A PEINE 0,38% dans la production mondiale. Un chiffre d’affaires de 448 millions DH en 2006. Et qui continue à végéter à ces contours. Le marché est constitué à 50% d’importation. «Le secteur des pierres dimensionnelles n’a pas encore acquis l’importance qu’il devait par rapport à d’autres secteurs industriels, malgré le potentiel de ressources marbrières dont regorge le sous-sol du pays». Les conclusions de Euro Maroc Entreprise (EME), programme de développement du secteur privé, financé par la Commission européenne dans le cadre du Meda, sont sans équivoque. Le Maroc est loin des pays producteurs de marbre. A noter que la Chine, avec une production de 16,8 millions de tonnes, occupe la première marche du podium et l’Egypte, la 5e place avec un peu plus de 6 millions de tonnes. La production mondiale s’élevant à 55 millions de tonnes. Ici comme ailleurs, l’activité industrielle de la pierre dimensionnelle repose sur trois principales sources de création de valeur ajoutée: extraction de blocs et valorisation du marbre dans les carrières; transformation en tranches et carreaux; débitage de pièces sur mesure, prêtes à l’utilisation. Si l’on en croit les dernières données, le Maroc occupait une position relativement négligeable avec une production totale en blocs bruts estimée à 208.000 tonnes, soit 0,38% de la production mondiale. Près de 146 structures opèrent dans la pierre dimensionnelle au Maroc, mais une petite poignée seulement peut se prévaloir de statut d’entreprise structurée. Globalement, elles sont de petite taille et travaillent encore le marbre avec des techniques héritées d’une vieille tradition d’artisans et leur production est destinée au marché local. Par exemple, la taille moyenne des entreprises marocaines significatives est beaucoup plus petite par rapport à la taille de celles des pays marbriers forts comme l’Italie (2e rang mondial avec plus de 10 millions de t/an), aussi bien dans la phase d’extraction (4.000 t/an contre 25.000 t/an) que celle de la transformation (35.000 m2/an contre 400.000 m2/an). Il n’empêche qu’elles se sont toutes positionnées à la fois sur l’extraction, l’importation, la coupe, la finition, la pose et la commercialisation Seuls les opérateurs nouvellement installés (peu) ont mis en place des process de spécialisation. En dépit du boom immobilier de ces dernières années et le grand potentiel du marché du marbre, la valorisation de ce matériau reste encore peu significative. Le niveau d’investissement est faible, comparé aux autres filières industrielles de même nature comme la cimenterie et la céramique. Les faiblesses de l’industrie du marbre sont de tous les ordres. «Aucun dispositif juridique dédié à l’activité d’extraction avec règles déterminant par exemple la durée des concessions ou des permis d’exploitation des carrières», déplore un professionnel. L’obtention des droits d’exploitation est encore assimilée à un parcours du combattant. Quand elles existent, les cartographies techniques de localisation des «mines» sont peu disponibles. L’absence d’infrastructures sur et vers les sites d’extraction est criarde: eau, éclairage, routes… Le coût du transport, rendu encore plus cher avec un carburant onéreux. En outre, les coûts des investissements de rénovation technologique sont aussi jugés élevés. Le secteur traîne une réputation de gouffre capitalistique. La taille moyenne des usines est trop petite, en comparaison avec les usines de cette catégorie dans les pays à forte production marbrière (Italie, Espagne, Turquie…). A cela s’ajoute une main-d’oeuvre peu qualifiée, un outil de production obsolète dans nombre de structures et des pièces de rechange et autres fournitures à des prix élevés. Les professionnels montrent du doigt aussi l’absence de support technique extérieur, notamment laboratoire de caractérisation, station d’essai, écoles de formation professionnelle, études d’ingénierie pour les projets d’extraction et de valorisation… La capacité totale de transformation au Maroc est évaluée entre 1,5 et 2 millions de m2/an à la fois pour les tranches et les carreaux. Mais la production, elle, est estimée à 45% de la capacité nominale. Ce taux d’utilisation reste de loin en deçà des normes sectorielles des principaux pays marbriers du monde. En cause, «la vétusté des outils de production dans certaines unités, particulièrement celle des châssis», déplore un opérateur. La phase de polissage serait également un frein aux flux de production.
Agence Ecofin