Economie

Casablanca otage d’un transport urbain par bus qui se rebiffe

Les transports en commun sont une composante essentielle de politique urbaine harmonieuse et durable. Casablanca avec une forte croissance démographique et économique depuis les années 1980 s’impose une telle urgence. Les défis de la mobilité urbaine sont devenus plus cruciaux que jamais. M’dina Bus s’engage donc à fournir un service de qualité qui réponde aux exigences des Casablancais. C’est cette mobilité de plus de 7,8 millions de passagers/jour, qui fait lot d’une enquête réalisée par Casa Transport afin de définir sa vision sur la qualité des transports publics dans l’avenir.

Rappelons qu’en 2004 M’dina Bus a eu la charge de gérer ce secteur névralgique et s’engage depuis à fournir un service qui réponde aux objectifs énoncés dans le contrat établit avec le Conseil de la ville. Mais en vain. Et cela nous permet d’évoquer que dans le passé immédiat de cette entreprise sous chapiteau communal les bavures font mention.

Détails.

Dans un rapport intitulé: «Privatisation du transport urbain à Casablanca: 15 ans de pillage pour un service public», l’Association pour la Taxation des transactions et pour l’action citoyenne au Maroc (ATTAC Maroc) est revenue sur la décision de l’établissement de coopération intercommunale (ECI) de Casablanca et Mohammédia de rompre, en février dernier, le contrat qui délègue la gestion du transport urbain dans les deux villes à l’entreprise M’dina Bus. C’est, en effet, l’une des demandes d’ATTAC Maroc depuis 2008.
Le non-renouvellement du contrat liant M’dina Bus à l’Établissement de coopération intercommunale (ECI) de Casablanca et Mohammédia (qui prend en charge le dossier du transport urbain en juillet 2017 en lieu et place du Conseil de la ville de Casablanca) constitue, selon ATTAC Maroc, «une reconnaissance officielle de l’échec total de la gestion déléguée par une entreprise qui a bénéficié de fonds publics en l’absence de reddition des comptes ».

Mais, en se peut de temps qui reste au contrat M’dina Bus de prendre fin en octobre prochain, le Centre de coopération intercommunale (ECI) se bat contre la montre pour mener un dossier enflammé et même redoutable.
Cependant reste-t-il suffisamment de temps pour choisir le futur opérateur, dont (RATP Dev, Alsa ou Chennaoui, s’apprêtent à remporter simultanément le concours et fournir le matériel nécessaire à cette opération ? Il semble que le Conseil de la ville se targuant à débourser 1,6 milliard  dirhams pour l’achat des 700 bus destinés à remplacer le parc actuel se meuve dans l’incertitude.

Cependant revenant aux faits. L’association ATTAC Maroc, assumant sa fibre altermondialiste, déclare dans son rapport que la décision de rompre ce contrat «cache un crime économique commis contre les casablancais depuis 15 ans». Un crime où elle implique également la Banque mondiale à travers «l’octroi des prêts» et «la planification d’un fonds pour suivre le rythme des réformes du transport urbain». Évoquant néanmoins  la situation sociale de M’dina Bus avec ses (3 650 salariés) et d’un «travail dans des conditions humiliantes en violation du droit du travail».

Ceci dit que ATTAC Maroc s’est notamment basée sur un rapport qu’elle qualifie de «choquant», réalisé par la Cour des comptes en 2011. «M’dina Bus bénéficie toujours d’une protection sans précédent, et menace même le Conseil de la ville de poursuite judiciaire», commente l’association.

D’un autre coté, l’audit (pas rendu public) de M’dina Bus, exécuté par le cabinet KPMG, a pour la première fois estimé un préjudice tant réclamé par les décideurs de l’entreprise. Repris dans la presse en juillet 2018, le chiffre qui aurait fuité est de 3 milliards DH de manque à gagner. De quoi ruiner le Conseil de la ville. Laissant dire que «L’entreprise subie une concurrence déloyale, l’indisponibilité des infrastructures nécessaires et le manque de rentabilité suite au dévoiement de certaines lignes à cause des chantiers sans délais fixes. Le montant réel vaut beaucoup plus», explique un dirigeant de M’dina Bus.

Pour sa part le maire de Casablanca, pigidiste d’étiquette, Abdelaziz El Omari, ne s’inclinant pas devant la problématique de disponibilité de fonds et prend à charge l’option de mettre fin au contrat avec la société M’dina Bus, en octobre 2019. Déclarant même  que la mairie a décidé d’investir dans 350 nouveaux bus dont l’appel d’offres a été lancé il y a 2 mois. Reste à savoir sur quelle corde jongle-t-il, est-ce 700 ou 350 bus?

Paradoxe

Cette impasse fait vibrer le vice-président du maire, Mohamed Bourhim, d’obédience RNI, qui a révélé que les nouveaux bus promus par le maire ne seront pas prêts en novembre prochain. De plus, les offres d’achat d’autobus et celles relatives à leur exploitation sont répétées et différées à plusieurs reprises, selon Bourhim. Mais après réflexion, la problématique des transports urbains à Casablanca s’inscrivait d’ores et déjà  dans l’agenda de l’ex-maire Mohamed Sajid, (UC), qui a la charge, lui et ses acolytes, d’une part de responsabilité dans le dossier du transport urbain casablancais. Cela nous fait rappeler une série de «violations», en se référant au contrat de gestion déléguée signée en 2004 par le Conseil de la ville de Casablanca et M’dina Bus. On retrouve notamment le volet relatif à l’exploitation de 70 des 146 lignes spécifiées dans le contrat, soit un taux de couverture de seulement 47%. Cette incapacité de la société à couvrir l’ensemble de la ville est due aux services des trois entreprises privées qui devaient cesser leurs activités en 2009, et qui continuent à exploiter encore treize lignes de bus faisant fi  au  monopole de M’dina Bus. Qui, devant ses obligations contractuelles, liées au programme d’investissement ou à la flotte utilisée en nombre, en durée de vie ou pour le renouvellement, M’dina Bus société n’a pas pu développer un parc de 866 à 1000 bus en achetant 134 bus par an, relate-t-on. Objectif non atteint M’dina Bus ne s’en fiche pas mal. Et partant elle impose individuellement la révision à la hausse des prix du ticket à trois reprises, une autre «violation flagrante» des termes du contrat.

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