Environnement

Projet de lettre collective d’excuses aux générations futures : Un chemin vers la rédemption

Nous avons tous connu la période du COVID-19, qui a été marquée par des mois de confinement et l’obligation du port du masque partout où nous allions. A l’époque, nous étions privés d’un droit naturel : Respirer librement l’air frais. Qui parmi nous n’a pas secrètement eu l’envie de retirer ce masque, ne serait-ce que pour un instant, afin de retrouver cette sensation simple de l’air sur votre visage.

Aujourd’hui, les jours sombres de la pandémie sont derrière nous, mais cette sensation d’étouffement, de ne pas pouvoir respirer librement l’air, ne vous revient elle pas à l’esprit de temps en temps ? Imaginez maintenant que des gens que vous ne connaitrez jamais, soient contraints de devoir vivre avec ce sentiment pour le restant de leur vie, non pas à cause d’un virus, mais à cause de nos actes collectifs : Pollution, réchauffement climatique et dégradation de l’environnement.

Ce qui inquiète le plus, c’est que tout cela n’est que la partie visible de l’iceberg. Les générations futures paieront sûrement le prix de nos pulsions, de nos désirs effrénés pour des technologies compétitives, alimentées par la course aux minerais stratégiques tels que le cobalt, le lithium ou les terres rares.  Ces ressources sont devenues sources de tensions géopolitiques, car elles sont essentielles pour notre transition énergétique, comme les batteries pour les véhicules électriques et les panneaux solaires. La demande mondiale pour certains de ces minerais, d’ici 2030, pourrait être multipliée par quatre.

Nous sommes tous conscients de cette problématique et nous travaillons sans relâche pour réduire notre empreinte écologique. Mais est-ce suffisant ? Je me pose souvent cette question, car je suis ingénieure en mines, formée pour rechercher et exploiter les ressources naturelles, mais en même temps, je suis passionnée par la beauté de la nature. Ces deux facettes de ma vie ont souvent créé en moi ce sentiment de devoir mieux faire, et de ne pas me contenter de l’existant.

En Août 2023, j’ai fait un voyage à Bali, non pour avoir des réponses, mais plutôt pour me reconnecter à la nature. Je suis partie sans plan précis, juste pour vivre pleinement chaque instant tel qu’il se présente. Une nuit, j’ai décidé d’escalader le mont Batur, pour contempler le lever du soleil depuis le sommet. Vers 5h du matin, après une ascension mouvementée, j’ai retrouvé enfin le sommet. Là-haut, l’air était pur et glacial. J’ai pu voir de loin, un ciel infini et un soleil encore timide à cette heure-ci.

Assise là, un petit café à la main, je regardais les champs de différents légumes qui s’étendaient à perte de vue du volcan. Le ciel dégagé laissait entrevoir de loin la pointe Est de l’ile Java, dont le gisement de soufre le plus connu est celui du volcan « Kawah Ijen ». Ce soufre est utilisé principalement dans la fabrication de l’acide sulfurique et dans les industries agroalimentaires et pharmaceutiques. Je me suis demandée : les balinais sont chanceux de vivre sur une ile où la nature prime sur les exploitations minières. Qu’en est-il des autres régions du monde ? Avons-nous fait suffisamment d’efforts pour que notre ruée vers les minéraux, essentiels pour notre développement, ne compromette pas le monde que nous laisserons à ceux qui viendront après nous ? Avons-nous fait suffisamment d’efforts pour atténuer les risques de pollution et les impacts du changement climatique ?

Je me suis aussi posée cette question cruciale, : Que vais-je dire à quelqu’un du futur, qui pourrait porter un masque à cause de notre passivité ? ressentirais-je de la fierté ou de la honte ?

Nos besoins pour les ressources naturelles sont immenses, car les smartphones, les voitures électriques ou les infrastructures de stockage d’énergie requièrent des quantités importantes de minerais stratégiques, sans lesquels la transition énergétique ne sera qu’un rêve lointain. Toutefois, ces minerais sont épuisables et leur extraction a un coût écologique très élevé. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la demande en certains minerais pourrait augmenter de 600% d’ici 2030.

Face à cette réalité, j’ai lancé l’initiative « Mining Future ». Mon objectif est de créer, à partir d’un livre sous forme de lettre collective d’excuses aux générations futures, une prise de conscience globale. Ce livre n’est pas seulement mon histoire, c’est notre histoire à tous. Chacun de nous a un rôle pour changer le cours de notre avenir, en écrivant sa propre lettre de réflexion ou d’excuses adressée aux gens qui viendront après nous. Vos mots, vos histoires et votre engagement représenteront des contributions précieuses à ce livre collectif, qui traduira également, l’esprit de travail en groupe, entre des personnes qui ne se connaissent pas mais qui collaborent ensembles pour améliorer l’avenir de ceux qu’ils ne connaitront jamais.

Les bénéfices de cette publication (s’il y en a) seront intégralement dédiés à financer un projet de reforestation à but non lucratif, et dont l’emplacement sera défini à des stades avancés de l’écriture de ce livre. Planter des arbres n’est pas uniquement un geste symbolique qui compense notre quête des ressources naturelles ou une simple manière de dire « désolé », mais plutôt un acte de rédemption pour avoir dégradé notre environnement. Cette initiative est un appel sincère à unir nos forces et à intensifier nos efforts pour un avenir durable aux futures générations.

Nous avons tous une part de responsabilité. Ce n’est pas une personne ou un pays qui est à blâmer, mais toute l’humanité. Reconnaitre nos erreurs est déjà un grand pas pour amorcer le changement.

C’est pourquoi je veux écrire cette lettre d’excuses et je vous encourage à y contribuer activement en m’envoyant vos lettres ou réflexions. Ensemble, nous pourrons planter des arbres dans un endroit qui restera témoin de notre résilience. Ces arbres, seront notre manière de dire que nous avons essayé, que nous avons fait de notre mieux pour assurer un avenir meilleur à ceux qui viendront après nous. Et peut-être, un jour, quelqu’un s’abritera sous l’ombre d’un de ces arbres et saura que cette initiative a été lancée depuis chez nous, le Maroc.
Pour en savoir plus sur cette initiative et pour contribuer par une lettre d’excuse : www.mining-future.com

Par Kawtar OUATIKI, PhD

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