Mines Géologie

Sidérurgie

La convoitise de l’acier fait bulle

Si on se confie à une étude lancée récemment par l’OCDE qui affirmait qu’en 2010 «le gros de l’accroissement des capacités de production en Afrique aurait fait de l’Afrique du nord la région africaine où la demande d’acier et les capacités de production ont augmenté en raison de l’évolution favorable de la situation dans certains secteurs, en particulier celui de la construction.

Se basant sur une telle étude le secteur sidérurgique marocain qui souffre depuis quelques années, en référence à sa capacité structurelle, les observateurs et experts dans le domaine ont émis leur réflexion sur la surcapacité de production et à un niveau élevé de stocks. Les effets négatifs de cette situation peuvent être aisément constatés à l’examen des résultats financiers des sociétés intervenants dans le secteur, sur les trois dernières années. Dans ce sens c’est toute l’organisation du secteur, dans ses différentes filières, qui devrait être revue, dans une perspective d’élargissement à de nouveaux marchés qui ne demandent qu’à être soutenus. C’est le cas de la filière métallique et métallurgique, qui peine à émerger, dans un marché pourtant porteur en ces temps de floraison.
Partout sur le territoire national, nous constatons de nouvelles constructions surtout dans la mise en place de charpentes envisagées du moins pour le secteur de la logistique de tous genres. Cette analyse
est d’ailleurs partagée par les ambitions du marché qui font défaut. Une situation qui dénote avec la croissance de la consommation nationale d’acier qui, à titre d’illustration, a réalisé une performance de +108% de croissance entre 1980 et 2010.
Quand on sait que la consommation nationale d’acier s’est établie en 2008, à près de 2,4 millions de tonnes, soit 74 kg par habitant et par an, alors qu’elle ressort à plus de 103 kg en Egypte et autour de 190 kg en Algérie, le Maroc pourrait faire office, aux yeux des sidérurgistes mondiaux, de «petite économie» ou de «petit marché sidérurgiste». Chiffres à l’appui, c’est cette dernière thèse qui semble la plus plausible. En effet, le secteur sidérurgique reste fortement dépendant du secteur des BTP et de
l’automobile, alors que le marché regorge d’opportunités d’investissement encore inexploitées. La filière métallique en est l’exemple le plus illustre puisque, dans la plupart des économies mâtures en matière d’industrie sidérurgique, la construction métallique constitue une filière d’excellence, en termes de productivité, d’innovation technologique, mais aussi de soutien à l’économie. Ce secteur demeure malheureusement non organisé totalement, partant de l’investisseur à l’ouvrier, qui traite directement le métal. Pourtant, elle comporte un certain nombre de marchés relais intéressants, outre le Bâtiment et l’Automobile. Les autoroutes et ports, projets d’assainissement, stations de transport urbain, commerces de bureaux, bâtiments logistiques … etc, sont autant de débouchés réels qui offrent des perspectives de développement indéniables. Par conséquent, si le potentiel de la filière métallique est sous-exploité depuis des années, alors qu’en parallèle, le Maroc a fait du développement de ses infrastructures de base une priorité socio-économique, l’existence de blocages culturels sont manifestes. Si les grandes firmes du marché y veillent déjà depuis quelques années, à l’instar des plus importantes d’entre elles, Sonasid, Maghreb Steel, Moroccan Iron Steel, Ynna Steel, c’est aux autres intervenants de s’y mettre aussi, pour enfin raccorder le développement du secteur à celui de l’économie nationale dans son ensemble. En se fondant sur des exigences de qualité de produit, de capacité d’innovation technologique, de démarches écologiques et, surtout, de forte réactivité aux mécanismes en mouvement à travers le monde, ces acteurs du métier sont, finalement, les plus à même d’amorcer la mutation nécessaire du secteur sidérurgique, dans ses différentes filières et composantes.
Le retard de développement de la filière métallique constitue, à plusieurs titres, un véritable frein économique au développement. La faible utilisation de ce matériau, dans un ensemble de travaux orientés vers les constructions domestiques, rend l’investissement industriel difficile et prive le pays de possibilités d’exportation et d’enrichissement référentiel.

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