Energie

La photosynthèse comme source d’énergie

Les végétaux à l’appel

L’énergie solaire est la source d’énergie primordiale sur terre. Sa transformation fournit l’énergie chimique assurant le développement de la très grande majorité des êtres vivants. Les énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon – n’en sont ainsi que des produits dérivés. La récupération, la transformation et le stockage de l’énergie solaire de manière efficace présentent un défi de taille mais seraient-ils la réponse idéale aux besoins énergétiques actuels?

Les systèmes photovoltaïques permettent de récupérer cette énergie et de la transformer en électricité. Mais cette dernière forme d’énergie présente le l’inconvénient d’être difficile à stocker.
Les processus chimiques naturels ont depuis longtemps maîtrisé l’énergie solaire au travers du processus de photosynthèse. L’idéal serait de récupérer directement l’énergie produite par photosynthèse à l’intérieur des végétaux. Ou alors, il faudrait pouvoir copier ce processus que des milliards d’années d’évolution ont perfectionné afin de pouvoir convertir l’énergie solaire en énergie chimique, sous forme d’hydrogène, plus simple à stocker que l’électricité. Dans le processus de photosynthèse, l’énergie solaire est utilisée pour décomposer l’eau et produit des molécules de dioxygène, des protons et des électrons. Pour produire un courant électrique, il s’agit alors de récupérer les électrons produits par la réaction. C’est ce qu’une équipe de Stanford University a réussi à faire à l’aide de nano-électrodes d’or. Une nano-électrode est piquée à l’intérieur d’une cellule d’algue.
L’exercice consiste, d’une part, à créer une électrode assez petite pour être introduite dans une cellule et, d’autre part, à perforer la cellule et à maintenir l’électrode en place sans entrainer la mort de l’algue. Une fois en place, cette électrode a permis de capter directement les électrons produits au sein des usines énergétiques des cellules végétales que sont les chloroplastes.
Cependant l’exercice ne s’est déroulé que sur une cellule unique et le courant obtenu est extrêmement faible : un picoampère.
Pour être efficace, il faudrait pouvoir améliorer la récupération des électrons au sein des cellules et multiplier le nombre de cellules asservies par environ mille milliards.
Sans oublier qu’il se pourrait que ce « vol d’énergie » soit aussi à l’origine de la mort prématurée des cellules. Les auteurs sont pourtant confiants. Ils estiment que cette méthode permettrait de produire potentiellement plus d’énergie à partir des plantes que via la combustion. Si ces résultats mettent en évidence la possibilité de récupérer l’énergie directement à la source, d’autres chercheurs se proposent de mimer les structures naturelles afin de reproduire le processus de photosynthèse.
Reproduire artificiellement les structures
L’évolution a produit des structures qui rendent le processus de photosynthèse très efficace : pourquoi ne pas les copier ?
Dans une feuille, les différentes structures ont pour but de guider l’énergie solaire vers les chloroplastes où elle sera transformée, en assurant un excellent rendement. Le développement des nanotechnologies permet aujourd’hui d’avoir une approche bottom-up de la construction de ces structures, c’est-à-dire de jouer aux légos avec la matière et de construire, morceau par morceau, la structure. Les méthodes d’imagerie et de caractérisation permettent d’obtenir les plans. L’avantage que possède le chercheur est qu’il peut choisir les matériaux qu’il utilise alors que les matériaux biologiques existent en variété limitée.
Dans une première tentative de production d’une feuille artificielle inorganique, des chercheurs chinois ont injecté de l’oxyde de titane dans la feuille d’une plante, se servant de la feuille comme d’un moule. Ils ont ainsi obtenu une structure huit fois plus productive en hydrogène qu’avec la même quantité de dioxyde de titane non mis en forme. En recouvrant la feuille de platine, ils ont multiplié la productivité de la structure par 10. Ces résultats ont été présentés en mars dernier au 239ème National Meeting de l’American Chemical Society qui se tenait à San Francisco. Copier la structure entière peut sembler être un bon moyen de copier le processus permettant de récupérer l’hydrogène qui alimentera les piles à combustibles. Cependant, il est aussi envisagé de reproduire uniquement le processus chimique de décomposition de la molécule d’eau.
Copier les mécanismes chimiques
Une équipe du Massachussetts Institute of Technology (MIT) a proposé une nouvelle méthode pour réaliser la dissociation de la molécule d’eau en utilisant l’énergie solaire.
Ils ont ainsi reproduit la réaction ayant lieu lors de la photosynthèse sans utiliser les mêmes matériaux que ceux utiliser dans la nature. Quoique. Ils se sont en effet servis d’un virus sur lequel sont capables de se fixer des matériaux catalytiques (l’oxyde d’iridium) et des pigments biologiques. Le tout est ensuite inclus dans une matrice de micro-gel créant un enchevêtrement permettant d’assurer le déroulement de la réaction. Les pigments captent l’énergie lumineuse, les catalyseurs assurent la réalisation de la réaction.
Le virus sert d’échafaudage maintenant les composants de la structure et assure aussi les transferts d’énergie tel un câble .
Cependant, cette structure ne permet pour le moment que d’assurer la partie la moins intéressante de la
réaction : la production de dioxygène via l’oxydation de la molécule d’eau. Il reste à faire évoluer la structure afin d’assurer la recombinaison du proton et de l’électron produits pour obtenir les atomes d’hydrogène. Un autre inconvénient de la structure est lié au coût de l’iridium. Pour envisager une application industrielle, il sera nécessaire de trouver un autre catalyseur moins cher.
S’attendent de ce procédé une efficacité supérieure à celle obtenue par la photosynthèse naturelle.
Les structures naturelles proposent des solutions aux problématiques actuelles, notamment dans le domaine de l’énergie. Les capacités d’analyses, de compréhension et de reproduction des structures et réactions observées à l’échelle moléculaire ont atteint une maturité suffisante pour ouvrir de nouvelles perspectives. L’intensité des recherches menées afin de maitriser la photosynthèse en est l’exemple.

Tags
Montrer plus

Articles connexes

Close