L’eau est de nos jours un référentiel à tout développement humain, elle s’infiltre partout, dans l’économie, la géopolitique, l’écologie, la physique et la chimie. Et pas seulement, c’est aussi dans tous les rouages de la vie comme la médecine, la géographie, l’histoire et les arts, en bref elle globalise développement et civilisation. C’est ce que Jean-Louis Chaussade de Suez développement et Maryvonne Pellay de l’Ecole supérieure de physique, ont essayé de résumer dans un opuscule intitulé « Les 100 mots de l’eau » dont ci après extrait.
L’univers des premiers instants n’était formé que d’hydrogène et d’hélium avec une petite pincée de lithium, de béryllium et de bore. Lorsque se forment les galaxies et les étoiles, 400 millions d’années environ après le big bang, il y a 13,7 milliards d’années, les réactions de fusion nucléaire au sein des étoiles donnent naissance à des éléments plus lourds, le carbone se forme à partir de l’hélium, puis l’oxygène par fusion d’un noyau de carbone et d’un noyau d’hélium. L’oxygène, libéré en fin de vie des étoiles, a une grande probabilité de rencontrer de l’hydrogène, élément le plus abondant de l’univers, pour constituer des molécules d’eau, H2O. L’eau, formée dans le milieu interstellaire (dans les étoiles, il fait trop chaud pour que la molécule d’eau soit stable), ne constitue qu’une infinitésimale partie de la masse de l’univers visible, mais c’est suffisant pour que naisse la vie… Sur les planètes ou les satellites dont les conditions permettent à l’eau liquide de subsister. Pas d’eau liquide, pas de vie !
En effet le corps humain est en moyenne constitué de 70% d’eau (95% pour un embryon de trois jours, 75% pour un nourrisson, 70 à 60% pour un adulte, 55% pour une personne âgée). Les cellules en contiennent les deux tiers. Le second tiers se partage entre le sang (3,5 litres) et la lymphe (10 litres), vaste réservoir où les cellules puisent les nutriments et rejettent leurs déchets. Il n’est donc pas étonnant que l’eau, encore plus que la nourriture, soit vitale pour l’homme qui peut survivre sans boire. Une perte d’eau de 15% lui est fatale. La déshydratation rend le sang plus visqueux, donc moins facile à pomper, le cœur se fatigue et l’oxygène peine à arriver aux muscles pendant l’effort. La sensation de soif est une alerte, le premier signal que le cerveau envoie lorsque les réserves d’eau de l’organisme sont insuffisantes. Une soif chronique entraîne un vieillissement prématuré des cellules par déshydratation.
Eau de mer
Toutefois, les mers et les océans représentent un volume d’eau de plus en plus de 200 000 fois la consommation annuelle mondiale d’eau. Pendant 90% de son histoire, la vie a évolué dans les océans. Hélas, l’eau de mer est impropre à la consommation humaine. L’ingestion d’eau salée entraîne, par un effet d’osmose, une accumulation de sel dans le sang et dans les reins. À long terme, la quantité d’eau nécessaire pour que les reins éliminent le sel est supérieure à l’eau ingérée et ce sont les cellules qui fournissent la leur. Elles finissent par mourir de déshydratation, suivies par les organes puis par le corps entier. On ne peut pas boire l’eau de mer mais son évaporation reste la principale source d’eau douce. Les océans occupent 72% de la surface de la planète et contribuent pour 86% à l’évaporation totale. Un dixième de l’eau évaporée des océans, entraîné par les nuages sur la terre ferme, y retombe en précipitations qui ne sont pas perdues pour les êtres vivants.
Outre le sel, l’eau de mer contient des traces de presque tous les éléments chimiques naturels. La salinité moyenne de l’eau de mer est de l’ordre de 35 grammes par litre (jusqu’à 270 pour la mer Morte). Les eaux de surface les plus salées sont aux latitudes tropicales où l’évaporation est intense et les pluies rares. Ce qui nous incite à se demander est-ce que le dessalement de l’eau de mer peut-il devenir une solution alternative pour pallier la rareté future de l’eau ? C’est sûrement plus qu’un rêve si la réalité économique et la qualité écologique des eaux le permettent. En effet, la capacité d’auto-épuration de l’eau de mer par le plancton a été surestimée, et la pollution des océans par les activités humaines devient préoccupante.
Basma Filali