Economie

Investissement,

une cure d’austérité

Le gouvernement marocain, soumis à de sérieuses difficultés, a fini par prendre les premières mesures d’austérité. Ce qui a suscité de violentes critiques des milieux d’affaires.

Face la détérioration de l’économie locale, le gouvernement marocain va opérer des coupes drastiques dans les budgets des ministères, et, surtout, réduire le budget d’investissement. Le gouvernement se résout ainsi à ce qui était dans l’air : opérer une sévère cure d’austérité, en s’attaquant au budget d’investissements publics. Acculé par de mauvais indicateurs au 1er trimestre 2013, il a annoncé sa décision de geler 15 milliards de dirhams sur les 58,9 milliards de dirhams fixés dans la loi de Finances 2013. Suffisant pour soulever la colère du patronat.
Selon le ministre de l’Economie et des Finances Nizar Baraka, cette décision «vise à prévenir l’aggravation du déficit budgétaire». Dans un exposé sur la situation actuelle difficile de l’économie marocaine devant une commission parlementaire, M. Baraka a indiqué que l’exécution durant le 1er trimestre 2013 de la loi de Finances fait ressortir un déficit budgétaire de 16,8 milliard de dirhams (environ 1,6 milliards d’euros), soit près de 2 % du Produit intérieur brut (PIB). En fin d’année, le déficit budgétaire global devrait atteindre 8% du PIB, selon les prévisions du ministre marocain des Finances.
Nizar Baraka a souligné, dans son argumentaire devant les membres de la commission économique du Parlement, que l’objectif de cette mesure «est d’accélérer la mise en oeuvre des projets publics tout en préservant le volume des investissements au même niveau que les années précédentes». Le ministre, dont les propos sont rapportés par une certaine presse, a estimé que cette décision «n’aura aucune incidence sur le taux de croissance, vu que les dépenses allouées ne représentent qu’une partie négligeable des investissements publics et privés».

Réactions violentes
Ce n’est pas l’avis, pourtant, de l’opposition. Le président du groupe socialiste au Parlement, M. Zaidi a qualifié la décision du gouvernement de «violation » de la Constitution. Il a accusé le gouvernement d’avoir adopté cette décision «en catimini» et d’avoir «opté pour la facilité au lieu de chercher des solutions, notamment la lutte contre la rente et la corruption». La réaction de la CGEM (organisation patronale) a été tout aussi critique. Elle estime que cette décision aura des effets négatifs sur les entreprises marocaines. «Les prévisions en termes d’emplois et d’achats de biens d’équipement faites par les entreprises ont été basées sur le budget d’investissement prévu dans la loi de Finances 2013».Une telle mesure aura un impact négatif sur les entreprises, les PME en particulier constate la CGEM.
Les critiques les plus virulentes viennent toutefois des médias. Le quotidien L’Economiste, proche des milieux d’affaires, tire à boulets rouges sur le gouvernement. «Le premier pas à faire consiste à ne plus jamais engager des chantiers ou des commandes qu’on ne peut pas payer, car c’est par là que la crise financière de l’Etat contamine les entreprises», écrit-il

dans son éditorial.
Conclusion, le gouvernement, dirigé par le parti islamiste PJD, a terminé l’année 2012 dans le rouge, avec une modeste croissance de 2,7% et un énorme déficit budgétaire de 7,1%.

A. Berrada

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