Energie

L’option électronucléaire

« le français arrive à tout ce qui est bien, mais il y arrive tard. On commence chez nous à blâmer ce qui est hardi, et l’on finit par l’imiter »Voltaire.. Sauf que pour l’option nucléaire est la France est partie à temps et bien !

Contexte général

Le contexte énergétique requiert aujourd’hui des adaptations indispensables aux nouvelles réalités socio-économiques internationales. La croissance de la population mondiale qui doit passer à près de 10 milliards d’individus à l’horizon 2050, pèsera fortement sur la demande mondiale en énergie et en électricité. La croissance économique des BRIC (Brésil, Russie, Inde, chine) et des autres pays qui suivront va compliquer davantage l’espoir au développement des pays pauvres.
 
Malgré une baisse très nette des programmes d’équipement en centrales nucléaires par rapport aux années 70 et 80 du siècle dernier, on continue à observer dans le monde une croissance de la part de l’électricité produite par le nucléaire et la volonté d’un certain nombre de pays d’augmenter la puissance de leur parc électronucléaire dont notamment les pays asiatiques (le Japon, la Chine, la Corée et l’Inde) ayant construit le plus ces dernières années des réacteurs nucléaires.
 
Si la plupart des pays occidentaux ont arrêté de construire des centrales pour des raisons supposées écologiques ils n’ont pas pour autant arrêté la production, et plusieurs d’entre eux envisagent à l’avenir le renouvellement des capacités actuelles.
 
Au cours de ce 21ème siècle devrait s’opérer un rééquilibrage des énergies dans le monde sous l’effet combiné de la baisse attendue des réserves en hydrocarbures et des prix y afférents, du besoin de tous à pouvoir accéder à une énergie économique, garantie du développement durable, et de l’attention croissante portée à la protection de l’environnement depuis les conférences universelles sur ce sujet.
 
L’énergie nucléaire devrait trouver sa place dans ce rééquilibrage : son combustible (l’uranium) ne connaît pas les mêmes contraintes que le pétrole ou le gaz. Ses réserves sont plus importantes (250 années de consommation en réserve avec les systèmes utilisés actuellement et plusieurs milliers d’années avec de nouvelles technologies), et leur disponibilité n’est pas soumise aux mêmes aléas géopolitiques. Il faut enfin rappeler la stabilité des coûts de production du nucléaire liée au faible prix de la matière première. Le coût du combustible nucléaire ne représente ainsi que 20 % du coût de production actualisé   (contre 60 à 70 % pour le gaz naturel, ces chiffres devant être revus à la hausse pour des raisons évidentes de conjoncture).
 

La tendance à rallonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes s’explique, dans un contexte de marché libre de l’électricité, par le fait que certains électriciens préfèrent investir dans cette option que de s’engager dans des investissements à délai de réalisation relativement long.
 
Par ailleurs, les coûts d’investissement sont beaucoup plus importants pour une centrale nucléaire que pour une unité conventionnelle fonctionnant au charbon ou au gaz naturel. La durée de rentabilisation d’un investissement lourd et les risques importants inhérents au projet (risque commercial, technique, réglementaire ou politique) sont donc, très élevés pour le nucléaire. L’engagement des gouvernements, par une politique volontariste, en faveur de l’option électronucléaire est dans ce cadre un facteur d’appréciation capital.
Quid de notre pays ?
De prime à bord, il conviendrait de souligner que le secteur électrique national, toute activité confondue, se situe au premier rang des secteurs d’infrastructures, qui sont considérés devoir jouer un rôle-clé dans le développement socio-économique du pays.
Le secteur électrique est stratégique d’abord par les investissements hautement capitalistiques qu’il requiert. Il importe de veiller à ce que les sommes considérables consacrées au secteur soient utilisées efficacement et que les résultats obtenus soient à la mesure de l’effort consenti, qu’il s’agisse de la qualité d’électricité effectivement disponible dans le pays ou du rendement économique du capital investi.
Il est stratégique aussi par ses multiples effets notamment sur la valorisation des ressources énergétiques nationales lorsque cela s’avère économiquement rentable (eau et vent essentiellment), le développement des activités productives et l’augmentation de la productivité des activités industrielles et artisanales, l’implantation de petites industries créatrices d’emploi en zones rurales et la croissance de la population agricole, et l’amélioration de la qualité de vie et du bien être des populations rurales.
Il est stratégique enfin par ses effets en amont. Le fait que l’électricité nécessite l’installation continuelle et la maintenance de nombreux équipements de production, de transport et de distribution devrait servir de levier pour promouvoir le développement d’une industrie locale (à l’instar de beaucoup de pays tels que la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, et certains pays latino-américains…) au lieu de se cantonner dans la recherche des productions moins qualifiées et peut être à faible valeur ajoutée (poteaux, câbles, transformateurs,…).

C’est ainsi que le secteur de l’électricité est appelé désormais plus que jamais à jouer un rôle de locomotive du développement et de modernisation tant sur le plan commercial que sur le plan technologique, et il faut être conscient que les exigences d’une économie compétitive dans un environnement mondial en pleine mutation et marqué par la tendance de la globalisation produisant des chocs socio-économiques imprévisibles va soumettre de plus en plus notre économie à une concurrence accrue.

Raisons principales de l’introduction de l’électronucléaire
Nous pensons qu’il doit y avoir au moins trois raisons essentielles pour que les pouvoirs publics s’intéressent particulièrement à l’électronucléaire : l’insuffisance pour le moment des ressources énergétiques locales (1), les incidences négatives des coûts des importations énergétiques (pétrole, charbon et gaz naturel) sur l’économie nationale (2) et la forte croissance de la demande d’électricité (3).
Il serait judicieux de signaler pour une reconnaissance historique que les pouvoirs publics avaient réalisé sous les auspices de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), au milieu des années 80, des études de faisabilité pour l’introduction d’une première centrale nucléaire. Ces études avaient permis de choisir un site pour abriter la première centrale électronucléaire du pays. L’adéquation du site au plan de la sûreté nucléaire avait par la suite été confirmée.
Par ailleurs, les études de faisabilité avaient conclu, à l’époque, que, pour des raisons d’insertion dans le réseau national, la date la plus proche d’introduction d’une première unité de 900 MW, dans le cadre d’un programme d’équipement volontariste favorisant l’introduction de l’option nucléaire, devrait intervenir à l’horizon 2015. Soit.
L’actualisation de cette étude a été dernièrement entreprise et des éléments d’appréciation permettant de confirmer le choix évident de la nécessité de mise en place d’un programme électronucléaire pour la production d’électricité sont disponibles.
Il est aussi évident que l’option électronucléaire reste confrontée à un certain nombre de défis d’ordre juridique, scientifique et technique, financier, écologique ou géographique ; mais nous considérons que notre pays dispose de capacités et d’atouts qui pourraient jouer en faveur de l’introduction de cette option dans de conditions satisfaisantes, à savoir:
un potentiel scientifique, technique et administratif spécialisé dans divers secteurs d’activités nucléaires ;
la capitalisation des études de faisabilité et de préfaisabilité, et l’existence d’un site déjà qualifié par l’AIEA ;
la récente mise en service du Centre d’Etudes Nucléaires de la Maâmora devant constituer un environnement favorable à la consolidation des compétences nationales dans les activités liées au nucléaire ;
un cadre législatif et réglementaire en pleine évolution;
L’ouverture du secteur électrique à des partenaires nationaux et internationaux.

Pour la réalisation des objectifs recherchés par l’utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques, il est proposé les recommandations suivantes :
Parachèvement de l’encadrement juridique et réglementaire devant définir et préciser les obligations indispensables à imposer en matière de sûreté nucléaire ;
Mise en place d’un Organisme de Sûreté jouissant des moyens humains et financiers adéquats et d’une autonomie de fonctionnement suffisante pour lui permettre l’accomplissement de sa mission dans de bonnes conditions, indépendamment des structures existantes;
Définition avec davantage de pertinence et de précision de la politique de coordination devrant présider aux contacts des différents acteurs impliqués dans le nucléaire ;
Mise en œuvre d’une politique nationale en matière du développement nucléaire sur le long terme (20-30 ans minimum) ; car les investissements à réaliser sont lourds de conséquence et leur prise en charge devrait être envisagée avec un maximum de recul nécessaire qu’imposent la rigueur d’une politique budgétaire de l’Etat et la limitation des ressources d’un Etablissement Public;
Mise en place d’un forum permanent de réflexion animé par le biais d’un organe de consultations et de propositions auquel reviendra en particulier la charge de veiller à orienter et à pérenniser les efforts de l’Etat dans sa politique nucléaire et de suivre les débats qui se développent sur cette question au niveau de la scène international e;
Mise à contribution de l’expertise nationale dans la conception, le suivi et l’accomplissement des projets nucléaires.

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