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Pays de la CEDEAO, l’équation de la monnaie unique fait sensation

Les pays d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se sont entendus pour adopter une monnaie unique dès 2020. Quinze Etats dont le Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte-d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Ces 15 pays comptent remplacer le franc CFA et sept devises nationales par l’eco, une monnaie unique qui resterait à connaitre, et qui s’attend à faciliter les échanges entre ces pays. Ce sera l’eco, selon le magazine Jeune Afrique.

Ce nom a fait consensus lors du comité interministériel des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales de la zone, qui s’est réuni lundi et mardi à Abidjan, rapporte le magazine.

Serpent de mer dont on parle depuis 30 ans, la monnaie unique de la Cédéao remplacerait le franc CFA et sept autres devises nationales, qui ne sont pas convertibles entre elles, ce qui ne facilite pas les échanges. La gestion de la monnaie unique devrait être confiée à une banque centrale fédérale et son taux de change devrait être flexible, selon le rapport adopté par le comité interministériel, cité par Jeune Afrique. Les conclusions de ce rapport seront soumises aux chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao lors de leur prochain sommet à Abuja le 29 juin.

Le Nigeria, qui s’était longtemps opposé à la création de cette monnaie unique, semble avoir levé ses réserves, a indiqué le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Adama Koné. « Le Nigeria d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier », a -t-il déclaré aux journalistes. Le Nigeria a exigé des pays de la zone franc une déconnexion du Trésor français, le franc CFA étant arrimé à l’euro.

Les grands argentiers ont insisté sur l’importance de renforcer la convergence macro-économique des 15 pays. « La convergence macro-économique est essentielle« . Le respect du calendrier de mise en oeuvre de la monnaie unique dépendra « des efforts » de chaque pays en la matière, a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, l’Ivoirien Jean-Claude Brou. « Les performances en matière de convergence macro-économique sont une condition sine qua non » pour la monnaie unique, a insisté Adama Koné, ajoutant qu’il fallait « renforcer les mécanismes de surveillance multilatérale« . Une devise unique « va apporter beaucoup à nos économies. C’est une opportunité d’intégration qu’il faut saisir pour les pays africains, car les marchés sont (actuellement) fragmentés« . Il a indiqué que la croissance de la zone Cédéao était attendue à 3,4% en 2019, après 3% en 2018.

Créée en 1975, la Cédéao regroupe aujourd’hui 15 pays* totalisant 300 millions d’habitants, dont 180 millions pour le seul Nigeria, poids lourd démographique et économique de la zone, dont il représente environ 60% du PIB. De nombreux experts sont dubitatifs sur le calendrier annoncé du lancement de la monnaie unique de la Cédéao, en raison des énormes divergences économiques entre les 15 pays, et du chemin restant à parcourir pour une harmonisation.

« On est très loin de la réalité pratique d’une monnaie unique« , a jugé un expert financier ouest-africain interrogé par l’AFP sous couvert de l’anonymat. « Parler de la monnaie unique de la Cédéao présente un bénéfice politique immédiat: cela permet d’éteindre la polémique sur le franc CFA », a-t-il ajouté. Le franc CFA fait l’objet d’une polémique récurrente entre ses défenseurs, qui soulignent sa stabilité, et ses détracteurs, qui l’accusent d’être une monnaie « néo-colonialiste ».

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