Energie

Demande des produits pétroliers

Attraction des compagnies pétrolières au Maroc

Personne n’ignore l’importance des ressources énergétiques dans le développement économique et social. Le Maroc, n’étant pas encore producteur, opte pour une politique pétrolière qui prêche l’ouverture et la rationalisation, afin de transiter vers un système énergétique plus sûr et à des tarifs compétitifs.

La commercialisation de l’énergie pétrolière au Maroc relevait auparavant de la compétence d’un opérateur en situation de monopole : la Société anonyme marocaine de l’industrie du Raffinage (Samir), qui desservait ainsi presque 90% du territoire national, le reste étant desservi par des entreprises locales de distribution. Cependant un évènement majeur a démontré aux pouvoirs publics la nécessité de diversifier les sources d’importation et d’approvisionnement en produis pétroliers.
Le secteur énergétique marocain s’est ainsi orienté vers une stratégie d’ouverture pour son développement. Cette stratégie d’ouverture avait déjà commencé par la politique de privatisation qui s’était traduite par la cession de 67% du capital de la Samir au groupe saoudien Corral Petroleum, en 1997. Les détracteurs de la privatisation de la Samir estimaient que cette mesure avait causé à court terme la suppression d’emplois et avait amplifié le dumping social, mais certains responsables de la Samir déclarent, que la privatisation a permis de sauver l’outil de raffinage et a eu des effets positifs.
La Samir, réputée spécialisée dans le raffinage, stockage et la distribution des produits pétroliers, fait, en terme de compétitivité, état de sa situation à travers son bilan financier de ses activités en 2010-2011. Elle indique avoir été impactée par les tensions observées sur le marché pétrolier, qui marque une baisse significative de la marge de raffinage, amplifiée par la dépréciation du dollar. Plusieurs actions ont été mises en place pour soutenir l’adaptation d’une nouvelle stratégie opérationnelle favorisant la fabrication de produits à forte valeur ajoutée. Elle compte également réduire les coûts d’amélioration de l’efficacité énergétique, et orienter une partie de la production vers l’export, en raison des importations excessives dépassant le déficit structurel.
Les résultats financiers disponibles à ce jour dévoilent une situation commerciale en contraste avec
les performances économiques. Au cours du premier semestre 2011, le raffineur a réalisé un chiffre d’affaires de 22,8 milliards Dh, en hausse de 32% par rapport à l’exercice précédent sur la même période. Cette amélioration notable résulte, d’une part, de l’augmentation des ventes globales de la société, en hausse de 6%, à 3,4 millions tonnes, par rapport au premier semestre 2010, plus particulièrement celles des biens et services (25%) d’une part, et l’orientation stratégique de la production vers des produits à forte valeur ajoutée d’autre part. L’EBITDA, ressort ainsi en hausse de 30 %, passant de 645 millions Dh à fin juin 2010 à 841 millions DH à fin juin 2011. Si la performance commerciale est au rendez-vous, il en va tout autrement des performances économiques et industrielles de la société. Alors qu’ils avaient été arrêtés, à fin juin 2010, à respectivement 740 millions DH et 429 millions DH, le résultat d’exploitation et le résultat net terminent le premier semestre 2011 en net recul, accusant des baisses respectives de 36 et 44%, à 472 millions Dh et 241 millions DH. Le top management de Samir regrette en fait un environnement économique fortement marqué par les tensions manifestes du marché pétrolier, lesquels se répercutent négativement sur le niveau des marges de raffinage.
Le résultat financier ressort à quelque 172 millions Dh, en amélioration de 35% ( 268 millions Dh au premier semestre 2010), sous l’effet conjugué de la bonne maîtrise des charges financières et d’une meilleure couverture des risques. L’articulation entre bons résultats commerciaux et faible performance
économique a été lors du premier semestre 2011, défavorable à la profitabilité du raffineur marocain. L’augmentation du chiffre d’affaires, aussi substantielle qu’elle soit, semble ne pas pouvoir résorber la baisse des résultats économiques et financiers constatés. Malgré tout, ces contreperformances économiques n’affectent en rien le rythme d’avancement des investissements de la société. La modernisation des unités productives du raffineur est accomplie en ce qui concerne le projet de construction de la nouvelle unité de production de bitume et avance à un rythme satisfaisant dans le cadre du projet de construction de l’unité de distillation (85% de réalisation). Rappelons
que l’année 2010 a été marquée aussi par le démarrage de l’unité Hydrocraking, avec une production de 36.000 barils par jour, l’exploitation intégrée et la synergie du nouveau complexe avec les installations existantes, permettant ainsi une amélioration notable de la productivité.
Enfin, les négociations sur les conditions de mise en oeuvre du programme de restructuration des dettes de la Samir arrivent à terme. Il pourrait à la lumière de cette nouvelle donne améliorer sa situation financière, et par voie de conséquence, aborder les futurs soubresauts du marché pétrolier avec plus de sérénité et moins de contraint. En effet, la politique d’ouverture du marché pétrolier semble être un facteur d’attractivité du Maroc pour d’autres compagnies pétrolières. L’ouverture du marché énergétique constitue donc un changement sans précédent dans un secteur dominé depuis longtemps par le monopole de la Samir. L’investissement direct étranger dans le secteur énergétique aura des effets positifs pour le consommateur marocain à travers la réduction des prix de consommation, en bénéficiant d’un rapport qualité-prix et d’un approvisionnement plus sûr.

Mohamed Mehdi

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