EconomieReportage

La céramique face aux handicaps qui la pénalisent

APPAREMMENT, les secteurs productifs marocains peinent à réussir leur mise à niveau et affrontent une multitude de problèmes. Le secteur de l’industrie de la céramique n’est pas en reste. L’épreuve de la mondialisation ne sera pas si facile pour les céramistes marocains. Le coût élevé de l’énergie, la mise en application des accords de libre-échange et la concurrence déloyale de certains importateurs : tels sont les maux dont souffre le secteur des industries céramiques au Maroc.

Le secteur de la céramique revêt une grande importance vu l’utilité et les besoins qui en font appel et qui le lie étroitement au bâtiment. Cette industrie englobe dans sa conjecture la fabrication des carreaux en céramique, les articles sanitaires et les produits à usage domestique. Elle a fait générer une valeur ajoutée de 731 de millions de DH, chiffre qui reste en deçà de sa capacité de production. Aujourd’hui, le secteur de la céramique est confronté plus à une concurrence démesurée tant au niveau local qu’international. Le démantèlement douanier et la mise en application des différents accords de libre-échange mettent à l’épreuve tout le secteur et imposent une mise à niveau urgente. Sachant que nos professionnels n’ont pas encore acquis les techniques de l’ouverture du pays sur d’autres avenants.

Le manque de contrôle au niveau de l’importation des produits céramiques, la mise en application des accords de libre-échange, notamment celui signé avec la Turquie, et le manque de soutien étatique,plusieurs handicaps pénalisent la céramique au Maroc. Il s’agit essentiellement du coût de l’énergie. Ainsi,dira-t-on notre pays s’est lancé imprudemment dans une ouverture dont il n’y a pas la maîtrise.

La mise à niveau du secteur dépend catégoriquement du coût élevé de l’énergie thermique, dans la mesure où un tel coût pénalise la compétitivité des entreprises marocaines. A signaler que le Maroc reste le seul pays de la région méditerranéenne qui utilise le propane pour la fabrication des articles en céramique. Dans d’autres pays, les industriels de la céramique utilisent le gaz naturel, beaucoup moins cher.

En fait, le coût de l’énergie représente 30% du prix de revient; ce qui constitue une grande contrainte pour le développement du secteur.

On ne peut exclure la présence d’anomalies dans l’exercice du métier qui relèvent du «dumping» exercé par certains importateurs profitant du manque de contrôle et de système de régulation. Ces produits importés constituent 30% de la consommation nationale pour les carreaux.

Le démantèlement des droits de douane sur l’industrie représente également une menace. Les professionnels estiment qu’ils ont besoin de plus de temps, ainsi que d’un soutien étatique pour renforcer leur compétitivité et relever les défis de cette ouverture sur le marché mondial. La proximité de l’Espagne, qui est un producteur mondial de céramique, dérange de fait les industriels locaux. Mais l’optimisme des professionnels reste d’affiche parce qu’ils comptent sur le présent gouvernement de faire sortir le secteur de l’impasse où il se cale.

Actuellement, la céramique industrielle demeure concentrée entre les mains de 40 entreprises employant quelque 6.000 personnes et contribuant à hauteur de 223 millions de DH aux exportations industrielles nationales. C’est une industrie qui jouit de plusieurs atouts: un management averti et ouvert aux nouvelles technologies, une taille significative des usines, un savoir-faire important et une main-d’oeuvre compétitive. Dans cette conjoncture les entreprises, les associations professionnelles et les autorités de tutelle doivent conjuguer leurs efforts pour élaborer une nouvelle stratégie basée sur une vision claire. Il faut donc prévoir un programme de mise à niveau orienté vers les industries céramiques, soutenir les opérations d’exportation, faciliter l’exploitation des carrières afin de créer une activité d’extraction intense et investir davantage dans le domaine de la formation et la recherche scientifique. Le but étant de garantir au secteur de la céramique une intégration sans obstacles majeurs au marché mondial.

A.Berrada

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