Afrique du Nord, bénéficie d’un important soutien européen de 345 millions d’euros, soit plus de la moitié du coût total du projet.

Rédaction/Agence

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