EconomieMines Géologie

Hausses et opportunités d’exportations

Le potentiel minier du Maroc promet des revenus importants aux sociétés exploitant les gisements répartis aux quatre coins du pays, pour peu que les couvertures soient bien gérées et que la flambée des cours internationaux soit mise à profit. Une flambée qui encourage l’effort d’exploration et aide à mieux se positionner à l’export.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’exploitation minière marocaine présente encore un potentiel de croissance non négligeable. Le secteur, qui a engrangé 22 milliards de dirhams de chiffre d’affaires à fin 2006, soit cinq milliards de dirhams de plus qu’en 2004, emploie 35.000 personnes et contribue pour 3% du PIB. En participant à hauteur de 20% dans le commerce extérieur, les mines sont à l’origine de 70% des revenus du transport ferroviaire, 75% du trafic portuaire et 30% de la consommation d’énergie. C’est dire si ses effets d’entraînement sur l’économie marocaine sont importants.

L’euphorie des phosphates
Néanmoins, les revenus miniers du Maroc sont dominés par l’extraction de phosphates qui, à eux seuls, ont drainé 15 milliards de dirhams à fin 2006.
Un chiffre d’affaires atteint à la faveur de la vente d’environ 15 millions de tonnes de phosphates. En 2007, la production est restée quasiment stable. Le groupe ne voulant pas inonder le marché, afin de garder le contrôle de l’évolution des prix, un contrôle grâce auquel le leader mondial des phosphates a réussi à porter la moyenne des cours internationaux à 51 dollars, soit une progression de 49% par rapport à l’année précédente. De ce fait, le chiffre d’affaires issu de l’activité phosphates ressort à environ sept milliards de dirhams. En 2008, ce chiffre devrait littéralement exploser, les cours ayant dépassé la barre des 115 dollars et l’OCP comptant porter ses exportations à 16 millions de tonnes.
Et le groupe ne compte pas en rester là. Pour renforcer son contrôle du marché et éviter la montée de nouveaux concurrents, la stratégie de l’OCP table sur la mobilisation d’une capacité de production de 50 millions de tonnes. À ce niveau, il pourrait diriger les variations de prix en fonction de ses intérêts.
Pour mobiliser cette énorme quantité, l’OCP a lancé les recherches pour augmenter la capacité de production de la mine de Khouribga, considérée comme la plus importante au monde, et programmé six milliards de dirhams d’investissement dans la zone de Ben Guérir.

Métaux non ferreux, 26 gisements détectés
À part les phosphates, l’extraction d’autres minerais a généré 7 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2006 grâce à l’exploitation de 18 mines, qui produisent, entre autres, 1,3 tonne d’or, 125 tonnes d’argent, 151.000 tonnes de zinc et 13.000 tonnes de cuivre et de cobalt. L’exploitation des mines ouvertes est dominée par des sociétés privées nationales et étrangères. L’Etat s’étant désengagé de la totalité des sites miniers en cours d’exploitation, a encaissé 770 millions de dirhams l’année dernière au titre de la privatisation de ses exploitations de minerais bruts.
Le groupe ONA est le leader incontesté de cette activité par le biais de sa filiale Managem, laquelle dispose d’une série de sous-structures (CMG, Compagnie minière d’Imiter…) dédiées chacune à l’exploitation d’une mine ou une catégorie de métaux. Le groupe minier de l’ONA a clôturé l’année dernière avec un chiffre d’affaires similaire à celui de 2006 (2,2 milliards de dirhams. À côté de Managem, d’autres opérateurs de référence exploitent des mines ouvertes, à commencer par Zellidja, filiale du groupe émirati Somed, CMT, Samine…

Exploitation minière, l’Onhym détecte, le privé exploite
La concession de l’exploitation des mines au privé n’est que l’aboutissement du processus de recherche minière. En effet, le monopole de la reconnaissance et de la recherche minière préliminaire est l’apanage de l’Onhym (l’Office national des hydrocarbures et des mines). Cette structure, qui se limite à effectuer un rôle d’éclaireur pour les opérateurs miniers, réalise en effet la prospection géologique régionale et sonde le potentiel minier des zones repérées.
Pour accéder à un gisement détecté, les opérateurs s’allient à leur unique interlocuteur public (Onhym) dans le cadre d’une société mixte. En plus, ils lui paient une redevance annuelle sur les quantités produites. En 2007, l’Onhym a perçu 11 millions de dirhams au titre de la redevance minière et 32 millions de dirhams issus de ses participations dans les sociétés mixtes. Ces revenus semblent dérisoires face aux gains énormes que les exploitants pourraient tirer de la flambée des cours internationaux. D’autant plus que l’Onhym dépense 120 millions de dirhams pour assurer sa mission de prédilection, à savoir la reconnaissance minière. L’Onhym a recensé 26 sites qualifiés de prometteurs pour l’exploitation minière. Ces derniers sont répartis dans l’Anti-Altas où sont concentrées les réserves nationales de métaux précieux (or et argent). Les métaux de base (cobalt, zinc, plomb) sont concentrés dans les zones de Marrakech et Guemassa, qui abritent plusieurs sites concédés à l’ONA et à sa filiale Managem. Les roches et métaux industriels (barytine, bentonite, sable siliceux) se trouvent principalement dans les régions du Gharb et aux alentours de Nador. À noter que les dernières recherches ont révélé l’existence de cinq mines d’un potentiel d’exploitation non négligeable dans les provinces du sud. Mais aucun sondage n’a encore été effectué pour connaître avec exactitude leur capacité de production. Le potentiel minier ne saurait tarder à être exploité par les opérateurs du secteur. En effet, Managem accroît ses efforts de recherche dans les régions de Guemassa et Drâa Lasfar. Son concurrent, CMT (Compagnie minière de Touissit), tout aussi actif, finalise son outil de production pour exploiter de nouvelles mines, notamment dans les régions de Midelt et Rhamna. À noter que les budgets de recherche de Managem sont en grande partie destinés à ses exploitations en Afrique. En 2007, le holding minier a lancé des projets de grande envergure à Eteke (Gabon) et dans plusieurs zones en République Démocratique du Congo.

La flambée des cours mal exploitée
L’accentuation des efforts de recherche trouve son origine dans la flambée des cours internationaux des métaux. La profitabilité des exploitations minières a atteint son apogée début 2006. En effet, les cours de tous les minerais ont évolué dans une tendance haussière explosive en 2007. Exemple, le cours de l’étain a progressé de 70% durant les douze mois de 2007. Sans parler de ceux de l’or et de l’argent qui ont pulvérisé des records impensables il y a trois ans. Ce trend, qui ne risque pas de s’estomper durant 2008, ira, au contraire, en s’accélérant. Mais les entreprises minières marocaines ne profitent pas pleinement de la flambée des cours internationaux. Au moment où les opérateurs réalisaient des gains énormes, Managem et les autres exploitants marocains étaient contraints d’honorer des contrats à des cours nettement inférieurs à ce qui se négocie sur les places internationales. En cause, les positions défaillantes prises en couverture de leurs contrats commerciaux pour 2007. En fait, ils tablaient sur une stagnation des cours, alors que le contexte était favorable à la hausse. Résultat, des pertes considérables qui auraient pu tomber dans l’escarcelle de l’ONA et des autres holdings qui contrôlent l’exploitation minière au Maroc. Les dirigeants de Managem, qui n’ont pas retenu la leçon des couvertures défaillantes cause de leurs piètres performances en 2005, ont certes redressé la situation en 2006, laissant entrevoir une reprise à la hausse de leurs indicateurs financiers.

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